Le 26 mars 2022, le ministre de la Santé Olivier Véran a donné le coup d’envoi de la première expérimentation du cannabis médical à grande échelle en France.
La France se délesterait-elle enfin de son conservatisme historique en matière de cannabis médical ? C’est en tout cas ce qu’espèrent certains professionnels de la santé qui estiment que le gouvernement les prive d’un traitement naturel qui a fait ses preuves dans les pays de l’Union Européenne, en Amérique du Nord et en Australie.
Dans cet article :
« Un jour important pour l’histoire de la médecine en France »
Le 26 mars 2022, le ministre de la Santé Olivier Véran s’est rendu au CHU de Clermont-Ferrand pour donner le coup d’envoi d’un grand essai clinique. Objectif : évaluer l’apport du cannabis médical dans un large spectre d’applications thérapeutiques :
- Les douleurs dites « réfractaires » aux autres traitements, notamment lorsqu’elles sont d’origine neurologique ;
- Certains syndromes épileptiques sévères et pharmaco-résistants ;
- Les soins de support en oncologie, notamment pour soulager les douleurs cancéreuses ;
- La spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ;
- Les applications en soins palliatifs.
Après avoir échangé avec le professeur Nicolas Authier, en charge du comité scientifique temporaire sur le cannabis à usage médical, le ministre de la Santé a assisté à la toute première prescription de cannabis thérapeutique pour un patient atteint d’épilepsie. Il a notamment déclaré : « On peut considérer que c’est un jour important pour l’histoire de la médecine en France ». Il a également expliqué que la France ne faisait que s’aligner sur les dernières recherches scientifiques en la matière mais aussi sur « la plupart des pays européens ». Il a par ailleurs concédé « avoir été confronté à des patients qui s’automédiquaient ». Interrogée par France 3 Régions, une soignante du CHU de Clermont-Ferrand a affirmé que certains patients achetaient eux-mêmes leurs fioles, s’approvisionnant notamment en CBD pas cher.
Dans le cadre de cette expérimentation, 3 000 patients français pourront bénéficier de traitements à base de cannabis médical dans les prochaines semaines via 215 structures de référence. « Depuis plus d’un siècle, on utilise des dérivés de l’opium, de la morphine et de la codéine et pourtant, le cannabis n’est pas utilisé jusqu’à présent », a conclu le ministre de la Santé.
L’Académie française de médecine fustige cette expérimentation du cannabis médical
Par un communiqué publié le 14 mars 2022, les Académies nationales de médecine et de pharmacie ont fustigé l’expérimentation lancée par le ministère de la Santé, estimant qu’ « elle déroge aux exigences méthodologiques, sécuritaires et éthiques qui régissent l’évaluation de tout candidat médicament ». En cause notamment : le fait que les essais cliniques sur le dosage du CBD thérapeutique ne soient pas « randomisés » et le choix de produits à base de fleur séchées de cannabis et de produits composés plutôt que de substances pures.
Que pense l’Organisation Mondiale de la Santé de l’utilisation thérapeutique du CBD ?
Depuis le milieu des années 2010, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fait évoluer ses recommandations sur le CBD et le cannabis thérapeutique au gré de ses communiqués laconiques. La page « Cannabidiol » résume la position quelque peu hésitante de l’OMS en la matière. Petite synthèse :
- L’OMS concède que le cannabidiol ou CBD ne provoque pas un phénomène de dépendance et « ne semble causer aucun dommage physique » ;
- L’OMS ne classe pas le CBD en tant que substance soumise à des contrôles stricts sur le plan international que ce soit pour la production, l’approvisionnement ou le transport ;
- L’Organisation explique qu’il appartient aux Etats de définir le statut juridique de la production, de la commercialisation et de l’utilisation du CBD, tout en rappelant que « de nombreux pays ont assoupli les réglementations autour du cannabidiol pour considérer les produits du CBD en tant que médicaments comme l’Australie, le Canada, la Suisse, le Royaume-Uni et les Etats-Unis d’Amérique » ;
- L’OMS énumère des études animales et humaines qui montrent que l’utilisation du CBD pourrait avoir une valeur thérapeutique pour le traitement des crises d’épilepsie et autres affections apparentées.
En conclusion de son communiqué, l’OMS choisit la prudence. En effet, l’Organisation indique clairement qu’elle ne recommande pas le CBD pour un usage médical, dans la mesure où « davantage de preuves sont nécessaires même si la substance pourrait avoir un certain usage médical ».
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