Est-ce que les jeux vidéos peuvent rendre les joueurs violents ? Voici ce que dit la science et la sociologie
C’est une question qu’on peut légitimement se poser : est-ce que les jeux vidéo peuvent rendre violents ? Ou plus précisément, y a-t-il une relation de cause à effet entre jeu vidéo et violence ? « En 2023, 39,1 millions de Français jouaient aux jeux vidéo, contre 34 millions en 2018″, selon Statista. Cette année-là, la France comptait environ 68 millions d’habitants. Autrement dit, plus d’1 français sur 2 jouerait aux jeux vidéos.
Cela peut inclure tous les jeux (FPS, RPG, jeux de simulation et même les jeux mobile du style Candy Crush, oui ça compte), des fréquences différentes (tous les jours, une fois de temps en temps) et tous les âges (on peut avoir des joueurs de 6 ans comme des joueurs de 23 ans et de joueurs de 65 ans, même si la moyenne d’âge d’un joueur de jeu vidéo est de 40 ans). Mais, concrètement, est-ce que 1 français sur 2 est violent à cause du jeu ?
Dans cet article :
Le jeu vidéo de moins en moins diabolisé
Il y a plusieurs années, sur les plateaux de télévision, beaucoup de journalistes et chroniqueurs diabolisaient le jeu vidéo et décrétaient qu’effectivement le jeu pouvait rendre violent. La tendance n’est plus exactement la même aujourd’hui puisque le jeu est largement démocratisé, chez les jeunes, mais il s’étend aussi vers les plus âgés qui, parfois, étaient même réticents auparavant.
L’univers du jeu évolue également, certains jeux ressemblent à des films, les scénarios sont de plus en plus poussés, et des événements ont désormais lieu en lien avec le JV (par exemple les concours esport). Des métiers sont d’ailleurs dédiés à cette branche désormais et le jeu est aussi très présent sur le net de manière générale, via YouTube, Twitch et autre.
Internet est le présent et le futur et, actuellement, les générations Z et Alpha sont des enfants de YouTube et plus vraiment de la télévision. De ce fait, le jeu est omniprésent, de plus en plus légitime comme un art, un loisir, faisant naître des métiers au même titre que la littérature et le cinéma.
Il y a des années, le jeu était donc diabolisé, on représentait souvent le « gamer » (désolée pour le mot, je sais que c’est cringe, mais ça colle avec le propos) comme un boutonneux qui s’énervait sur sa manette Xbox ou PlayStation. Un joueur qui était prêt à fracasser l’écran en cas de défaite dans un jeu. Cette idée a bien changé.
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Les jeux vidéos qui rendent violents : une pensée générationnelle ?
En soi, les générations plus anciennes ont toujours tendance à dire cela : telle activité rend violent, encourage la bêtise, écarte les enfants de l’école. Aujourd’hui, les plus anciennes générations diabolisent ainsi les écrans et les réseaux sociaux en décrétant qu’ils rendent les enfants plus bêtes, violents, déconnectés.
C’est le cas d’un certain côté, mais on oublie aussi de dire que les enfants sont actuellement tellement forts pour utiliser internet qu’ils arrivent à trouver des informations très rapidement et de manière autonome, ils connaissent parfaitement cette gigantesque encyclopédie qu’est internet.
On disait la même chose pour le jeu vidéo quelques années en arrière. Et on disait la même chose des personnes qui lisent des mangas, plusieurs années encore avant. Finalement, il y a des siècles, on disait aussi la même chose de la lecture d’un livre. En 2024, on dira davantage « va lire un livre au lieu de rester sur TikTok » ou « va lire un livre au lieu de jouer à ton jeu ».
Il y a des années, lire un livre était la même chose et on disait aux enfants d’aller « jouer dehors » à la place de lire. Si l’on prend le problème dans ce sens, on peut dire que l’idée comme quoi le jeu vidéo rend violents est avant tout une façon de penser systémique qui est finalement une réponse des anciennes générations au phénomène de « c’était mieux avant » et une sorte d’incompréhension intergénérationnelle.
Les jeux vidéos peuvent rendre violents, mais ce n’est pas systématique
Mais, en soi, le jeu peut rendre violent, sauf que cela n’est pas systématique. Tous les joueurs ne sont pas violents et tous les joueurs peuvent ne pas toujours exprimer cette violence à chaque fois qu’ils jouent. Mais oui, le jeu peut rendre violent, pour une raison simple : le jeu peut devenir une drogue (une drogue douce, certes).
Au même titre qu’un fumeur qui n’aurait pas sa cigarette du matin, un joueur qui n’a pas la possibilité de jouer (imaginons, car il y a une coupure internet) pourrait devenir violent à cause du manque. Toutes les activités et tous les produits peuvent rendre accro, le jeu ne fait pas exception.
Jouer, cela permet parfois d’échapper au réel quand on n’est pas bien dans sa vie, c’est aussi un bon moyen de ressentir de l’adrénaline et de l’endorphine, par exemple en relevant un challenge et en gagnant un jeu, vous activez votre système de récompense et vous vous sentez bien. Voilà comment le jeu peut devenir une « drogue ». Mais, là aussi, ce n’est pas parce que vous êtes accro que vous êtes violent.
Mais, si par exemple vous perdez un jeu après y avoir passé du temps, et donc sans ressentir la récompense, il est possible de s’énerver, voire d’être violent. Par exemple en hurlant, en tapant quelque chose. C’est une manière d’extérioriser l’énervement, la frustration. Le sentiment est similaire dans d’autres activités : par exemple, si vous construisez quelque chose, mais que la construction que vous avez mis 5 heures à faire s’écroule, vous allez peut-être vous énerver.
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Attention aux contenus choquants et à l’isolement
Actuellement, toutes les études scientifiques le disent (et nous parlons bien des études récentes, actuellement admises par la communauté) : il n’y a pas de lien de cause à effet entre jeu et violence, hormis pour cette raison citée ci-dessus.
Par contre, les scientifiques alertent quand même sur un autre aspect du jeu : certains peuvent choquer et donc marquer psychologiquement. Mais, c’est pareil avec la télévision, des vidéos sur les réseaux ou le cinéma.
Pour certains scientifiques, il faudrait donc bien respecter les recommandations en termes d’âge sur les jeux car les enfants qui jouent à des jeux violents peuvent avoir des conséquences psychologiques que l’on ne remarque pas toujours au début. Exemple : GTA 5 est pegi 18, donc les personnes de moins de 18 ans ne sont pas censés y jouer.
Et il y a une autre répercussion possible au jeu vidéo, c’est l’isolement du joueur. Surtout lorsqu’il devient accro, le joueur peut souffrir de son isolement, de son manque de sociabilisation et il peut même développer des troubles anxieux. Cela est peu répandu, mais ça peut arriver, d’où l’intérêt de garder une vie sociale (amis, famille, collègues) à côté de votre passion pour le JV.
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Les jeux vidéos comme outils thérapeutiques ?
D’un autre côté, certains scientifiques s’accordent à dire que le jeu vidéo peut avoir des effets thérapeutiques, à l’inverse. Comme pour la boxe et plus largement le sport, mais aussi d’autres activités comme l’écriture, le dessin, etc, le jeu aurait tendance à détendre le joueur, à l’aider à extérioriser, à se défouler sur le jeu et pas dans la vraie vie. Certains assurent donc que le jeu aurait même un effet déstressant et limiterait même, chez certaines personnes, la violence.
C’est un peu la même chose pour les gens qui écoutent du rock et du metal, les metalleux disent souvent qu’en écoutant cette musique, aux premiers abords agressive, ils se sentent plus apaisés, ils canalisent leurs émotions et se défoulent par la musique.
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Les joueurs plus intelligents que ceux qui ne jouent pas ?
D’ailleurs, certaines études affirment même que le jeu vidéo pourrait augmenter l’intelligence chez certains joueurs. Notamment, le jeu peut aider à entraîner le cerveau sur plusieurs aspects.
Par exemple : la coordination entre le cerveau et les mains (coordonner votre volonté de mouvement avec vos doigts qui appuient sur les boutons de la manette ou sur le clavier), la réactivité (agir rapidement en fonction d’une situation), la logique (comprendre le jeu, faire des quêtes, trouver des solutions). Selon une étude de l’Université de York, le jeu pourrait même aider à travailler la mémoire et à limiter les maladies liées à la mémorisation.
Sources :
- Violence et sociabilité dans les jeux vidéo en ligne par le CAIRN.
- Violence et jeux vidéo : quelle attitude adopter ? par le gouvernement français.
- Etude Video games as a therapeutic approach for patients: coming soon?
- Thérapie par les Jeux Vidéos du Centre de thérapies intégratives et nouvelles technologies
- Les jeux vidéos rendent plus intelligent : la science le confirme enfin par Lebigdata.
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