On ne le cite plus aujourd’hui à la table des décideurs de l’avenir du monde, mais au début du XXe siècle, il y était. Voici la terrible histoire du pays qui s’est mangé lui-même.
Le tort que nous faisons à l’environnement ne touchera pas seulement la nature en soi : puisque c’est notre espace de vie, nous finirons par en être également affectés. C’est la principale raison pour laquelle les gouvernants ne cessent de multiplier les rencontres au sujet du changement climatique. Car, ce qui pourrait arriver à l’humanité entière s’est déjà dessiné au XXe siècle dans le Pacifique central. Aujourd’hui, l’on évoque la terrible histoire par : le pays qui s’est mangé lui-même. Si vous l’ignoriez, voici l’histoire de l’île de Nauru : de l’un des pays les plus riches à l’un des plus pauvres aujourd’hui.
Dans cet article :
Ascension et déclin : la terrible histoire de l’île de Nauru
Perdue et isolée dans l’océan Pacifique central, la République de l’île de Nauru est située à 1 300 km à l’est de l’Australie. C’est l’un des plus petits pays du monde, avec 21 kilomètres carrés de superficie. D’ailleurs, toute cette superficie n’est pas occupée par la population de 14 000 habitants. Celle-ci vit principalement sur la bande côtière qui entoure le plateau central du pays.
Aujourd’hui qualifié du pays qui s’est mangé lui-même, l’île de Nauru a connu une ascension fulgurante au début des années 1900. Son bonheur (qui s’avéra être son malheur) commença en 1906 lorsqu’il a été découvert d’immenses gisements de phosphate sur l’île. Près de 70 % de l’île est recouverte de gisement minéral. Rapidement, le pays attire la convoitise des Européens. Les Allemands y installent leur colonie et l’exploitent jusqu’en 1914. L’Australie prit ensuite le relai et continua l’exploitation jusqu’à l’indépendance de la nation en 1968. Une indépendance bienvenue qui va booster l’économie de l’île. Du jour au lendemain, elle devient l’une des plus prospères au monde avec un PIB par habitant de 225 millions de dollars australiens. Le pays étant devenu riche, la gestion change également au sommet de l’État : plus d’impôts, de nombreux services gratuits, dont l’éducation, la santé, le logement, les transports, etc.
Dès 1990, le déclin se dessina à l’horizon. Ce qui arriva avec la découverte des gisements s’estompa avec le déclin de ces derniers. L’économie de l’île s’effondra et le pays vira dans la crise. Le gouvernement tente bien que mal de relever le niveau avec de nombreux plans, mais le mal était plus profond qu’on le pensait. Au sommet de l’État s’éclatèrent des scandales de corruptions à tous les niveaux. Les services autrefois soutenus par le gouvernement s’effondrèrent. Et si l’on ne pouvait s’en sortir par des voies légales, l’illégal devenait le dernier espoir. L’île ne tarda pas à s’attirer l’ire de l’ONU et autres organisations par ses activités illicites : vente de passeports, blanchiment d’argent, accueil de réfugiés clandestins contre de l’argent, etc.
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Mais comment le pays s’est-il mangé lui-même ?
La réponse reste simple pourtant : le pays s’est détruit lui-même en ne respectant pas l’équilibre environnemental, en surexploitant ses ressources. Mais cela, peu de personnes le savaient avant l’éclatement des scandales en 1990.
Après l’indépendance de l’île, les gouvernants se sont rendu compte de la chance qu’ils avaient avec les gisements de phosphates. Mais les choix politiques qu’ils opérèrent ne prenaient pas en compte que le danger que pouvait courir l’île. Des contrats d’exploitations avaient été accordés à des sociétés étrangères contre des faveurs personnelles. Et ces sociétés n’ont ménagé aucun effort pour exploiter ces gisements, quitte à mettre en péril la petite île. Entre autres procédés utilisés, il y a :
- L’exploitation à ciel ouvert des mines : il fait appel à des machines lourdes telles que des bulldozers. Ceci contribua à défigurer le paysage, à déboiser de vastes zones et à créer des cratères. Une technique destructrice qui a entraîné une grande perturbation du sol et d’une majeure partie de l’écosystème.
- Injection de solution chimique : si les couches de phosphate sont très solides, une solution chimique est injectée dans le sol pour dissoudre les couches. Une méthode désastreuse qui a pollué les eaux souterraines de l’île et a entraîné la destruction de près de 40 % des récifs coralliens. Ceci a fini par faire disparaître la biodiversité marine du pays.
Outre ces impacts environnementaux, la population de l’île ne s’est pas mieux portée. La mauvaise gestion du pays a entraîné un profond bouleversement de l’alimentation. Celle-ci est basée sur les produits importés, non adaptés aux conditions des populations locales. En conséquence, le taux d’obésité est monté rapidement en flèche et la santé générale s’est détériorée. Aujourd’hui, l’espérance de vie est de 50 ans en moyenne et l’environnement corrompu ne permet pas de s’adonner à des activités saines.
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