Connaissez-vous le concept de « Guerrilla gardening » ? Si ce n’est pas le cas, laissez-nous vous expliquer simplement de quoi on parle.

C’est un terme que vous n’avez certainement jamais entendu. Certains, au fond de la classe, l’ont peut-être déjà entendu au détour d’une conversation, parfois sous le nom de « guérilla jardinière », « green guerrilla », ou encore « guerrilla gardening« .
Mais, concrètement, de quoi parle-t-on et pourquoi vous devriez vous intéresser à cette pratique à la fois bonne pour l’humain, bonne pour la biodiversité, bonne pour les espaces urbains, mais aussi très politique… mais polémique. On vous explique tout.
1. L’industrialisation a-t-elle détruit la biodiversité ?
Dans notre monde, tout va très vite, nous voulons tout tout de suite et les industries veulent toujours plus de profit. Depuis l’ère industrielle, cela peut se traduire par une surproduction et une surconsommation de matériaux et de nourriture, le sur-abattage des animaux, la surpêche, ou encore un appauvrissement en eau à cause du réchauffement de la planète (lié à la pollution humaine notamment) ainsi qu’aux utilisations excessives dans l’agriculture (mais pas que).
Mais, ce ne sont pas les seuls effets de la course à l’industrialisation et au profit humain. Le paysage locatif et immobilier a également beaucoup changé depuis ce temps.
Nous n’allons pas parler des autres multiples effets de cette société de consommation ou encore du réchauffement climatique lié à nos activités humaines (sinon, l’article fera 15000 mots), mais la question de l’urbanisme et du logement est le cœur de notre sujet d’aujourd’hui. Alors, attardons-nous dessus, en particulier.
2. L’exemple des routes
Même si les routes existent depuis bien avant l’invention de la voiture, les routes goudronnées ont gagné en nombre sur les dernières années, à la fois pour gagner du temps (la voiture est le concept même de gagner du temps, se rendre au travail plus vite).
Mais aussi pour fluidifier l’activité humaine (donc se rendre facilement au travail, aux magasins, chez soi, chez les autres, à la gare, etc). Mais, les routes ont un désavantage : elles coupent les forêts en deux, elles empiètent sur la vie végétale et animale sauvage.
« Chaque année dans le monde près de 695 000 km de nouvelles routes sont construits, soit plus de 1900 km chaque jour en moyenne », lit-on ici.
3. Les logements et autres structures humains, en cause ?
Les routes ne sont pas les seules constructions humaines qui empiètent sur la faune et la flore sauvage. Les villes, les immeubles, les quartiers résidentiels, les maisons individuelles, les centres commerciaux… Aussi.
En fait, plus notre vie s’est industrialisée, plus la médecine avance et que la population vit plus longtemps (et que la population mondiale augmente), et plus nous avons eu besoin de nouvelles constructions, dont de logements.
Aujourd’hui, on comprend que la demande de logement est toujours très forte. En France, nous avons plus de 200 000 personnes sans domicile fixe ou sans domicile personnel.
En 2022, il y avait plus de 2 millions de demandeurs pour des logements sociaux tandis que le nombre de HLM est de 5 millions, sachant qu’ils sont déjà presque tous utilisés.
Et les constructions continuent : logements sociaux, magasins et autres structures. « D’avril 2024 à mars 2025, 335 400 logements ont été autorisés à la construction », lit-on ici par exemple. Et, en soi, c’est une bonne chose pour les humains, alors toujours plus nombreux. Mais, ce n’est pas forcément bon pour la biodiversité.
4. Végétaliser les villes, un vrai enjeu de santé publique
« En 2022, 81,51 % de la population totale en France vivrait en espace urbain », lit-on ici. Vivre en ville, c’est donc synonyme de plusieurs choses mauvaises pour la biodiversité et pour les humains : moins de végétaux, plus de chaleur (plus de corps humains qui chauffent, de voitures, moins d’arbres), plus de pollution.
Pour réduire la chaleur en ville, augmenter la qualité de l’air, mais aussi offrir le logement et la nourriture à certains animaux comme les pollinisateurs, essentiels à la vie sur terre (et autres avantages de la végétalisation), mais en ville, il faut végétaliser les rues.
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5. Comment végétaliser les zones urbaines ?
D’après une étude, plus de 20 000 vies auraient pu être sauvées grâce aux espaces verts en ville. Parmi les solutions, il y a le fait de soutenir les plans de végétalisation des villes des élus locaux (notamment chez les écologistes).
Mais, il y a aussi le fait de vivre dans un logement avec jardin (ou parc dans le cas d’un immeuble) et d’y planter des plantes comestibles, fruitiers, légumes, et fleurs, avec accord de la copropriété s’il y en a une.
Il y a aussi les jardins partagés ou jardins communautaires. Ces jardins, parfois perchés sur les toits des immeubles, permettent à des gens de la ville de végétaliser et cultiver des légumes ensemble, dans un lieu commun. C’est une bonne solution pour végétaliser.
6. Qu’est-ce que le guerrila gardening ?
Et, il y a une autre solution, très polémique : le guerrilla gardening. C’est un concept qui a été évoqué par Ophélie Damblé dans son livre « Guerilla Green ». C’est d’ailleurs elle qui nous a donné envie de parler du sujet, au travers d’une vidéo YouTube récente (on vous la met dans l’article).
« Alors même que nos villes regorgent d’espaces non exploités, aucun fruit ou légume n’y pousse. Armée de râteaux, graines et arrosoirs, c’est là qu’intervient la Guerilla Green ! Les activistes non-violents issus de ce mouvement prônent un jardinage politique : il n’est pas question de fleurir des balcons, mais de se réapproprier l’espace urbain, de recréer du lien social et de renouer », peut-on lire chez la Fnac en guise de résumé.
Le guerrilla gardening est un mouvement et une pratique écologique et politique. Globalement, il s’agit d’utiliser le jardinage pour à la fois faire passer un message politique, mais aussi pour faire une action environnementale.
Certains le font via le système du jardin punk, mais généralement, on parle de faire des plantations « sauvages », autrement dit de planter des arbres, des plantes, des plantes comestibles en permaculture, des fleurs dans les villes et plus largement sur les espaces publiques.
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7. Une pratique à la fois écologique, humaine et politique
Cette pratique permet donc de végétaliser les espaces publiques, mais c’est aussi un acte environnemental (il faut végétaliser pour mieux vivre et maintenir la biodiversité, mais la plupart des villes mettent du temps à le faire), et un message politique qui pose la question de la propriété d’une terre et qui surfe sur l’idée du droit à la terre.
Concrètement, cette pratique est polémique car elle est… interdite.
Vous n’avez pas le droit de planter ce que vous voulez dans un parc public ou sur le bord de la route ou encore sur un rond-point. Ce n’est pas à vous, donc vous n’avez pas le droit.
Les personnes qui pratiquent le guerrilla gardening sont donc souvent des activistes, qui occupent notamment des endroits abandonnés. L’idée est de créer une biodiversité riche en ville et de bousculer la question de la propriété privée.
8. Petite histoire du mouvement
Le nom vient évidemment de « gardening » donc jardinage, et de « guerrilla », qui est une « petite guerre » en espagnol. C’est en 1973 que le mouvement a vraiment commencé avec Liz Christy à New York. La ville était pauvre, la délinquance était forte, la végétalisation était inexistante.
Elle a décidé de faire d’un lotissement abandonné de la ville un jardin collectif. Aujourd’hui encore, le jardin existe et porte son nom. Mais, à l’époque, c’était mal vu car interdit.
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9. Une pratique interdite, mais qui pourrait devenir légale
« Vous devez contacter votre mairie pour demander à établir une convention. Sans autorisation, cultiver hors de chez soi peut être considéré comme une privatisation de l’espace public, donnant lieu éventuellement à une destruction des plantations », lit-on ici.
Cependant, le sujet est fort intéressant, et certains demandent même que des lois passent pour permettre à tous de végétaliser les espaces abandonnés et publiques. Et, peut-être qu’un jour, le guerrilla gardening deviendra légal et une norme.
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