L’humain est-il fait pour manger autant que nous le faisons actuellement, mange-t-il trop ou pas assez ? Enquête sur notre consommation.
Dans notre société actuelle, dans les pays les plus riches et développés, la plupart des gens peuvent manger à leur faim, voire manger plus qu’à leur faim. L’abondance de nourriture est un sujet sociétal important sur absolument tous les plans, que ce soit au niveau de la santé, de l’économie, du climat, mais aussi pour une question plus large de survie de notre propre espèce, celle des humains. Si certains disent, sur les réseaux sociaux, que la plupart des gens ne mangeraient pas assez, l’humain ne mange-t-il pas, au contraire, beaucoup trop ?
EN BREF : l’humain mange-t-il de trop ?
- En moyenne, un humain consomme plus de 1 kg de nourriture par jour, avec environ 2500 kcal.
- La consommation alimentaire a augmenté depuis les années 60, malgré une diminution des dépenses pour l’alimentation.
- Les Français mangent plus que les recommandations de santé, notamment en matière de viande et de sucre.
- La surconsommation et la surproduction entraînent un fort gaspillage alimentaire et un déséquilibre mondial.
- En 2024, le jour du dépassement des ressources naturelles a eu lieu le 1ᵉʳ août, marquant une surconsommation par rapport à ce que la Terre peut produire.
- La surconsommation favorise les problèmes de santé : obésité, hypertension, diabète, maladies rénales.
- La société actuelle pousse à consommer davantage par le biais du marketing, de l’accès facile à la nourriture, et des réseaux sociaux.
- L’humain n’est pas forcément fait pour manger autant, la consommation doit être adaptée aux besoins individuels.
- Il est essentiel d’écouter son corps pour réguler sa consommation, en mangeant uniquement lorsqu’on a faim et en adoptant une alimentation équilibrée.
Dans cet article :
1. Quelques chiffres marquants sur la surconsommation alimentaire
Actuellement, en moyenne, un humain mange un peu plus d’1 kg de nourriture par jour, avec une moyenne de 2500 kcal (calories) ingérées entre l’alimentation et la boisson, par jour. D’après l’INSEE, « en cinquante ans, la consommation alimentaire par habitant a augmenté régulièrement en volume », et ce depuis les années 60, décennie de grande industrialisation dans les pays développés.
En parallèle, l’INSEE dévoile que, malgré l’inflation, les ménages consacrent moins de budget, en moyenne, pour leur alimentation. Une tendance qui peut démontrer une volonté d’acheter des produits moins qualitatifs et donc moins chers, importés plutôt que locaux et français. « Depuis 1960, les ménages consacrent à l’alimentation une part de plus en plus réduite de leur dépense de consommation : 20 % en 2014 contre 35 % en 1960 », révèle l’organisme.
« Au fil des décennies, les ménages consomment de plus en plus de plats préparés et de produits transformés tels que des légumes déjà coupés ou des pommes de terre en purée. Depuis 1960, la consommation de plats préparés s’accroît de 4,4 % par an en volume par habitant (contre + 1,2 % pour l’ensemble de la consommation alimentaire à domicile) », lit-on aussi.
Pour ne parler que de la consommation de viande, ce chiffre est déjà bien supérieur aux recommandations. Par exemple, le PNNS (Plan National Nutrition Santé) recommanderait plutôt de consommer 26 kg de viandes par an et par habitant, contre 85 kg dans les statistiques.
Et même si vous consommiez 100 g de viande par repas, à raison de deux repas par jour, le chiffre arriverait à moins que cela avec 73 kg par an et par personne.
Ce n’est qu’un exemple, mais c’est pareil avec le sucre et les céréales. Les statistiques montrent que les français consomment trop, par rapport aux recommandations des organismes de santé. L’OMS recommande par exemple de ne pas dépasser 500 g par semaine de viande. Cela ferait effectivement 26 kg, comme recommandé par le PNNS.
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2. « 1,6 milliard de tonnes. C’est le nombre de nourriture perdu ou jeté chaque année dans le monde »
Nous consommons trop et nous produisons trop. La surconsommation et la surproduction alimentaire et matérielle sont des sujets de société très importants. En premier lieu, il convient de rappeler qu’à cause de la surproduction, induite par la surconsommation (plus il y a de demande, plus il y a d’offre), cela implique un fort gaspillage alimentaire.
« 1,6 milliard de tonnes. C’est le nombre de nourriture perdu ou jeté chaque année dans le monde. Soit un tiers de la production mondiale. Or, selon une étude du Boston Consulting Group, d’ici 2030, la quantité de nourriture jetée va augmenter de 30 % pour atteindre 2,1 milliards de tonnes », explique novethic.fr.
Un constat terrible qui se vérifie avec le jour du dépassement. « Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre correspond à la date de l’année, calculée par l’ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ses consommations ou absorber les déchets produits, dont le dioxyde de carbone », rappelle notre ami Wikipédia.
Avec le nombre d’humains qui augmente (et c’est peut-être pour ça que beaucoup de gens ne veulent plus faire d’enfants, d’où le « réarmement démographique » d’Emmanuel Macron ?) et les habitudes de consommation qui frôlent le morbide, la tendance n’est pas près de freiner.
Alors que la famine touche certains pays, c’est presque terrifiant de se dire que la consommation en France est extravagante. « En France, le jour du dépassement a eu lieu le 5 mai 2022. Si toute l’humanité adoptait un mode de vie semblable au Français moyen, il faudrait 2,9 planètes pour subvenir à ses besoins« , ajoute Selectra.
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3. Les différents problèmes de la surproduction et de la surconsommation
Forcément, cette surproduction et cette surconsommation implique donc un fort déséquilibre entre les pays qui connaissent la famine et un pays comme la France. Mais aussi cela implique la destruction de lieux naturels pour les animaux, un élevage et un abattage d’animaux intensif, de la pollution aussi, du gaspillage alimentaire…
Par effet boule de neige, ce genre de consommation à outrance « oblige » les consommateurs à vouloir acheter pas cher pour acheter davantage. Cela peut cause une délocalisation de la production alimentaire et une concurrence déloyale entre producteurs à l’étranger / produits importés et producteurs locaux. Cette dynamique vient donc fragiliser l’économie du pays, par extension. Car oui, acheter des produits importés en France n’aide pas à soulager l’économie du pays ni sa politique.
En plus de cela, consommer trop peut causer des problèmes de santé. L’obésité, par exemple, augmente d’année en année. Environ 40 % des adultes seraient en surpoids aujourd’hui.
Obésité, hypertension artérielle, maladies rénales, cholestérol, glycémie déréglée, perturbations hormonales, augmentation de l’anxiété, reflux gastriques, problèmes digestifs… On ne peut pas tout citer. Mais, voici ce que vous pouvez risquer en cas de surconsommation, notamment transformée et non-saine.
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4. Notre société actuelle pousse l’humain à manger trop
Maintenant, pourquoi nous consommons trop ? C’est assez simple. Tout est une question d’industrialisation et de profit. Pour les industriels qui vous procurent de la nourriture (et nous comptons aussi les magasins qui les distribuent), plus le consommateur consomme, plus c’est rentable. Par plusieurs procédés, les usagers finissent par consommer davantage.
On peut acheter beaucoup pour stocker, par peur de manquer, en voyant la famine et la misère du monde au travers du prisme des réseaux sociaux. Mais, on peut aussi acheter pour acheter à cause des promotions récurrentes (parfois trompeuses), être tenté par la publicité de plus en plus étudiée pour vous faire flancher…
C’est un métier et un art, le marketing. Lorsque vous pouvez acheter quelque chose, tout est fait pour vous faire passer à la caisse, du packaging aux couleurs, en passant par le nom, le slogan, l’heure de passage de la publicité à la télévision, jusqu’au placement du produit dans le rayon du magasin.
Mais, ce n’est pas juste ça. Dans les pays les plus développés comme par exemple la France ou les USA, l’accès facile à la nourriture, qui plus est de la nourriture pas chère (importée et transformée), tente le consommateur.
L’accès facile par la livraison à domicile, les magasins presque toujours ouverts et à proximité, l’accès à la voiture qui permet de se rendre au magasin… Actuellement, on peut même faire ses courses sur Amazon. L’abondance de nourriture en accès facile, additionné aux multitudes de produits disponibles sur le marché, cela encourage à surconsommer.
Sans parler des réseaux sociaux qui encouragent parfois à acheter car on veut faire comme les autres, ou bien les additifs qui rendent certains produits addictifs (notamment le sucre raffiné), l’augmentation chronique de l’anxiété ambiante à cause de nos rythmes de vie et qui encourage parfois à manger en excès… En fait, il y a tellement de facteurs de société dans notre monde actuel qui peuvent encourager à consommer en excès, encourager un humain à manger de trop.
Mais, il faut aussi comprendre que la surconsommation n’est pas que alimentaire. C’est vraiment sur tous les plans, y compris dans l’industrie textile :
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5. L’humain n’est pas forcément fait pour consommer autant
D’autant que l’humain n’est pas forcément fait pour manger autant. La quantité de nourriture à manger par jour dépend réellement de chacun. Nous sommes tous différents, nous avons des métabolismes différents et nous avons une consommation et des dépenses différentes.
Une personne ne même poids et taille pourrait avoir besoin de moins de nourriture qu’une autre. Normalement, si on écoute son corps, le corps est bien fait et vous permet de garder un poids de forme en équilibrant naturellement la dépense calorique et la consommation calorique. Petit rappel, pour perdre du poids, nous devez manger moins de calories que vous en dépensez (en vivant simple et en bougeant).
Mais, nous avons un peu perdu l’habitude de suivre notre corps. Si on est atteint d’une maladie comme le diabète ou le SOPK, on peut notamment avoir une résistance à l’insuline et avoir moins la sensation de satiété, ce qui fait que vous mangez trop. Ces maladies sont en augmentation ces dernières années.
D’ailleurs, « au rythme actuel, le monde n’atteindra pas huit des neuf objectifs nutritionnels fixés par l’Organisation mondiale de la Santé pour 2025. Il s’agit notamment de réduire l’émaciation des enfants (lorsqu’ils sont trop minces pour leur taille) et les retards de croissance (lorsqu’ils sont trop petits pour leur âge), ainsi que l’obésité des adultes. Le rapport estime que près de 150 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance, plus de 45 millions sont émaciés et près de 40 millions en surpoids », lit-on chez Futura.
Mais, outre ces maladies, la plupart des gens mangent au-delà de leur sensation de satiété, soit par convention sociale ( on dit souvent qu’il faut finir son assiette, alors que vous pouvez la garder pour plus tard aussi et même congeler), ou bien par compulsions (liées au stress).
« Selon mon expérience en consultation privée, ‘c’est parce que c’est bon’ est la réponse que j’entends le plus souvent quand je demande ‘pourquoi mangez-vous trop?’. Je n’entends pas de réponses rationnelles telles que : ‘c’est parce que je n’écoute pas mes signaux de faim et satiété’, ‘c’est parce que je comble mon vide par la nourriture’, ‘c’est parce que certains aliments me procurent tellement de plaisir que je ne suis pas capable d’arrêter’, ‘c’est parce que ça calme mon stress' », détaille le médecin américain David Kessler.
C’est aussi ce qu’on observe avec l’industrialisation : manger, dormir et travailler à des heures fixes pour se conformer aux horaires des entreprises. Beaucoup de médecins le disent, il faut manger quand on a faim, arrêter de manger quand on n’a plus faim, dormir quand on est fatigué, se réveiller lorsqu’on est reposé, etc. C’est le rythme de vie biologique et instinctif, alors oublié par l’humain dans cette société humaine.
L’humain n’est pas fait pour manger autant. Sur les réseaux, on peut souvent entendre que la plupart des gens, par exemple qui cherchent à perdre du poids, ne mangent en réalité pas assez. C’est à la fois vrai et faux. Ils ne mangent peut-être pas assez… équilibré. Ou alors ils pensent ne pas manger assez, mais mangent trop. Cela arrive souvent aussi.
Il est vrai que certaines personnes ne mangent pas assez et font stagner leur métabolisme de base, ce qui rend le déficit calorique difficile à obtenir. Mais, dans la plupart des cas, les patients mangent trop sans s’en rendre compte tout en maintenant un manque d’activité physique. Bien entendu, pour la question de la perte de poids, il y a tellement d’autres facteurs à prendre en compte, comme les maladies hormonales par exemple.
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6. Quelle est la bonne manière de manger alors ?
La plupart des gens, à cause de l’abondance de nourriture dans leur frigo et des conventions actuelles, mangent en excès. Maintenant, c’est quoi la solution ? En réalité, ce n’est pas sorcier :
- Manger uniquement si on a faim et ne pas suivre les conventions sociales.
- Ne pas s’obliger à finir son assiette, nous avons de bons moyens de conservation aujourd’hui pour ne pas gacher.
- Tenter de régler les éventuels problèmes de santé enrouageant à manger trop comme certaines maladies hormonales, le stress, les problèmes psychologiques. Une thérapie et/ou un traitement est souvent le meilleur moyen.
- Ne pas stocker. Les magasins sont déjà des stockages en soi, déjà très proches de chez vous. Ce sont littéralement des frigos où vous pouvez vos servir !
- Se tourner vers le local, les marchés, les magasins de producteurs pour réduire le nombre de références et de choix de produits, mais aussi pour encourager l’économie locale.
- Manger équilibré, moins transformé. Plus facile à dire qu’à faire ? Essayez de tout faire maison et parfois de prévoir des plats déjà faits pour les jours de flemme.
- Achetez les essentiels pour tous les plats sans prévoir à l’avance et des produits de saison. Vous pourrez faire jouer votre créativité, faire à manger en fonction de votre faim et en plus suivre vos envies (sucré, salé, bananes… ?)
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