Loin des clichés festifs, l’alcool, lorsqu’il est consommé de manière excessive et prolongée, peut se transformer en un véritable poison pour le cerveau. Il peut être à l’origine de démences alcooliques.
Parmi les graves pathologies engendrées par une alcoolisation chronique figurent les démences alcooliques, un ensemble de troubles neurodégénératifs qui sapent sournoisement les facultés cognitives et plongent les individus dans un monde de confusion et de dépendance.
Dans cet article :
Comprendre les démences alcooliques comme un spectre de maux
Les démences alcooliques ne se résument pas à une pathologie unique, mais regroupent plusieurs formes de dégradation mentale causées par l’abus d’alcool. Elles se manifestent par une palette de symptômes variés, affectant la mémoire, le langage, le raisonnement, le comportement et la motricité, altérant ainsi considérablement la vie quotidienne des personnes touchées.
« La démence alcoolique est un terme un peu inadéquat car il ne s’agit pas d’un processus dégénératif au sens strict. On lui préfère aujourd’hui celui de troubles neurocognitifs liés à l’alcool. »
Dr Cécile Prévost, médecin addictologue
Le syndrome de Wernicke-Korsakoff
Parmi les démences alcooliques, le syndrome de Wernicke-Korsakoff se présente comme le plus redouté. Il se caractérise par une amnésie sévère, une confusion permanente, une désorientation spatio-temporelle et des troubles de la marche. Il plonge les victimes dans un état de dépendance totale pour les actes de la vie quotidienne.
« Quand on parle de démence, on pense tout de suite à la démence vasculaire ou à celle d’Alzheimer qui sont des pathologies dégénératives liées à l’âge, poursuit la spécialiste. Or, les troubles cognitifs qui surviennent avec l’alcool sont multifactoriels. Le syndrome de Korsakoff fait partie des formes les plus sévères et survient le plus souvent chez une personne souffrant d’un alcoolisme chronique qui arrête brutalement l’alcool sans être médicalisée.«
Dr Cécile Prévost
La démence alcoolique corticale et sous-corticale
La démence alcoolique corticale, quant à elle, s’attaque principalement au langage et à la pensée abstraite. Les victimes peinent à s’exprimer, à trouver les mots justes et à comprendre les concepts complexes.
La démence sous-corticale, pour sa part, affecte davantage le mouvement et la coordination. Elle peut entraîner des tremblements, des troubles de l’équilibre et une raideur musculaire.
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Signes avant-coureurs : quand soupçonner une démence alcoolique ?
Si la consommation excessive d’alcool constitue un facteur de risque évident, des signaux plus discrets peuvent également alerter sur le développement d’une démence alcoolique. Il est crucial de ne pas les négliger et de consulter un médecin sans délai si vous observez chez vous-même ou chez un proche :
- Des pertes de mémoire fréquentes et importantes
- Des difficultés à s’exprimer et à trouver les mots
- Confusion, désorientation et perte du sens du temps
- Altération du jugement et de la prise de décision
- Changements d’humeur et de comportement soudains
- Perte d’intérêt pour les activités habituelles
- Difficultés à marcher ou à maintenir son équilibre
Prévenir et traiter
La meilleure arme contre les démences alcooliques réside dans une consommation modérée d’alcool. Pour les personnes à risque, il vaut mieux opter pour l’abstinence totale pour les personnes à risque. Si vous êtes préoccupé par votre consommation d’alcool ou si vous remarquez des signes inquiétants chez vous ou chez un proche, n’hésitez pas à consulter un médecin. Un diagnostic précoce et une prise en charge adéquate peuvent améliorer considérablement la qualité de vie. Ces mésures peuvent également ralentir la progression de la maladie.
Au-delà du traitement médical, un accompagnement psychologique et social s’avère crucial dans la prise en charge des démences alcooliques. Il permet aux personnes touchées et à leurs proches de mieux appréhender la maladie, de gérer ses symptômes au quotidien et de faire face aux défis psychologiques et sociaux qu’elle engendre.
Si les démences alcooliques constituent un problème de santé publique majeur, il est important de garder à l’esprit qu’elles ne sont pas une fatalité. En adoptant une consommation modérée d’alcool, en consultant un médecin dès l’apparition de doutes et en bénéficiant d’un accompagnement adapté, il est possible de prévenir, de retarder ou de mieux gérer ces troubles et de préserver une qualité de vie acceptable.
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