Ce trouble pousse des milliers de personnes à s’arracher les cheveux, jusqu’à se blesser. Tout savoir sur la trichotillomanie. Causes, symptômes et comment la vaincre.

Vous vous êtes peut-être déjà arraché un cheveu par nervosité ou réflexe. Mais pour certaines personnes, ce geste est un véritable automatisme, répété des dizaines de fois par jour, jusqu’à laisser des zones dégarnies, voire des blessures. Ce trouble porte un nom : la trichotillomanie. Encore peu connue du grand public, elle touche pourtant environ 1 à 3 % de la population, enfants comme adultes. Quelles sont les causes de cette envie irrépressible de s’arracher les cheveux ? Comment la reconnaître, et surtout, comment en sortir ? On fait le point sur ce trouble compulsif à ne pas prendre à la légère.
Dans cet article :
Qu’est-ce que la trichotillomanie ?
La trichotillomanie est un trouble psychologique qui se manifeste par un besoin irrépressible de s’arracher les cheveux ou d’autres poils (sourcils, cils, barbe…). Ce comportement compulsif, difficile à contrôler, fait partie des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou apparentés, bien qu’il soit parfois classé à part.
Ce n’est pas un simple tic ou une mauvaise habitude : pour les personnes concernées, ce geste est souvent un moyen inconscient de gérer une tension intérieure, une anxiété ou un mal-être émotionnel. Il peut devenir un véritable cercle vicieux : le soulagement ressenti après l’arrachage est de courte durée, et la honte ou la culpabilité qui suivent renforcent le besoin de recommencer.
À quoi ressemble ce trouble au quotidien ?
La trichotillomanie peut passer inaperçue pendant des années. Certains s’arrachent les cheveux de manière automatique, sans même s’en rendre compte (en regardant la télé, en lisant, en travaillant…). D’autres le font de manière consciente, en se concentrant sur des zones précises ou en sélectionnant certains types de poils.
Avec le temps, ce comportement laisse souvent des traces visibles :
- zones clairsemées ou totalement dégarnies sur le cuir chevelu,
- perte de sourcils ou de cils,
- lésions et parfois infections cutanées à force de manipulation,
- isolement social par peur du regard des autres.
Chez certains enfants ou adultes, il arrive que les poils arrachés soient mangés (on parle alors de trichophagie), ce qui peut provoquer de graves troubles digestifs.
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Qui est concerné ?
La trichotillomanie peut toucher tout le monde, mais elle apparaît le plus souvent :
- entre 9 et 13 ans,
- majoritairement chez les femmes (jusqu’à 90 % des cas diagnostiqués à l’âge adulte),
- parfois en lien avec d’autres troubles (TOC, dépression, anxiété, TDAH…).
Chez les enfants, elle peut parfois disparaître spontanément à l’adolescence. Chez les adultes, elle devient souvent plus chronique et plus difficile à gérer sans aide.
Quelles sont les causes de la trichotillomanie ?
Comme beaucoup de troubles psychiques, il n’existe pas une seule cause identifiée. Plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu :
- Génétiques : une prédisposition familiale est parfois observée.
- Psychologiques : stress, angoisse, faible estime de soi, besoin de contrôle.
- Neurologiques : certaines études suggèrent un déséquilibre des circuits de la récompense, ce qui explique le soulagement ressenti juste après l’arrachage.
- Environnementaux : événements traumatiques, pression scolaire, changements familiaux…
La trichotillomanie peut aussi apparaître sans événement déclencheur apparent.
Comment poser un diagnostic ?
Le diagnostic est généralement posé par un psychiatre ou un psychologue clinicien, sur la base d’un entretien et de critères précis (comme ceux du DSM-5, le manuel de référence en psychiatrie).
Un des critères clés est la perte de contrôle : la personne ne parvient pas à s’arrêter, malgré la volonté ou les efforts fournis. Il est aussi essentiel d’évaluer l’impact du trouble sur la qualité de vie : estime de soi, relations sociales, scolarité ou travail, santé physique…
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Quels sont les traitements de la trichotillomanie ?
Il n’existe pas de traitement unique, mais plusieurs approches peuvent être combinées pour aider la personne à retrouver le contrôle :
1. Thérapies comportementales et cognitives (TCC)
La Thérapie comportementale et cognitive (TCC) est aujourd’hui la méthode la plus recommandée. Elle vise à :
- identifier les déclencheurs (émotions, situations…),
- remplacer le geste par des alternatives non nocives (jouets antistress, autocollants à gratter…),
- restructurer les pensées négatives liées au trouble.
2. Thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT)
La méthode ACT aide à mieux vivre avec ses émotions et à réduire la lutte intérieure contre le comportement, ce qui diminue peu à peu l’arrachage.
3. Médicaments
Certains antidépresseurs ou anxiolytiques peuvent être prescrits, notamment en cas de trouble anxieux associé. Mais ils ne constituent pas une solution durable à eux seuls.
4. Hypnose, méditation, pleine conscience
Ces approches peuvent aider certaines personnes à se recentrer, à réduire le stress et à retrouver un meilleur contrôle. Mais il existe bien d’autres méthodes de relaxation, d’ancrage et de prise de recul, à vous de trouver celle qui vous correspond le plus.
Peut-on guérir de la trichotillomanie ?
Oui, mais le chemin peut être long. Le pronostic dépend de plusieurs facteurs : âge, ancienneté du trouble, soutien social, motivation à suivre une thérapie…
Certaines personnes parviennent à arrêter complètement, d’autres alternent les phases de rechute et de rémission. L’objectif est souvent de réduire la fréquence du comportement et d’en limiter l’impact sur la vie quotidienne.
N’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel de santé : sophrologue, psychologue, etc.
FAQ – Trichotillomanie
Oui, c’est un trouble reconnu par les classifications psychiatriques, proche des TOC.
Certaines personnes y parviennent, mais un accompagnement psychologique augmente largement les chances d’amélioration durable.
Si cela dure depuis plusieurs semaines et entraîne des zones dégarnies, il est recommandé de consulter un professionnel.
Oui, certaines associations proposent des forums, des groupes de parole ou des accompagnements en ligne.
Elle touche environ 1 à 3 % de la population, mais est largement sous-diagnostiquée.
Souvent cachée, parfois confondue avec un simple tic nerveux, la trichotillomanie est un véritable trouble compulsif qui mérite d’être pris au sérieux. Il ne s’agit ni d’un caprice, ni d’un manque de volonté : c’est un trouble complexe, lié à des mécanismes psychologiques profonds. En parler, consulter, chercher des solutions : c’est le premier pas pour sortir du silence… et retrouver confiance en soi.
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