Interview de Paul Pellet et Loïs Murgier, ces deux jeunes rappeurs ont décidé de former leur propre groupe de Rap : Distyle.
Parlons Rap et plus précisément de rappeurs. Paul Pellet. Loïs Murgier. Les deux cousins de 21 et 22 ans, à la complicité hors du commun, forment aujourd’hui un véritable groupe de rap : Distyle. L’histoire est dingue, c’est pour cela que je vais vous la raconter. Paul vient d’Annecy et est étudiant en histoire à Genève. Loïs, a grandi en Martinique malgré ses origines lyonnaises. Il est aujourd’hui étudiant à Toulouse. Leur duo est tellement fusionnel qu’on dirait « une seule personne », nous dit Paul.
Tout le monde écoute du rap. C’est le style de musique le plus apprécié en France, notamment par les jeunes. Il parle à tout le monde, parle de thèmes plus sensibles comme la pauvreté, la drogue, la politique mais aussi d’amour et d’enjeux sociétaux. Les rappeurs que nous allons découvrir, aiment tout simplement la musique et ont besoin de s’exprimer pour faire passer des messages mais aussi pour libérer ce qu’ils pensent. Ils se surnomment Distyle, car ils distillent de la musique, disent-ils.
Dans cet article :
Comment Distyle a commencé ?
Tout commence avec Didier Freestyle, un personnage inventé à partir « d’une blague de Loïs qui sort des télécabines et qui galère avec ses chaussures de ski, et qui fait une chute ». Paul a pris une photo et l’a mis sur Instagram.
Tout cela s’est passé en hiver 2019. Et puis un jour Loïs propose à Paul de dériver les freestyles dans les sports extrêmes (ski, skateboard), en freestyle de musique.
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La musique et l’inspiration dans le rap
La musique a toujours fait partie de leur vie. Pour Loïs, c’est une continuité car il a « toujours chanté et eu une belle voix ». Paul, lui, aime écrire des textes, sans que ce soit forcément pour les chanter. Les deux cousins écoutent beaucoup de rap et de musique mais n’avaient jamais écrit ni composé.
Après Didier du sport, vient Didier du rap. C’est Loïs qui envoie un couplet à Paul avec une vidéo qui rentre dans « la vanne du personnage qui faisait du rap ». Et puis, ils se sont pris au jeu, ont kiffé et ont finalement créé Distyle.
Les deux jeunes rappeurs ne se forcent jamais à écrire des rimes, car c’est « que du plaisir, sans contrainte. Ça vient comme ça », affirme Loïs. Pour lui, si l’inspiration vient, tant mieux et si elle ne vient pas, ce n’est pas très grave. Paul a des « pulsions, des moments où [il a]full inspiration où c’est hyper facile ». Il a déjà fait des sons en une nuit, sans savoir dire comment il a réussi. Parfois, c’est la feuille blanche et il se demande comment retrouver l’état dans lequel il était quand il a écrit certaines musiques.
« L’écriture pour moi c’est un purgatoire, ça me fait du bien, j’ai besoin d’écrire joliment donc j’ai un style d’écriture différent de Loïs. La volonté n’est pas la même entre nous deux ». C’est ce que nous dit Paul, en s’inspirant d’une phrase de Nekfeu : « Ecrire c’est ce qui m’a rendu ma liberté ».
Les sensations
Les cousins sont très différents sur les sensations que le rap leur procure. Paul subis plus car il n’a pas la technique vocale, le sens du rythme. Il se met davantage la pression et doit se concentrer pour se souvenir de ses propres paroles et les caler en rythme avec la prod.
Son cousin, quant à lui, est très à l’aise avec ce milieu et prend du plaisir dans l’interprétation.
Tout commence avec une Panne de sens
Les deux rappeurs ont d’abord sorti un album Panne de Sens, qui a été créé pendant le confinement, de manière très peu professionnelle, mais toujours avec l’envie de faire quelque chose de propre et de qualitatif. Ils ont travaillé entre Genève, Toulouse et même la Martinique.
Paul nous raconte :
« J’envoyais à Loïs des pistes mp3 compressées, qui s’enregistrait avec son micro puis me les renvoyait avec la voix et la prod. Moi, avec Garage Band et mon iPhone, je recalais les parties et m’enregistrais avec mes écouteurs. La musique était au format mp3, on n’avait pas de logiciel donc la qualité du son était éclatée. On en avait conscience, mais on ne se rendait pas compte à quel point c’était nul. On a créé une illusion au niveau musical. Notre seule barrière était la technologie, mais ce n’est pas pour autant que notre « son » en lui-même n’était pas qualitatif. »
C’est donc comme ça qu’ils produisaient un son. Mais pour le deuxième album Phénomène, la rencontre de plusieurs personnes ont permis aux deux cousins d’évoluer techniquement.
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Evolution entre les deux albums de rap
La technologie, un pilier important de la musique
Comme nous l’explique Paul, l’évolution est premièrement technologique entre les deux albums.
La rencontre de Franck Therras, qui va devenir leur producteur leur a ouvert les portes du monde de la musique, avec ses studios, sa production. Franck a toujours rêvé de faire de la musique et a voulu investir dans la leur. Il leur a présenté l’ingénieur du son et musicien Jean-Luc Briançon, qui a composé la quasi-totalité des prods de Phénomène.
« On est arrivé le premier jour avec Loïs et Franck, les mains dans les poches dans son studio. Il faut savoir que le gars est un pro. Il nous a dit : « dites-moi ce que vous avez ». Et nous, on ne savait pas trop ce qu’on avait le droit de faire ou pas. Donc, on lui dit qu’on a fait un album chez nous, qu’on a aucune prod et qu’on voudrait refaire des musiques car elles ne sont pas utilisables du point de vue du droit. Le mec tombe de haut. On ne venait pas juste pour se faire enregistrer et faire des arrangements. On venait pour faire des sons complets même si on avait pleins d’idées, des mélodies et tout. Mais il fallait faire de la création. »
Pour élaborer l’album Phénomène, ils ont fait trois séances studio de trois jours en août, octobre et décembre, tout en travaillant parfois à distance. La barrière technologique était tombée. Ils pouvaient enfin s’exprimer librement, sans se soucier du droit, de la production, de l’ingénierie du son. Bref, ils avaient tout pour créer. Et ce duo « Franck et Jean-Luc » leur a permis à la fois d’enregistrer d’un point de vue pratique grâce au matériel d’enregistrement en leur donnant en même temps une vraie accessibilité à la production de musique.
Et l’album est sorti fin février 2021.
La technique et les textes
Il y a aussi eu une évolution au niveau des textes, bien que le thème de l’amour, « qu’on ne comprend pas toujours et qu’on subit », soit toujours présent. En effet, ils ont pris un certain niveau dans l’aisance vocale, la rythmique, les schémas de rimes, la création, les idées. Paul parle d’une prise de maturité dans la façon d’aborder un couplet. Pour lui, il est aussi important de renvoyer un bon message dans ses paroles.
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Décryptage des rimes de l’album Phénomène
« J’fais semblant d’être un lover » – Distyle
Quand on parle du thème de l’amour qui revient très souvent, Loïs répond : « On adore l’amour mais ça ne marche pas des masses Madame ». Ce qu’il veut dire, c’est que l’amour leur a donné beaucoup de frustration et de tristesse et que « si on écoute bien les paroles, on se rend compte [qu’ils n’ont] pas vraiment d’expérience dans l’amour ». Ce sont les relations homme-femme et l’amour qui les animent et les définissent. Leurs histoires d’amour remontent à leurs 15 ans et parlent aussi d’aujourd’hui. Ils ne racontent pas vraiment leurs vies mais des choses qui touchent un peu tout le monde.
« Le rap n’est pas fait pour s’inventer une vie » – Distyle
« Le rap n’est pas fait pour s’inventer une vie », une phrase du titre Phénomène.
Pour eux, cela veut dire qu’ils ne se sentent pas légitime d’écrire comme n’importe quel rappeur, ils ne peuvent pas raconter la même chose car n’ont pas eu la même vie. Par exemple, les endroits où ils ont grandi ne sont pas les mêmes que pour les rappeurs. Ce n’est pas non plus pour dire que tout le monde dit des mensonges dans ses sons. C’est surtout pour dire qu’eux, n’ont eu une vie dure comme certains rappeurs.
Aussi, ils aiment inventer, créer, ils vont parfois raconter des histoires qui ne seront pas le reflet de leur vécu. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils s’inventent une vie.
Les lunettes de Didier
« Je garde mes lunettes même à l’intérieur » – Mensonge (album Phénomène)
Les lunettes, ça remonte au compte Instagram de Didier Freestyle. C’était plus pour créer le personnage de Didier et non pour se cacher. « Le but n’est pas de devenir connu comme les Daft Punk, mais de se faire plaisir en faisant de la musique. » – Loïs
La suite dans le Rap
Le groupe Distyle a des projets, va continuer à produire et composer des sons pour le plaisir. Tout cela, sans prise de tête, car ils sont étudiants avant tout.
Un nouveau membre arrive dans leur duo : Théo Sillon, un ami de Paul, qui a permis de relancer la machine du groupe. Il a notamment créer des sons avec Paul. Le projet à terme va être totalement différent de Phénomène, avec des sonorités différentes, avec de nouvelles personnes. Mais on ne s’enflamme pas, ce n’est pas pour tout de suite.
Les personnes présentes
En plus des personnes dont nous avons parlé précédemment, il existe d’autres noms qui ont permis de mener ce projet à fond.
Il y a Lili Pellet, la sœur de Paul, « qui a prêté sa magnifique voix féminine sur plusieurs chansons comme Mensonges, Tard le soir ou sur les back de plusieurs autres sons ». Mais aussi, Alexandre Chenevier et Morgan Bertin Leccia qui les ont toujours soutenus et les aident dans leurs futurs projets. Pierre Morey, qui a produit le clip de Phénomène et a créé la miniature Instagram de Distyle. Enfin, Minh Cole, un super photographe qui participe aussi aux projets futurs, avec un talent incroyable. Toutes les personnes qui les ont soutenus en écoutant, partageant, sont bien évidemment aussi tellement importantes pour eux. Ils en sont très reconnaissants.
Comment on retrouve le groupe de Rap Distyle ?
L’album Phénomène est disponible sur toutes les plateformes, comme Spotify, Amazon, Deezer. Les singles qui sont sortis en août aussi.
Vous pouvez les suivre sur Instagram : Distyleoff, et être au courant dès qu’un nouveau projet ou son sort.
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