On entend souvent nos parents dire « c’était mieux avant » sur la musique, sur la situation sociétale, mais pourquoi ils le disent tous ?
« C’était mieux avant », « à mon époque, on vivait mieux quand même« , « avant, les choses étaient moins compliquées », « Les jeunes n’ont plus de respect aujourd’hui », « nous, on écoutait de la vraie musique, pas comme maintenant ». Voilà des phrases qu’on peut entendre de nos jours, de la part de nos parents ou de nos grands-parents, ou même de trentenaires nostalgiques de leur enfance.
Mais il n’empêche que le « c’était mieux avant » est une expression qui existe depuis très longtemps et elle revient à toutes les générations. Vos grands-parents le disaient déjà à vos parents. Et désormais ce sont vos parents qui vous le disent. Mais pourquoi on pense toujours que les choses étaient meilleures avant ? Alors que, souvent, ce n’était pas forcément mieux avant. Il s’agit en réalité d‘un phénomène totalement normal qui a donné lui a de nombreuses études.
« C’était mieux avant » : une question de nostalgie avant tout et de valorisation de sa propre génération
On a tendance à trouver plus positif des choses qui nous sont familières. D’ailleurs, les expériences passées et répétitives que nous revivons comme positives lorsqu’on y repense et que nous gardons en mémoires sont fréquemment embellies lorsqu’on s’en souvient.
Le pouvoir de la nostalgie
On occulte les mauvaises expériences et, lorsqu’on évoque sa jeunesse en face des jeunes actuels, nous avons tendance à nous livrer à un jeu de qui aura eu la meilleure jeunesse. On a habituellement envie aussi de se persuader que sa propre jeunesse, son « époque » était bien et meilleure, qu’il n’y avait pas de galère. Tout cela parce que, souvent, on a envie de revenir à cette époque, loin de ses soucis présents.
Lorsque nous embellissons des événements ou des périodes passées, en omettant les mauvais côtés, nous appelons ça de la nostalgie. La nostalgie est un sentiment puissant qui peut nous pousser à rejeter toutes les choses actuelles et à valoriser et à admirer les choses passées qui vous renvoient vers un bon souvenir : un style de musique que vous écoutiez dans votre jeunesse (souvent un style complètement différent de ce qu’aimaient vos parents à l’époque et du style qu’aiment vos enfants présentement), une odeur particulière comme un plat que vous faisait votre mère, un bonbon que vous mangiez enfant…
Une incompréhension des tendances actuelles
C’est également la faute du biais négatif : on a tendance à rendre négatif des éléments qui n’appartiennent pas à ces souvenirs heureux de sa jeunesse, à son époque. Pourquoi ? Parce qu’on ne comprend plus les choses actuelles (par exemple la musique, la façon de communiquer, la société). Ce sont des choses qui vous sont presque inconnues, même si on ne veut pas l’admettre.
Jeune, on s’intéresse davantage aux nouveautés, au monde, finalement. Quand on prend en âge, on reste souvent bloqué sur les nouveautés de notre jeunesse. Par exemple, beaucoup de jeunes de 25 ans actuellement connaissent bien les réseaux, TikTok également. Mais, ils connaitront beaucoup moins les nouveaux réseaux qui entreront sur le marché, les expressions utilisées sur ces réseaux, par les jeunes de 15 ans.
Jeter de la nouvelle génération par instinct
On veut alors revenir au temps d’avant, au moment où on ne se sentait pas « vieux » et largué par les tendances actuelles. Revenir à des choses familières. C’est un instinct de survie social, en réalité, de se dire que « c’était mieux avant ». L’idée demeure de se rapprocher de choses que vous connaissiez, qui vous rendaient heureux, mais aussi de rejeter la nouvelle génération.
Rejeter la nouvelle génération est instinctif pour celui pour qui « c’était mieux avant » car cela lui permet de se rapprocher encore de sa génération à lui, de faire partie d’une communauté. Pour cela, il va alors rabaisser la nouvelle génération pour valoriser la sienne. Il ne veut également pas se sentir « vieux » aux yeux des jeunes, comme l’étaient ses parents pour lui. Il va donc mettre en avant des éléments de sa jeunesse et les valoriser par rapport à l’époque actuelle afin de retrouver son instinct de rébellion contre la génération précédant la sienne (celle de ses parents par exemple).
« C’était mieux avant » ou « Les vieux sont rabat-joies » : Un rejet mutuel entre les générations ?
Vous l’avez compris, le fait de penser que « c’était mieux avant » résulterait d’une volonté de défendre sa propre génération par nostalgie de sa jeunesse et par rejet de la génération qui suit, celle qu’on a du mal à comprendre.
Mais, il convient de rappeler que ce rejet générationnel va aussi dans l’autres sens. À toutes les générations, les jeunes rejettent les valeurs de leurs parents, leurs goûts et tentent de s’anti-conformer aux tendances des « vieux », comme ils pourraient appeler la génération précédente.
C’est de cette volonté de se démarquer de la « vieille génération » que les jeunes ont créé des codes à eux, un langage qui ne peut être compris par leurs parents. Ils se sont mis à écouter du rap quand leurs pères écoutaient du rock, du rock quand leurs parents écoutaient de la variété française. Une vraie dualité.
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Un présent bien trop compliqué et dangereux : La faute aux réseaux sociaux et aux médias ?
Il est également possible que les personnes qui pensent que « c’était mieux avant » voient plus de dangers et de problèmes maintenant plutôt qu’avant justement. Avec les réseaux sociaux et les médias qui publient en masse et sur tous les sujets, l’insécurité et la surinformation sont les maîtres mots de notre société actuelle.
Avec la multitude de données qui circulent sur internet, on a l’impression qu’il y a plus d’insécurité, plus de problèmes, plus de choses compliquées, que les jeunes se compliquent trop la vie, plus de discriminations… Mais, en fait, c’est juste qu’on en parlait moins avant ! De la même manière que des gens diront que les personnes trans n’existeraient que depuis 10 ans. C’est faux, on entendait juste moins parler, tout simplement. Par ce qu’il n’y avait pas autant de moyens de communiquer, mais aussi d’ouvertures de la parole.
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Est-ce que les choses étaient mieux avant ? Non, pas vraiment…
Du coup, non, les choses n’étaient pas mieux avant. Du moins pas vraiment. Le fait de croire que c’était mieux avant est totalement subjectif et dépend beaucoup de votre perception des événements passés et présents, mais aussi de vos attentes pour le futur. Quand on regarde réellement la situation actuelle et celle d’il y a 50 ans, tout est très différent, mais les choses n’étaient pas forcément meilleures avant.
Les jeunes sortaient plus, les gens étaient davantage sportifs, ils n’avaient pas le nez collé au téléphone. Mais, a contrario, le racisme était beaucoup plus violent et présent, les victimes des discriminations étaient moins écoutées, les droits des LGBT, des femmes également, étaient bien moins avancés qu’aujourd’hui. « C’était mieux avant », oui, tant qu’on ne garde que le positif. Mais, il y a toujours eu du positif et du négatif dans toutes les époques.
Vidéo : un très bon épisode de Max Bird sur le même sujet
Ressources pour aller plus loin :
- C’était mieux avant : 22 idées reçues sur notre époque : https://www.caminteresse.fr/societe/cetait-mieux-avant-22-idees-recues-sur-notre-epoque-11116118/
- C’était mieux avant ? Décryptage d’un mythe : https://mrmondialisation.org/mieux-avant-passeisme-decryptage-mythe/
- « C’était mieux avant »… et ça fait 2 000 ans que ça dure : https://www.radiofrance.fr/franceculture/c-etait-mieux-avant-et-ca-fait-2-000-ans-que-ca-dure-4385309
- Le livre Tout ce que vous devez savoir pour mieux comprendre vos semblables de Serge Ciccotti.
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