Comment est apparue la parole ? Malgré nos origines primates, il ne nous reste rien ou presque du langage de nos ancêtres. Et si notre espèce s’était débarrassée de sa rengaine simienne (langage animal) en la remplaçant par un langage articulé (la parole) dans le but de communiquer du sens ? C’est le sujet qu’aborde le livre scientifique de Phillipe Barbaud « L’instinct du sens: Essai sur la préhistoire de la parole ».
Dans cet article :
Le jour où l’homme se mit à parler…
« Si nous parlons tant de langues différentes au XXIe siècle, c’est parce que l’homme est un animal qui a perdu son langage au cours de la préhistoire. » C’est ce qu’affirme le linguiste Philippe Barbaud dans son essai sur la préhistoire de la parole intitulé « L’instinct du sens ». Il y retrace l’histoire de notre espèce au travers du langage pour nous montrer comment et pourquoi, en adoptant la bipédie, elle s’est départie de son langage primitif pour émettre ses premiers sons libres, qui sont totalement détachés de sa rengaine animale.
L’émergence du langage humain a commencé en Afrique de l’Est, alors que nos ancêtres subissaient des transformations anatomiques, morphologiques et physiologiques liées aux changements de leur environnement et du climat. Ces transformations ont non seulement amené nos ancêtres à adopter la station debout, mais ont également modifié leur appareil bucco-pharyngal, qui a trouvé une nouvelle fonction, celle d’émettre des sons, en plus de ses fonctions d’origine qui étaient de respirer et modifier la nourriture.
Nos ancêtres font alors la découverte des interjections. Ces nouvelles sonorités, qui sont articulées, ne correspondent plus à un réflexe de l’instinct animal. Mais comment ces interjections primales ont pu favoriser l’émergence des premiers mots ? En usant de ces interjections, les présapiens auraient accédé à la conscience de soi et des autres, et elles leur auraient également permis de découvrir le lien étroit qui existe entre le geste et la voix. Dans leur envie de communiquer avec leurs semblables, ils auraient cherché à donner du sens aux choses ! La parole serait donc née de sons libres que nos ancêtres auraient convertis en mots porteurs de sens.
Du langage simien au langage articulé
Notre espèce aurait donc perdu graduellement son langage signalétique animal (vociférer des cris de première nécessité) pour le remplacer par un langage symbolique de la parole, dans le but de donner du sens et de communiquer : « Nous parlons parce que l’être humain, depuis l’enfance de son espèce, a toujours voulu communiquer du sens. »
Pour autant, la parole a encore beaucoup de chemin à faire pour aboutir à une langue. Les facteurs défavorables à la stabilisation phonétique et lexicale sont nombreux (espérance de vie, extinction de petites communautés…). Dans la dernière partie de son ouvrage, l’auteur s’intéresse donc au développement du vocabulaire ancestral qui se serait fait par auto-organisation ainsi qu’à la façon dont le protolangage a pu accéder au statut de langue naturelle.
Philippe Barbaud nous fait donc découvrir l’histoire de notre espèce au travers du langage. Pour ce faire, il nous emmène 2,5 millions d’années en arrière, pour revenir progressivement à nos jours, dans un processus long et minutieux lors duquel notre espèce aura subi de nombreuses transformations. Le propos est soutenu dans la majeure partie de l’ouvrage (essai scientifique oblige), mais reste malgré tout très intéressant et passionnant à suivre.
L’instinct du sens / Phillipe Barbaud : une étude scientifique sur l’origine du langage
Référence : 9782957099993
Prix : 39€
Un livre paru aux éditions des Auteurs des livres
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