Bien que cela puisse étonner, le blob n’est ni un animal, ni un végétal, ni un champignon. Un spécimen des plus étranges qui passionne autant les scientifiques que les passionnés de science. Alors, qu’est-ce qu’un blob ?

Le nom scientifique du blob est Physarum polycephalum, il fait partie de la classe de Myxomycètes. En ce qui concerne l’appellation « blob », il provient du film de science-fiction des années 80 : The Blob. Le long métrage parle d’une créature qui envahit la Terre après qu’une météorite qui la renfermait s’y est écrasée. L’extraterrestre géant et gélatineux, en plus d’engloutir les habitants de la ville, semble être inarrêtable. En fait, il s’avère qu’il existe quelques ressemblances entre ce monstre et le blob…
Dans cet article :
Qu’est-ce que le blob ?
Le blob est un organisme unicellulaire, autrement dit, il se compose d’une unique cellule. Si de tels spécimens sont généralement microscopiques, celui-ci fait exception puisqu’il est visible à l’œil nu. Il a une couleur jaune orangé avec un corps soit gélatineux et gluant, soit compact. Le blob se distingue également par l’absence de système nerveux central et de cerveau. Ce qui est normal, après tout. Cependant, cela ne l’empêche pas de manifester, pour ainsi dire, de l’intelligence.
En outre, bien qu’il ne soit constitué que d’une seule cellule, il possède des milliers de noyaux. Pour être précis, ce sont des répliques de son noyau. Ce qui lui fait un point en commun avec les champignons. Une caractéristique qui lui permet, entre autres, de se fragmenter ou de fusionner avec d’autres fragments.
Un peu d’histoire
Le blob serait apparu il y a plus de 500 millions d’années, voire un milliard d’années. Eh oui ! Cet organisme vivant est bien plus vieux que les dinosaures et a même réussi à survivre à l’épreuve du temps. Le nom Physarum polycephalum vient d’un mycologue américain qui se nomme Lewis David von Schweinitz. Cette dénomination lui a été attribuée en 1822.
Pour information, un mycologue est un scientifique qui étudie les champignons. Effectivement, le blob était autrefois considéré comme faisant partie de ces derniers. Par ailleurs, la dénomination « blob » est fréquemment employée comme nom de vulgarisation par les francophones. D’ailleurs, il ne suit aucune règle stricte quant à son utilisation. De fait, ni les anglophones ni les articles scientifiques n’utilisent ce terme pour parler de ce myxomycète.
Le blob détient le secret de l’immortalité ?
Bien que cela puisse être difficile à croire, le P. polycephalum est immortel. Du moins, il serait biologiquement immortel dans des conditions favorables. Ce qui est sûr, c’est qu’il possède une grande longévité et une capacité de cicatrisation phénoménale.
Par exemple, le couper en deux ne met pas en péril sa vie, étant donné qu’il se régénère facilement. Bien sûr, le fait qu’il possède de nombreux noyaux joue un rôle dans cette cicatrisation.
Par ailleurs, il a également une grande habileté à s’adapter. Lorsque la nourriture ou l’eau vient à lui manquer, il se dessèche pour entrer en état de dormance. Il reste ainsi jusqu’à ce que son milieu redevienne favorable. Dans cet état, le blob est appelé sclérote et il peut rester comme cela pendant de longues périodes.
Les caractéristiques du Physarum polycephalum
Une alimentation simple
Dans la nature, les blobs se nourrissent généralement de spores, de champignons ainsi que de bactéries et d’autres microorganismes. Une fois en laboratoire, leur régime se compose essentiellement de flocons d’avoine. Effectivement, ils sont faciles à nourrir.
Du fait de son alimentation et de ses nombreuses caractéristiques, cultiver un blob in vitro est aisé. Concrètement, il n’y a besoin que de papier absorbant humide et des flocons d’avoine.
Une taille hors du commun
Le blob fait habituellement la taille d’une main, ce qui est déjà très grand pour un être unicellulaire. Toutefois, il peut être encore plus imposant et atteindre les 10 m². Cela survient surtout en laboratoire. Ce qui est normal puisque ses prédateurs, les limaces et certains scarabées, sont absents et la nourriture est abondante.
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Une sensibilité à la chaleur
Les blobs sont assez sensibles à la chaleur, c’est pourquoi ils entrent en état de dormance au-delà de 29 °C. En outre, la température idéale à son développement se situe entre 18 et 25 °C.
Une créature de l’ombre
Le blob préfère l’obscurité à la lumière, mais celle-ci ne nuit en rien à sa survie. Par ailleurs, l’UV, tout comme la couleur de la lumière, ne l’affecte pas.
Le blob est-il doué d’intelligence ?
A priori, les blobs ne devraient pas pouvoir réaliser des tâches relativement compliquées. Après tout, ils ne sont constitués que d’une seule cellule. Pourtant, ils peuvent réaliser de grands exploits (pour des êtres unicellulaires). En fait, le Physarum polyséphalum manifeste même une sorte d’intelligence.
La résolution d’un labyrinthe
Au CNRS de Toulouse, Audrey Dussutour continue son étude sur les blobs. Elle est une spécialiste du comportement des animaux et elle consacre actuellement la quasi-totalité de son temps à ces créatures.
« Grâce à sa taille exceptionnelle, les chercheurs ont pu déployer depuis la fin des années 1990 des protocoles de recherche habituellement réservés aux animaux. »
Audrey Dussutour
Il s’agit notamment de l’expérience du labyrinthe qui sert à analyser les stratégies qu’utilise le blob pour en sortir. Pour le motiver, la chercheuse installe de la nourriture à la sortie du labyrinthe.
Par ailleurs, il y a également des expériences qui mettent en lumière les capacités d’apprentissage et de mémorisation de la créature. En plus de pouvoir retenir de nouvelles informations, il peut pareillement les transmettre à un de ses congénères.
Le blob, un professeur très compétent
Une autre compétence surprenante du P. polysephalum est celle de transmettre son savoir à ses congénères. Pour ce faire, il lui suffit de fusionner momentanément avec ces derniers. C’est ce qu’a démontré une équipe du CNRS suite à une expérience avec 4.000 individus. Ces blobs ont été séparés en deux groupes : N pour « naïf » et H pour « habitué ». Il convient de noter que les chercheurs n’ont pas utilisé le mot « intelligent », car ces créatures ne le sont pas vraiment.
Pour l’expérience, les individus du groupe H ont été entraînés à chercher de la nourriture de l’autre côté d’un pont. Ce dernier est recouvert de substances inoffensives pour les blobs, comme le sel. Cependant, ces organismes ont une répulsion naturelle pour les substances choisies. Par conséquent, ils doivent réprimer cet instinct pour atteindre au plus vite la nourriture. D’autre part, le parcours du groupe N ne présente aucun obstacle.
En mettant les individus H et N face à un pont recouvert de sel, on remarque que les premiers sont plus rapides. Ensuite, les chercheurs ont créé des couples NN, HH et HN pour voir le comportement des blobs face à l’épreuve. Ils constatent que le couple HN donne des N plus rapides que les N issus du couple NN. Cependant, il y a une condition à cela : le couple HN doit rester fusionné pendant trois heures. Comme quoi le blob peut littéralement transmettre ses « connaissances » en trois heures.
Une mémoire externe
Le Physarum polysephalum exploite une sorte de mémoire externe qui lui permet de se repérer dans l’espace. Plus précisément, il laisse derrière lui de la bave pour marquer les endroits qu’il a déjà visités. Pour en revenir au labyrinthe, par exemple, le blob ne va pas revenir aux lieux où il est déjà passé.
Cette technique pour naviguer est comparable à celle utilisée par les fourmis et les abeilles. À la place de la bave, ces insectes utilisent plutôt des pistes de phéromone.
Le Physarum polysephalum, au service de la médecine
Si le blob a plus ou moins été ignoré, sa côte est actuellement en hausse. Il est même présent sur le marché : son prix varie de quelques euros à une cinquantaine d’euros. Est-ce que cela signifie que cette créature peut désormais être considérée comme un « animal de compagnie » ? À chacun d’en juger.
Par ailleurs, ses nombreuses caractéristiques font que le P. polysephalum pourrait aider dans les recherches en médecine. Les chercheurs seraient déjà en train de l’étudier en cancérologie. Apparemment, les propriétés que manifeste le blob durant son développement sont très proches de celles d’un cancer.
D’autres parts, ses capacités de cicatrisation grâce à la coagulation éclaire intéressent également les hommes de science. En isolant l’enzyme responsable de ce phénomène, les chercheurs espèrent pouvoir l’exploiter pour soigner des humains.
Le blob renferme encore beaucoup de mystères. « Comment fait-il pour transmettre son expérience à ses congénères ? » n’est qu’une question parmi tant d’autres. D’ailleurs, les hommes de sciences sont bien résolus à découvrir tous ses secrets.
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