Des archéologues britanniques ont dévoilé jeudi le visage reconstitué d’une femme néandertalienne vieille de 75 000 ans, baptisée Shanidar Z. La découverte remet en question la perception de cette espèce comme étant brutale et peu sophistiquée.
Cette dernière découverte a conduit les experts à sonder le mystère de cette femme néandertalienne d’une quarantaine d’années. Elle aurait été inhumée en position fœtale sous un énorme marqueur vertical en pierre.
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Un travail qui a été rompu depuis 5 décennies
On pense que la partie inférieure de son squelette a été excavée en 1960. C’était lors de fouilles menées par l’archéologue américain Ralph Solecki. Au cours de ces travaux, il a trouvé les restes d’au moins 10 Néandertaliens.
L’un d’entre eux était entouré de touffes de pollen ancien. C’est ce qui l’a conduit à soutenir, de manière controversée, qu’il s’agissait de preuves de rituels funéraires. Ces derniers auraient consisté à placer les morts sur un lit de fleurs.
En raison de difficultés politiques, il a fallu environ cinq décennies pour qu’une équipe des universités de Cambridge et de Liverpool John Moores soit autorisée à revenir sur le site dans les montagnes Zagros au nord de l’Irak.
Une découverte fortuite
Les derniers Néandertaliens ont mystérieusement disparu il y a environ 40 000 ans. Cela fait quelques milliers d’années seulement après l’arrivée des humains.
Le crâne de Shanidar Z est considéré comme la meilleure trouvaille néandertalienne de ce siècle. Il avait été aplati à une épaisseur de deux centimètres (1,7 cm), peut-être par un éboulement peu de temps après sa mort.
Le professeur Graeme Barker du McDonald Institute for Archaeological Research de Cambridge, qui a dirigé les fouilles dans la grotte de Shanidar, a déclaré à l’AFP que l’équipe « ne s’attendait jamais à trouver plus de Néandertaliens ».
« Nous voulions essayer de dater ces sépultures… d’utiliser le site pour contribuer au grand débat sur les raisons de l’extinction des Néandertaliens, et puis nous avons commencé à trouver ces morceaux. »
Plus humains qu’on ne le pensait…
Shanidar Z est en fait le cinquième corps identifié dans le groupe enterré sur une période d’au moins plusieurs centaines d’années juste derrière le rocher au centre de la grotte. Les archéologues pensent que la pierre était utilisée comme un identifiant pour permettre aux Néandertaliens itinérants de revenir au même endroit pour enterrer leurs morts.
Les dernières recherches suggèrent maintenant que le pollen qui a donné naissance à la théorie controversée de l’«enterrement des fleurs» de Solecki pourrait en fait provenir d’abeilles qui creusent le sol de la grotte.
Mais il y avait encore des preuves que l’espèce était plus empathique qu’on ne le pensait auparavant. Il s’agit notamment des restes d’un Néandertalien partiellement paralysé trouvé par Solecki.
« Il y a eu une énorme réévaluation qui a en fait été lancée par Ralph Solecki dans cette grotte avec ‘Shanidar 1’ avec son bras flétri, son arthrite et sa surdité qui ont dû être soignés. Cela nous dit qu’il y avait de la compassion. »
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Des idées reçues à déconstruire après la découverte de Shanidar Z
Le positionnement des corps dans le groupe au même endroit, dans la même position et face à la même direction impliquait « la tradition » et la « transmission du savoir entre les générations ».
« Cela ressemble beaucoup plus à un comportement intentionnel que vous n’associeriez pas aux histoires de manuel sur les Néandertaliens selon lesquelles leur vie était désagréable, brutale et courte.
Emma Pomeroy est la paléoanthropologue de Cambridge qui a découvert Shanidar Z. Elle a déclaré que la découverte de son crâne et de son haut du corps avait été à la fois « excitante » et « terrifiante ».
Le squelette et les sédiments environnants ont dû être renforcés in situ avec un produit de consolidation. Ils ont ensuite été retirés en dizaines de petits blocs enveloppés de papier d’aluminium.
Plus beaux qu’on ne le pensait…
Le visage reconstitué de Shanidar Z dévoile des traits distinctifs des Néandertaliens. Il s’agit par exemple des arcades sourcilières proéminentes et un menton peu prononcé. Cependant, loin de confirmer les clichés attendus, cette reconstitution révèle une certaine finesse. Elle présente au contraire une symétrie qui nuance considérablement l’image souvent caricaturale de ces hominidés.
Des études récentes ont d’ailleurs mis en évidence des comportements complexes chez les Néandertaliens. Notons par exemple l’utilisation d’outils sophistiqués, la production d’art rupestre et même des pratiques funéraires élaborées.
Shanidar Z nous emmène dans voyage à travers le temps
Ainsi, c’est en 2018 que le crâne de Shanidar Z a été mis au jour. Le fossile a été retrouvé dans la grotte de Shanidar, située au Kurdistan irakien. Ce site recèle déjà une riche histoire de découvertes néandertaliennes. Les travaux pionniers de l’archéologue américain Ralph Solecki dans les années 1960 ont été éfféctés à cet endroit.
Les travaux ont nécessité l’assemblage de plus de 200 fragments osseux pour transformer un puzzle complexe en un visage humain tangible.
De plus, des analyses génétiques ont démontré que tous les humains non africains possèdent environ 2% d’ADN néandertalien. Ce gène serait hérité de croisements entre les deux espèces il y a environ 40 000 à 60 000 ans. Cette découverte souligne ainsi l’interconnexion profonde entre les humains modernes et leurs ancêtres néandertaliens.
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