Face à la popularisation du jeu vidéo, beaucoup de parents s’inquiètent pour leurs enfants. En effet, ces jeux sont la plupart du temps remplis de scènes sanglantes. C’est notamment le cas des jeux First-person shooter (FPS) ou encore des jeux d’horreurs ou jeux-vidéo gores.
Aujourd’hui, les jeux vidéo font partie intégrante de la vie quotidienne de nombreuses personnes. Pourtant, cette source de divertissement met souvent en scène la mort. Pour cause, perdre est parfois inévitable afin de progresser (Die and Retry). Souvent, le joueur lui-même doit tuer ses adversaires. Pour les parents, c’est ce dernier cas de figure qui est le plus préoccupant. Ils ont, entre autres, peur que leurs enfants adoptent un comportement violent dans la réalité ou pire encore, pensent que la vie est un jeu.
Dans cet article :
La mort dans les jeux vidéo
Un retour dans le temps
Dans les jeux vidéo classiques, la mort du personnage entraîne la fin de la partie ou « Game Over ». Toutefois, les joueurs peuvent sauvegarder leur progression et y revenir en cas de défaite. Il s’agit en quelque sorte d’un retour dans le passé.
Grâce à cette fonctionnalité, les gamers peuvent refaire une quête indéfiniment jusqu’à la réussite. Ce qui très utile, car progresser serait quasiment impossible s’il fallait recommencer le jeu depuis le début à chaque mort.
Plusieurs vies comme les chats
Dans certains jeux, les personnages ont plusieurs vies. Cette particularité allège le côté oppressant de la mort. Actuellement, cette caractéristique est beaucoup moins présente dans les jeux vidéo. Elle est surtout implantée dans les jeux rétro comme Super Mario.
À présent, les concepteurs de jeux implantent surtout la possibilité de ramener les personnages à la vie. Dans PUBG, par exemple, des modes de jeu permettent aux joueurs de ramener des coéquipiers dans la partie, sous certaines conditions.
En outre, les jeux de tirs en général mettent en place des systèmes de matchs par équipe. Dans ces derniers, la mort n’est pas un réel problème. C’est le nombre de morts par équipe qui compte le plus. De ce fait, la mort peut être vue comme anodine même si parfois, c’est frustrant.
Une mort virtuelle ou réelle ?
Des concepteurs de jeux vidéo travaillent pour donner de plus en plus de réalisme à leurs œuvres. Pour ce faire, les graphismes aident beaucoup, mais ce n’est pas suffisant. Les histoires et les mises en scène contribuent aussi à donner du réalisme aux jeux.
Par conséquent, des jeux, à l’instar de Sims, offrent des scénarios de mort assez proches de ceux du monde réel. Sims met en place, par exemple, un système inscrit dans le temps avec les jours, les nuits et les saisons qui défilent. L’avatar du joueur finit d’ailleurs par vieillir et mourir.
Bien sûr, les différents types de jeux ont chacun leur manière de donner ce type d’expérience au joueur. Néanmoins, il est indéniable que beaucoup de morts dans le monde numérique reflètent celui de la réalité. Les jeux de rôle en ligne ainsi que les jeux FPS, comme World of Warcraft et Call of Duty, en sont les exemples.
L’effet des jeux vidéo sur la compréhension de la mort
Les jeux en ligne présentent en permanence la mort dans leur gameplay. Cette quasi-omniprésence de la mort présente notamment l’évolution de la vision de la mort dans le gaming.
Aident-ils à faire face à la mort ?
Depuis longtemps, la mort est un sujet délicat ! En occident, elle a été redoutée, occultée, voire niée au cours du XXe siècle. Aujourd’hui, il a été accepté dans plusieurs pays que faire taire cette vérité est contre-productif.
En fait, parler et expliquer la mort aiderait chacun à mieux gérer la souffrance et la peur qu’elle génère. Avec du recul, c’est tout à fait vrai puisque l’inconnu est depuis toujours source de sentiments négatifs.
Malheureusement, parler de la mort est parfois une tâche compliquée. C’est d’autant plus vrai dans des contextes socioculturels où la mort est un sujet tabou. Heureusement, des livres, des illustrations, des films et même des jeux aident à faire face à la réalité. Après tout, la mort est souvent fortement présente dans les jeux vidéo.
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Plus proche du personnage…
Les jeux vidéo sont bien sûr différents des livres et des films, car ici le joueur est directement impliqué. Dans les deux premiers cas, le lecteur et le spectateur restent passifs par rapport aux évènements.
Effectivement, les actions et les choix de l’utilisateur ont des répercussions sur son personnage. Qu’il décide de tuer ou que ses erreurs entraînent sa mort, il se sentira plus concerné. De ce point de vue, les jeux vidéo constituent un complément aux livres et aux films dans la compréhension de la mort.
Une sorte de thérapie pour surmonter un deuil
Avec l’implication du joueur dans ses parties, il peut extérioriser de manière symbolique ses émotions. Serge Tisseron qui est un psychiatre et un psychanalyste en a parlé. Au début de sa carrière de psychiatre, il s’est occupé d’une femme qui semblait avoir perdu goût à la vie.
« Elle aussi avait de fortes tendances suicidaires, mais les jeux vidéo n’existant pas à cette époque, elle ne les gérait pas avec des poupées de pixels, mais avec de vraies poupées d’étoffe. Elle confectionnait elle-même celles-ci, puis… les jetait par la fenêtre ! »
Serge Tisseron
À travers les poupées qu’elle a lancées du haut de sa fenêtre, elle se voyait. Plus précisément, la « mort » des poupées représentait davantage la mort des parties d’elle-même. Il s’agit des parties dont elle a voulu se débarrasser. Sa partie suicidaire est la première dans cette liste. Grâce à cette sorte de rituel, la patiente avait temporairement envie de vivre.
Aujourd’hui, plus besoin de confectionner des poupées, la technologie facilite cette tâche. Les joueurs peuvent s’exprimer à travers leur personnage sur leur PC, console ou smartphone.
La position du joueur par rapport à son personnage
Lorsqu’un utilisateur se lance dans un jeu vidéo, ce dernier peut lui proposer de créer un personnage. Néanmoins, bon nombre de jeux imposent des personnages prédéfinis. Effectivement, selon le type d’avatar, le degré d’identification du joueur par rapport à celui-ci varie.
Lorsqu’il y a la possibilité de façonner son personnage à sa guise, un joueur peut choisir de se dupliquer. Ici, il tente donc de transposer ses caractéristiques réelles dans le monde virtuel. Par conséquent, ce profil de joueur a tendance à considérer son personnage comme étant sa propre personne.
De plus, l’utilisateur peut tout bien créer une version améliorée de lui-même. Parfois, voir quelles sont les modifications que le joueur souhaite apporter à sa propre personne est possible.
Enfin, le passionné de jeux vidéo peut tout aussi bien créer une identité à part entière pour son avatar. Contrairement aux deux premiers, celui-ci n’a aucun lien avec son créateur. Dans ce cas, il ne s’identifie pas particulièrement à son personnage lorsqu’il joue.
Face à la mort, le degré d’implication du joueur dans son personnage en jeu est important. Alors, faire attention à ce genre de détails peut éventuellement aider à déceler un mal-être profond.
La place des jeux vidéo en France
L’année dernière, Médiamétrie a mené une étude pour le compte du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL). SELL a publié les résultats en novembre 2021, mettant essentiellement en évidence les profils des joueurs. Le rapport montre que 38 millions de Français ont joué à des jeux au moins une fois en 2021.
Parmi les personnes qui ont répondu aux questions, 58 % se considèrent comme des joueuses ou des joueurs réguliers. En outre, le nombre de joueuses (47 %) et de joueurs (53 %) sont à peu près pareils. En effet, les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au domaine du gaming et à s’y professionnaliser.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que la plupart des passionnés utilisent en moyenne 2,2 plateformes de jeu. En tête de classement se trouvent les smartphones (51 % des joueurs). Ce qui n’est pas étonnant puisque les adeptes peuvent les emmener avec eux n’importe où. Les consoles de salon (49 % des joueurs) ne sont également pas en reste.
Afin de réellement constater la place que prennent les jeux vidéo, l’âge moyen des joueurs est très clair. Douze ans passés, la moyenne d’âge était de 35,6 ans alors que maintenant, elle est de 38 ans. Concrètement, de plus en plus d’adultes se passionnent pour les jeux vidéo. En d’autres termes, ce type de divertissement n’est plus réservé aux jeunes gens. Ainsi, la place des jeux vidéo n’est plus à remettre en question.
Faut-il interdire les jeux vidéo ?
Au lieu d’interdire les jeux vidéo, les parents ont davantage intérêt à surveiller leurs enfants avec bienveillance. Plus encore, ils ont le devoir de limiter le temps de jeu de leurs descendances pour qu’elles n’oublient pas la réalité. En effet, le vrai danger, c’est bien sûr l’addiction ou la dépendance.
Toutefois, malgré ce bémol, les jeux vidéo en eux-mêmes ne sont pas des problèmes. Ils ont même le pouvoir d’aider à gérer les émotions et à mieux comprendre certains sujets parfois tabous.
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