Oui, le fameux Cordyceps dans The Last of Us existe, on vous explique tout sur son fonctionnement hors du commun.
Quand la réalité dépasse de loin la fiction de The Last of Us… C’est un organisme minuscule. Une moisissure discrète. Un champignon qui, en apparence, ne paie pas de mine. Et pourtant : Cordyceps, c’est l’un des êtres vivants les plus fascinants, terrifiants et complexes du règne fongique. Il ne se contente pas d’infecter ses proies. Il prend le contrôle de leur cerveau. Il transforme des fourmis en marionnettes. Il guide leur corps. Les force à grimper. Puis les tue.
Dans cet article :
🍄 Le Cordyceps, un champignon tueur qui contrôle son hôte
Il existe, caché dans les forêts tropicales, un organisme capable de prendre le contrôle d’un autre être vivant, de le diriger comme une marionnette, puis d’en faire éclore son propre corps depuis le cadavre encore tiède.
Ce n’est pas une légende, ni un concept de science-fiction, ni une extrapolation théorique. C’est un phénomène bien réel, observé, documenté, photographié. Et son nom, aussi sobre que terrifiant, est Cordyceps.
Le Cordyceps est un genre de champignon parasitaire que l’on trouve principalement en Asie, en Amérique latine et dans certaines zones tempérées.
Il regroupe aujourd’hui plus de six cents espèces connues, toutes extrêmement spécialisées, chacune visant une cible bien précise : chenilles, fourmis, araignées, coléoptères.
Mais la spécialisation n’est que le début. Car là où la plupart des parasites se contentent d’infecter leur hôte, le Cordyceps, lui, le manipule. Il le contrôle. Il en détourne le comportement naturel pour l’amener à se sacrifier consciemment, à offrir son corps comme un autel à la croissance fongique.
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🍄 Comment fonctionne la « contamination » ?
Le cycle est aussi fascinant qu’abominable. Tout commence avec une spore microscopique (les particules dans The Last of Us) qui s’attache à la cuticule d’un insecte. Une fourmi, par exemple.
Le champignon perce la carapace de chitine, entre dans le corps, puis commence à tisser son réseau mycélien à travers les muscles et les organes. L’insecte continue à vivre, mais son corps n’est déjà plus tout à fait le sien.
Une fois qu’il a envahi suffisamment de tissus, le Cordyceps libère des substances neuroactives. C’est là que l’horreur commence vraiment.
Sous l’effet de ces signaux chimiques, l’insecte change de comportement. Il grimpe, souvent en ligne droite, jusqu’à une feuille ou une branche exposée à l’humidité et à la lumière idéale pour la sporulation. Puis il s’agrippe. Il serre fort, il meurt. Et à travers son crâne ou son thorax, le fruit du champignon pousse lentement, tel un doigt noir ou orangé dressé vers le ciel.
Ce phénomène porte un nom bien précis : la manipulation parasitaire. Il ne s’agit pas d’une simple infection, mais d’un piratage comportemental. L’insecte est transformé en esclave, en véhicule, en incubateur. Le champignon, en quelque sorte, programme sa mort pour mieux assurer sa propre reproduction.
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🍄 Zoom sur le Cordyceps sinensis
Le Cordyceps n’est pas le seul organisme à pratiquer cette stratégie, mais il en est le maître incontesté. Chaque espèce de champignon s’adapte à un hôte unique, avec une précision biologique que l’on peine encore à expliquer totalement.
Parmi les nombreuses espèces connues, deux se détachent aujourd’hui de la masse. La première est Cordyceps sinensis, un champignon endémique des hautes altitudes de l’Himalaya.
On le surnomme parfois le “champignon chenille” car il infecte les larves de certains papillons nocturnes du genre Thitarodes, enfouis dans les sols froids et riches des plateaux tibétains. Le Cordyceps pousse littéralement depuis la tête de la chenille morte, dans un spectacle aussi saisissant que sacré pour les populations locales.
Depuis plus de mille ans, il est récolté à la main, avec précaution, pour ses vertus médicinales supposées. En médecine traditionnelle chinoise, on le considère comme un tonifiant hors pair, un remède contre la fatigue, un aphrodisiaque naturel, et un soutien pour le système immunitaire.
Son efficacité réelle reste discutée, mais sa valeur marchande, elle, ne fait aucun doute. Le “yartsa gunbu”, comme on l’appelle au Tibet, est aujourd’hui l’un des produits naturels les plus chers du monde, pouvant atteindre plus de 20 000 euros le kilo.
➡️ Cette popularité a cependant un prix : la surexploitation du C. sinensis met aujourd’hui l’espèce en danger, et fragilise les écosystèmes déjà précaires des hautes altitudes asiatiques.
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🍄 Découvrez aussi le Cordyceps militaris
À l’opposé de cette rareté, Cordyceps militaris, au nom évocateur, a conquis les laboratoires. Cultivable en milieu contrôlé, ce champignon présente une forme spectaculaire avec ses longues pointes orange vif. Il contient la précieuse cordycépine, une molécule aux propriétés médicinales intéressantes.
Des recherches récentes montrent un potentiel anti-inflammatoire, antioxydant, voire anticancéreux. On explore également son effet immunomodulateur, sa capacité à inhiber la croissance de cellules malignes, et ses applications potentielles dans la lutte contre la fatigue chronique.
En Asie, mais aussi de plus en plus en Occident, il est transformé en compléments alimentaires, poudres, infusions, boissons énergétiques. Les sportifs de haut niveau l’utilisent parfois comme stimulant légal, les adeptes de médecines alternatives l’intègrent dans des protocoles de revitalisation, et certaines études scientifiques envisagent même des usages pharmaceutiques à long terme.
Mais tout cela repose sur des bases encore fragiles : les essais cliniques humains sont peu nombreux, les résultats restent prudents, et les promesses commerciales dépassent souvent la réalité biologique.
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🍄 Sa re-découverte avec The Last of Us
Ce glissement du Cordyceps vers la culture populaire a été fulgurant. À partir de la fin des années 2010, son nom a dépassé les cercles spécialisés grâce à l’explosion d’un jeu vidéo : The Last of Us.
Dans cet univers dystopique, une souche fictive de Cordyceps mute pour infecter l’être humain, provoquant une pandémie mondiale. Les victimes perdent leur libre arbitre, se transforment en créatures errantes, guidées par les besoins du champignon.
Le succès du jeu, puis de la série HBO, a ancré le mot “Cordyceps” dans la conscience collective. Ce qui fascine, ce n’est pas tant le pathogène que l’idée d’un envahisseur intérieur, silencieux, indétectable, qui nous manipule de l’intérieur. Le champignon devient une métaphore : perte de contrôle, parasitisme social, érosion du moi.
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🍄 D’autres champignons terrifiants dans le monde
Mais le Cordyceps, aussi redoutable soit-il dans la nature ou l’imaginaire, est loin d’être un cas isolé. Le règne des champignons abrite des créatures tout aussi étranges, puissantes, belles, parfois toxiques, parfois thérapeutiques.
On croit souvent que les champignons sont “des plantes un peu bizarres”. C’est faux. Ils ne sont ni plantes, ni animaux. Ils forment un royaume à part, aussi vieux que la vie terrestre, et infiniment plus complexe que ce que l’on apprend à l’école.
Ils savent digérer la roche, briser le béton, survivre dans les radiations. Ils sont architectes, nécrophages, chimistes, et parfois… alchimistes.
Prenons par exemple Armillaria ostoyae, surnommé “le champignon tueur” ou “le plus grand organisme vivant au monde”. Son réseau mycélien s’étend sur plus de 9 kilomètres carrés dans l’Oregon, rongeant lentement les racines des arbres depuis des siècles.
Il n’est visible que par ses modestes sporophores, mais sous terre, il constitue une gigantesque matrice vivante, connectée, autonome.
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🍄 Des champignons vraiment incroyables à découvrir
À l’opposé du gigantisme, on trouve des espèces comme Mycena chlorophos, un petit champignon qui pousse dans les forêts tropicales d’Asie et d’Amérique. Son particularité ? Il brille dans le noir. Littéralement. Il émet une lumière verte grâce à un processus de bioluminescence encore mal compris. Pas besoin de piles : la chimie naturelle suffit.
Il y a aussi les champignons hallucinogènes du genre Psilocybe, utilisés depuis des millénaires par certaines cultures indigènes. Aujourd’hui, la psilocybine qu’ils contiennent fait l’objet d’essais cliniques pour traiter des troubles dépressifs graves, des traumatismes ou des addictions.
Les résultats sont prometteurs. Dans certains hôpitaux américains, des patients reçoivent désormais, sous supervision médicale, des microdoses de champignons pour reconstruire leur rapport au monde.
Et puis, il y a les champignons impossibles. Le Hydnellum peckii, aussi appelé “dent qui saigne”, produit des gouttes rouges semblables à du sang sur son chapeau beige. Le Clathrus archeri, ou “doigts du diable”, déploie des bras rouges recouverts de mucus nauséabond.
Le Laccaria amethystina, quant à lui, offre une symphonie violette dans les sous-bois. Tous ces êtres, discrets, étranges, souvent ignorés, forment une contre-société silencieuse. Une écologie parallèle, souterraine, indispensable.
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