Jouer aux SIMS ou à des jeux comme Seconde Life ou aller dans un Metavers, cela peut une véritable façon de se cacher de la vraie vie.

Dans le Metavers, dans Second Life, au sein des MMORPG, des SIMS… les joueurs ont l’opportunité de simuler une nouvelle vie, complétement différente de celle vécue IRL. Des jeux totalement addictifs qui permettent évidemment de développer sa créativité, mais qui peuvent enfermer les joueurs dans une réalité alternative dans laquelle tout est possible.
Des psychologues se sont justement penché sur le phénomène de projection de soi dans ce type de jeux et particulièrement dans les SIMS. Voici ce qu’ils ont découvert. Enquête signée BFMTV.
Dans cet article :
Les SIMS : une façon de se découvrir soi-même
En interrogeant plusieurs joueurs des SIMS, depuis les premiers jeux jusqu’aux SIMS 4 (puis 5 à venir), les psychologues se sont rendus compte en premier lieu que le jeu avait eu des effets sur les jeunes joueurs pour se connaître eux-mêmes. Une sorte d’une double éducation notamment, remplaçant presque l’éducation parentale au sujet, notamment, des orientations sexuelles, etc.
« C’est avec les Sims 2 que j’ai compris que deux femmes ou deux hommes pouvaient se marier, à une époque où la représentation de l’homosexualité n’était pas très développée », explique Gabrielle, 27 ans. « Je savais déjà sans me l’avouer que j’étais bisexuelle et Les Sims a été un peu ma cachette. J’avais mon ordinateur et pendant les vacances, j’étais enfermée dans ma chambre et je ne jouais qu’à ça. Ma mère ne venait pas. Et du coup je faisais que des filles qui se marient avec d’autres filles, je trouvais ça incroyable« , ajoute-t-elle.
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Les SIMS peut-il créer des complexes chez les joueurs ?
« Je vais me faire aussi un petit kiff en changeant la couleur de mes yeux« , indique également Gabrielle en appuyant sur le fait que les SIMS permettaient justement « d’améliorer » sa propre image dans le jeu. Il est vrai que, souvent, dans les SIMS, on crée en premier lieu des personnages qui sont censés nous représenter. Mais, ces derniers ne nous ressemblent pas vraiment, ils sont idéaux.
« Je fais toujours des Sims avec des traits plus fins que moi et une coupe de cheveux que je voudrais me faire », explique à son tour Élodie. « J’ai pu remarquer, avec les différents types d’interactions, que certaines de mes actions dans la vraie vie étaient interprétées d’une certaine façon, en fonction de la catégorie dans laquelle elles se trouvaient dans le jeu. Certains de mes comportements étaient rangés dans les catégories Malice ou Méchant par exemple ».
« Les Sims est un théâtre externalisé de soi-même« explique Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialiste des jeux vidéo et des pratiques numériques. « Le jeu est un reflet de notre monde interne qui permet à la fois l’identification et la projection. On a ainsi une mise en abîme du regard que l’on porte sur soi-même. On se regarde se regarder ».
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Des psychologues utilisent le jeu vidéo pour des thérapies
Michael Stora, psychologue, détaille : « Il y a un phénomène de projection qui est très puissant dans les Sims. On a un feedback émotionnel en temps réel puisque le joueur voit les réactions que ses actions ont sur les autres et sur lui-même. » Une façon d’en apprendre plus sur soi-même qui a d’ailleurs poussé le psychologue à mettre en place des thérapies psychologiques grâce au jeu.
« On y retrouve deux types de joueurs : les joueurs qui vont faire un avatar très ressemblant mais qui, pendant le jeu, vont avoir un comportement différent du leur, pas mal transgresser et frôler avec les limites du raisonnable. D’un autre côté, on va avoir les joueurs qui vont idéaliser leur avatar mais vont faire la même chose que ce qu’ils font dans la vraie vie ».
D’ailleurs, Xavier Pommereau, psychiatre spécialiste de l’enfant en difficulté, a beaucoup utilisé Les SIMS pour comprendre le mal-être de jeunes adolescentes. « Mon point de départ a été que les adolescents sont des enfants de l’image. Donc au lieu de toujours critiquer cette pratique de mise en avant de soi, autant essayer de travailler avec ».
« En travaillant avec Les Sims, je souhaitais un support de projection en dehors des selfies. Aujourd’hui, 1 jeune fille sur 4 souffre d’obsessions relatives à son corps. Et près de 90 % des adolescentes sont en délicatesse avec leurs corps », explique le médecin.
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Une possibilité infinie pour construire une vie secondaire
Une joueuse, Céline, 28 ans, explique justement avoir vécu cette volonté de construire une image idéalisée. « Pouvoir créer des personnages quasiment parfaits a rajouté au sentiment d’infériorité que j’ai longtemps pu avoir. On crée un monde parfait, ou presque, inatteignable dans la vraie vie. Le fait de pouvoir créer une maison de rêve, et se rendre compte qu’on ne peut pas faire la même chose dans la vraie vie, a souvent créé un sentiment d’échec pour moi. »
Julie Escurignan, chercheuse à l’École de Management de Paris et spécialiste des liens entre fans et industries culturelles, explicite :
« Il y a cet aspect vie rêvée dans les Sims mais finalement il devient vite assez ennuyeux. Une fois que vous aurez votre grande maison, le jeu deviendra cathartique. […] Vous allez créer les gens que vous n’aimez pas, vous tuez votre patron… C’est un exutoire« .
« Ce n’est pas vraiment la vie qu’on aimerait avoir, c’est plutôt un test de type « Et si j’avais fait un choix différent ? ». Le but est surtout d’essayer autre chose, être différent, faire quelque chose qu’on ne pourrait pas faire dans la vraie vie. […] L’universalité de pouvoir se créer une vie ne changera pas. On ne sait pas comment cela va évoluer, mais on aura toujours envie de se créer une vie parallèle.«
Source : BFMTV : https://www.bfmtv.com/tech/gaming/c-etait-ma-cachette-ces-joueurs-qui-font-des-sims-leur-monde-ideal_AN-202211060022.html
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