Vivre avec une personne atteinte de trouble bipolaire peut être complexe et exigeant. Les variations extrêmes de l’humeur peuvent affecter la relation au quotidien.
Vivre avec une personne bipolaire demande beaucoup de patience, de compréhension et d’adaptation. Néanmoins, en adoptant des stratégies appropriées et en maintenant une communication ouverte, il est possible de créer une relation équilibrée et bienveillante. L’essentiel est de s’informer, d’accompagner sans s’épuiser et de favoriser un cadre de vie stable pour le bien-être de chacun.
Les personnes atteintes de trouble bipolaire ont un risque de suicide 15 fois plus élevé que la population générale, avec environ 15 % des cas de décès par suicide.
Dans cet article :
Comprendre le trouble bipolaire
Le trouble bipolaire, autrefois appelé psychose maniaco-dépressive, est une affection psychiatrique décrite depuis l’Antiquité. Dès le Ve siècle av. J.-C., Hippocrate évoquait déjà des variations extrêmes de l’humeur. Cependant, ce n’est qu’au XIXe siècle que les psychiatres français Jean-Pierre Falret et Jules Baillarger ont distingué ce trouble en identifiant ses cycles maniaques et dépressifs. Le terme trouble bipolaire n’a été popularisé qu’au XXe siècle. Aujourd’hui, nous avons une meilleure compréhension des différentes phases de la maladie et de ses causes neurobiologiques.
Toutefois, malgré les avancées scientifiques, le trouble bipolaire reste mal compris et souvent caricaturé. Il est parfois réduit à des sautes d’humeur soudaines ou assimilé à un simple comportement excentrique. Or, il s’agit d’un trouble complexe impliquant des fluctuations extrêmes de l’énergie et de l’émotion. Cette méconnaissance peut entraîner des erreurs de diagnostic et des stigmatisations. Ces problèmes compliquent encore plus l’accès aux soins pour les personnes concernées.
Concrètement, le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique caractérisée par des fluctuations de l’humeur alternant entre :
- Des phases maniaques ou hypomaniaques : euphorie excessive, augmentation de l’énergie, impulsivité, comportements à risque, diminution du besoin de sommeil.
- Des phases dépressives : tristesse intense, perte d’intérêt, idées noires, grande fatigue, repli sur soi.
- Des phases mixtes : présentant simultanément des symptômes de manie et de dépression.
Une épreuve pénible pour l’entourage
Ces fluctuations peuvent avoir un impact sur la vie professionnelle, sociale et familiale du patient. La bipolarité est d’ailleurs classées parmis les 10 pathologies les plus invalidatntes au monde par l’OMS. Mais cette maladie ne fait pas uniquement souffrir le sujet. C’est aussi un véritable calvaire pour sont entourage.
Le trouble bipolaire peut être difficile à vivre pour l’entourage en raison des fluctuations extrêmes de l’humeur, qui peuvent être imprévisibles et éprouvantes. En phase maniaque, la personne peut adopter un comportement impulsif, dépenser excessivement, avoir des accès de colère ou prendre des risques inconsidérés. Elle peut aussi devenir aggressive et violente si on la contrarie.
À l’inverse, en phase dépressive, elle peut se replier sur elle-même, exprimer un profond désespoir ou même avoir des pensées suicidaires. Cette phase peut susciter un sentiment d’impuissance chez ses proches. En plus, l’instabilité émotionnelle et les difficultés de communication peuvent engendrer des tensions relationnelles, de la frustration et un sentiment de fatigue mentale. C’est d’autant plus dur si la personne bipolaire n’est pas diagnostiquée ou ne suit pas de traitement adapté.
Comment communiquer avec une personne bipolaire ?
Pour bien communqiuer avec une personne bipolaire, il faut commencer par connaitre son état. Lorsqu’elle est en phase maniaque, vous devez éviter la confrontation directe et de privilégier un ton calme et posé. Par exemple, si elle veut faire un achat impulsif et déraisonnable, au lieu de dire « Tu fais n’importe quoi, arrête ! », il vaut mieux proposer une alternative plus douce comme « Pourquoi ne pas attendre demain pour y réfléchir ensemble ? ».
En phase dépressive, il est important d’écouter sans juger et d’éviter les injonctions comme « Remets-toi vite sur pied », qui peuvent aggraver son sentiment d’isolement. À la place, des phrases comme « Je suis là pour toi, parle-moi si tu en ressens le besoin » montrent du soutien sans pression.
Il est aussi important de communiquer de façon rassurante en dehors des épisodes extrêmes. Lorsqu’elle est stable, on peut discuter de ce qui l’aide à mieux gérer ses crises et convenir de signaux pour identifier les moments où elle a besoin d’aide.
Par exemple, vous pouvez dire « Quand je remarque que tu dors peu pendant plusieurs jours, veux-tu que je t’en parle ou préfères-tu que je te laisse de l’espace ? ». En respectant ses besoins tout en restant attentif, il devient plus facile de préserver la relation équilibrée et d’éviter des tensions inutiles.
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Encourager le suivi médical
Le traitement du trouble bipolaire repose en fait sur 3 piliers essentiels :
- Médicamenteuse : stabilisateurs de l’humeur (lithium, anticonvulsivants), antipsychotiques et antidépresseurs si nécessaire.
- Psychothérapie : pour aider à gérer les émotions, comprendre la maladie et développer des stratégies d’adaptation.
- Hygiène de vie : un bon sommeil, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière peuvent réduire la fréquence des crises.
Encourager un proche bipolaire à suivre un traitement médical demande en fait beaucoup de tact. Vous devez faire preuve de douceur, de patience et de compréhension, sans jamais imposer ni culpabiliser. Il est important de reconnaître ses craintes ou ses réticences, en lui montrant que le suivi médical peut améliorer sa qualité de vie et l’aider à mieux gérer ses émotions.
Ainsi, plutôt que de dire « Tu dois absolument prendre tes médicaments », il vaut mieux adopter une approche bienveillante comme « J’ai remarqué que les périodes stables te font du bien, peut-être que continuer ton traitement t’aiderait à en avoir plus souvent ? ». Proposez un accompagnement concret, comme l’aider à trouver un bon psychiatre ou l’accompagner à un rendez-vous. Enfin, valorisez ses efforts et soulignez ses progrès, même minimes. Cela l’encouragera à persévérer dans son suivi médical.
Essayez d’instaurer une routine stable
Un mode de vie structurant aide en à stabiliser l’humeur tant sur les personnes saines que les sujets de trouble bipolaire :
- Fixer des horaires réguliers pour le sommeil et les repas.
- Encourager des activités apaisantes comme la méditation ou le yoga.
- Limiter le stress en évitant les situations trop intenses émotionnellement.
- Restreindre la consommation d’alcool et de substances psychoactives.
Comment gérer les crises d’un proche bipolaire ?
Lors d’une phase aiguë, il est primordial d’adopter les bons réflexes :
- En phase maniaque : évitez la confrontation, canalisez l’énergie vers des activités calmes et surveillez les comportements à risque.
- En phase dépressive : encouragez le dialogue, proposez un accompagnement et restez vigilant aux signes suicidaires.
- Solliciter une aide extérieure si besoin : un psychiatre ou un centre d’urgence peut intervenir en cas de crise grave.
NB : Les personnes atteintes de trouble bipolaire ont un risque de suicide 15 fois plus élevé que la population générale, avec environ 15 % des cas de décès par suicide.
Près de 50 % à 60 % des personnes bipolaires auront des pensées suicidaires et 30 % à 40 % tenteront de se suicider, surtout lors des épisodes dépressifs et en début de maladie. Les risques sont plus élevés chez les jeunes adultes, les hommes et ceux qui ne suivent pas un traitement régulier.
Comment détecter les signes avant-coureurs de suicide chez un bipolaire ?
Les signes de suicides chez une personne bipolaire, souvent en phase dépressive, incluent :
- un désespoir profond,
- des propos négatifs sur l’avenir (« Je suis un poids pour tout le monde »),
- un retrait social marqué,
- des changements de comportement tels que insomnie ou somnolence excessive,
- une négligence de l’hygiène,
- des adieux implicites ou explicites (offrir des objets personnels ou écrire un message d’adieu),
- une prise de risques accrue,
- et parfois une amélioration soudaine de l’humeur après une période de dépression, ce qui peut signifier qu’une décision a été prise.
Si ces signes sont présents, il est important de communiquer avec tact à la personne et de l’encourager à chercher de l’aide médicale sans délai.
Prendre soin de soi
S’occuper d’une personne bipolaire peut être épuisant. Il est donc essentiel de :
- Prendre du recul et ne pas se sentir responsable de la maladie.
- Se réserver du temps personnel pour pratiquer des activités qui vous ressourcent.
- Rejoindre un groupe de soutien pour échanger avec d’autres proches confrontés aux mêmes difficultés.
- Consulter un professionnel si nécessaire pour obtenir un accompagnement psychologique.
Favoriser l’autonomie de la personne bipolaire
Souvenez-vous que, su le long terme, l’objectif n’est pas de surprotéger la personne bipolaire, mais de l’aider à mieux gérer son trouble. Pour cela :
- Encouragez-la à prendre des décisions et à planifier ses activités.
- Soutenez-la dans ses projets tout en étant réaliste sur ses capacités.
- Restez présent sans être intrusif pour qu’elle garde une certaine indépendance.
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