Les mégabassines (ou méga-bassines) sont souvent évoqués dans le débat public, mais c’est quoi exactement le problème ?

Depuis quelques années, elles sont devenues le symbole d’un affrontement entre deux visions de l’agriculture, et plus largement de l’écologie. Les mégabassines, ou « réserves de substitution », sont des infrastructures hydrauliques censées répondre au défi croissant de la sécheresse.
Pourtant, elles cristallisent de nombreuses critiques. Des militants écologistes aux riverains inquiets, en passant par certains agriculteurs eux-mêmes, les oppositions se multiplient. Pourquoi ces ouvrages provoquent-ils autant de tensions ? Que leur reproche-t-on exactement ? Et que révèlent-ils de notre rapport à l’eau ?
Dans cet article :
1. À quoi servent les mégabassines ?
Une mégabassine, c’est une immense cuve creusée dans le sol et recouverte d’une bâche plastique, capable de stocker entre 200 000 et 800 000 m³ d’eau. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces réserves ne se remplissent pas grâce à la pluie.
Elles sont alimentées par des pompages opérés dans les nappes phréatiques ou les cours d’eau pendant l’hiver, période jugée « moins tendue » pour la ressource hydrique. L’eau est ainsi stockée, puis utilisée en été pour irriguer des cultures, notamment du maïs, céréale gourmande en eau.
Ce système a été conçu comme une solution d’adaptation au changement climatique : les étés devenant plus chauds et secs, les agriculteurs doivent pouvoir irriguer sans aggraver la pression sur les nappes en période critique. Sur le papier, l’idée est donc de prélever au bon moment pour redistribuer au moment où il faut.
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2. Pourquoi les mégabassines sont aussi critiquées ?
Mais en pratique, le dispositif pose de nombreux problèmes. Le premier concerne le prélèvement hivernal lui-même. Contrairement à ce que prétend la promesse initiale, ces pompages ne sont pas sans effet : ils se font souvent au détriment de nappes déjà fragilisées et de cours d’eau qui ne retrouvent jamais vraiment leur débit naturel.
Des hydrologues ont alerté sur l’absence de données robustes concernant la recharge réelle des nappes, et sur le risque de déshydratation structurelle des sols à moyen terme.
Ensuite, ces infrastructures sont extrêmement coûteuses : plusieurs millions d’euros pour une seule bassine, souvent financée en grande partie par de l’argent public (jusqu’à 70 % dans certains cas).
Or, ces financements profitent à une minorité d’exploitations agricoles, généralement les plus grandes, celles qui sont déjà dans un modèle productiviste, avec des cultures intensives destinées à l’exportation, et pas les petits producteurs.
Cela suscite un sentiment d’injustice chez nombre d’agriculteurs, notamment ceux engagés dans l’agriculture biologique, qui n’ont ni accès à ces systèmes ni les moyens de les financer.
Autre problème majeur : les pertes par évaporation. En été, une bassine peut perdre jusqu’à 20 % de son volume d’eau, exposée en plein air sous une chaleur écrasante. Ce chiffre, variable selon les conditions locales, interroge sur la réelle efficacité du stockage.
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3. Une menace pour les animaux ?
Un aspect moins connu du grand public, mais tout aussi grave, concerne l’impact sur la faune. Conçues sans accès naturel ni pente douce, les mégabassines forment de véritables pièges pour les animaux sauvages. Lorsqu’un oiseau, un renard, un chevreuil ou même un hérisson tombe dedans, il ne peut plus remonter : la bâche glissante et les parois abruptes rendent toute sortie impossible.
Des associations environnementales ont documenté de nombreux cas de morts animales, avec des carcasses retrouvées en fond de cuve, en particulier dans les bassines non clôturées ou mal protégées.
Le problème est connu, mais aucune obligation réglementaire n’impose à ce jour de dispositifs d’échappement pour la faune. En matière de biodiversité, les mégabassines représentent donc un danger direct, en plus d’aggraver l’assèchement des zones humides voisines.
4. Des manifestations contre ces structures
C’est dans ce contexte qu’un mouvement de contestation très structuré s’est développé. En tête, le collectif Bassines Non Merci, né dans les Deux-Sèvres, où plusieurs projets de réserves géantes ont vu le jour ces dernières années.
Rejoint par des organisations nationales comme Les Soulèvements de la Terre ou la Confédération Paysanne, ce mouvement dénonce un système inégalitaire, écologiquement inefficace et socialement délétère.
Au cœur des manifestations : la question du partage de l’eau. Qui y a droit ? Pour quoi faire ? Au profit de quel modèle agricole ? Et avec quelles conséquences pour les générations futures ? Autant de questions laissées sans réponse par les promoteurs du système.
En mars 2023, la manifestation de Sainte-Soline a marqué un tournant. Des affrontements violents ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre.
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5. Des mesures à venir ?
Face à la pression citoyenne, certains projets de bassines ont été suspendus. D’autres continuent, parfois dans une relative opacité. Le gouvernement, quant à lui, affirme que les mégabassines doivent s’inscrire dans des « projets de territoire » concertés, intégrant tous les usagers de l’eau.
Mais sur le terrain, beaucoup dénoncent des décisions prises en amont, sans réel débat public, ni étude d’impact environnemental approfondie.
D’autres solutions existent pourtant : restauration des zones humides, meilleure gestion des sols, adaptation des cultures, récupération d’eau de pluie, ou encore restructuration du modèle agricole pour le rendre moins dépendant à l’irrigation. Ces options demandent cependant du temps, du soutien technique et un changement d’approche, mais elles sont jugées plus résilientes à long terme.
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3 commentaires
Article orienté avec tous les arguments des « antibassinnes »
Et ce sont des réserves de substitution
Ne prenez pas seulement les infos des extrémistes bien pensent pour faire le buz
en quelques mots vous avez fait le tour du problème. ce sont des projets qui avaient fait l’unanimité, tout le monde était d’accord dans cette région même les associations écologistes et c’est seulement quand les écologistes au niveau national se sont emparés du dossier que tout d’un coup les écologistes ont été contre. leur narratif est totalement mensonges, même les experts qu’ils mettent en avant ne font que mentir et ne connaissent même pas la géologie de cette région. ce sont des gens pour qui tous les mensonges sont bons pour justifier leur idéologie et leur idéologie n’a rien d’écologique. peut-être que c’est bassins nécessitent quelques aménagements pour qu’il soit plus favorable à l’écologie mais quand on regarde les projets les garanties, les contraintes fait aux agriculteurs qui utilisent cette eau on voit bien que ceux qui critiquent sont à côté de la plaque
le grand problème c’est justement que vous reprenez le narratif de personnes et d’organisation pour qui tous les mensonges sont bons pour justifier leur idéologie. quand on parle de prélèvement dans une nappe phréatique il faut aussi voir quel type de nappe phréatique est concerné. une nappe phréatique de surface dans du calcaire jurassien. ce n’est pas une vraie nappe phréatique, ça ressemble beaucoup plus à une passoire parce que l’eau qui n’est pas conservé rapidement dans des bassins de substitution, disparaît en quelques heures dans l’océan Atlantique. les nappes se remplissent très vite et en moins de 2 jours elle se sont vidées dans l’océan. essaie justement parce qu’il y a des bassins de substitution que les agriculteurs ne sollicite plus en été la nappe phréatique de profondeur ce qui laisse beaucoup plus d’eau disponible aux autres utilisateurs et notamment au Marais Poitevin qui a vu augmenter son niveau d’eau depuis que c’est bassins existent.
alors tout l’argumentation des écologistes même sur la taille des agriculteurs sur le type d’agriculture et facile à balayer. et et arrêter de donner la parole aux membres de la confédération paysanne c’est peut-être le syndicat le moins représentatif au niveau agricole et un syndicat qui est largement détesté par les autres agriculteurs