Il s’agit d’un sujet épineux qui fait grincer des dents les défenseurs des libertés individuelles : la reconnaissance faciale. Brandie comme une technologie révolutionnaire qui permettrait de rendre de nombreux services dans divers domaines, elle est actuellement au cœur de scandales à répétition.
Parmi les derniers en date, l’application Clearview AI qui s’est vu épinglée, la main dans le sac alors qu’elle collectait à tout va des données personnelles d’internautes. Ces données prétendument destinées à l’usage des forces de police se sont retrouvées entre les mains de clients particuliers et professionnels fortunés qui ont pu en user à leur guise.
N’eût été le piratage dont a été victime la firme américaine, le pot aux roses n’aurait sans doute pas été découvert. Dès lors se pose la problématique du respect de la vie privée et de la protection des données des internautes.
L’IA une technologie controversée
Appliquée à de nombreux domaines d’activités, l’intelligence artificielle consiste en un ensemble de technologies capables d’imiter l’intelligence humaine. Elle se base sur l’étude d’un problème donné pour analyser toutes ses variables possibles et prédire un résultat. En l’occurrence, elle permet donc de seconder ou de remplacer l’action humaine afin d’obtenir des solutions à toutes sortes de problématiques.
Même si une telle technologie est révolutionnaire, elle a cependant ses détracteurs qui dénoncent un risque de perte de contrôle ou le chômage qui peut en découler. Depuis le milieu du XXe siècle, l’intelligence artificielle n’a cessé de se développer pour mener aujourd’hui à des technologies d’envergure capables de produire des miracles. C’est le cas notamment dans le domaine de la domotique où les maisons connectées sont devenues de véritables forteresses. La médecine est également un secteur où des robots sont capables de remplacer les mains des chirurgiens.
Plus récemment, l’IA par le biais de la reconnaissance faciale est devenue une alternative durant la crise du COVID-19. Elle a notamment permis grâce à des algorithme de prédire l’évolution du virus. C’est le cas en Chine où, dans la province de Wuhan, des robots ont été utilisés pour cartographier le coronavirus et recevoir les patients afin de limiter les risques de contamination. La reconnaissance faciale a aussi été utilisée pour recenser les malades et retracer leurs déplacements.
Clearview AI, une politique de confidentialité pas si confidentielle
Créée en 2017 par deux entrepreneurs, Clearview AI est une start-up florissante qui s’est rapidement fait une place dans le domaine de l’IA. Très vite, elle collabore avec les forces de police en leur donnant accès à des milliards d’infirmations récupérées sur le Net. Dans le but d’identifier des suspects, l’application Clearview AI permet de comparer des photos et ainsi obtenir des renseignements «scrappés », c’est-à-dire extraits automatiquement à partir de diverses plateformes.
Dès ses débuts, Clearview AI a suscité l’inquiétude quant au respect de la vie privée. En effet, l’entreprise transmettait foule de renseignements personnels aux autorités (nom, âge, profession, nature des déplacements…) avec juste une photo comme référence. Bien évidemment, les informations récupérées le sont sans l’aval des internautes qui en ont validé les conditions d’utilisations sur les sites concernés. Cela est par exemple le cas pour Facebook, Linkedin ou encore Twitter.
Le scandale Clearview AI a éclaté suite à une enquête de Buzzfeed qui a eu accès à la liste des clients de l’entreprise. Par la suite, un article du New York Times qui a révélé que la start-up newyorkaise servait de joujou à des personnalités. Ces dernières l’utilisait pour mettre un nom sur un visage dans le cadre d’une utilisation privée. Il suffit de télécharger la photo de la personne sur l’application pour avoir tout une liste d’informations sur cette dernière. De son compte Facebook à ses Tweets en passants par les photos de vacances sur Instagram ou encore d’anciennes vidéos datant d’il y plus de 10 ans, Clearview AI révèle absolument tout.
IA et violation de la vie privée, les GAFAM dans un jeu de dupes ?
Ainsi, les géants du web Twitter, Google et Facebook ont mis en demeure la start-up afin qu’elle ne puisse plus utiliser d’images sur leurs plateformes. En effet, l’enquête Buzzfeed a révélé que l’entreprise avait aussi été approché par des états étrangers tel que l’Arabie Saoudite. Ce qui rend la situation anxiogène c’est que le logiciel puisse devenir une arme aux mains de régimes autoritaires.
Les plateformes ont ainsi exigé que Clearview AI supprime les données de leurs utilisateurs déjà récupérées et arrête de les compulser. La start-up a tout simplement refusé, ce réfugiant derrière la Constitution pour légitimer son action. Le patron de la firme Hoan Ton-Than argue en effet que l’accès à des données publiques relève de la liberté d’expression et d’information.
Le Canada a lui tout bonnement interdit l’application et engagé des poursuites afin de contraindre l’entreprise à la suppression des données de ses ressortissants. Dans la foulée, afin de soutien le mouvement Black Lives Matter, IBM, Microsoft et Amazon ont décidé de renoncer à la reconnaissance faciale. En effet, les géants de la tech souhaitent qu’une législation régissent l’IA afin que les discriminations raciales soient éradiquées.
Il semble toutefois que malgré leurs récriminations, les GAFAM soient plus gênés par le fait d’être la source à partir de laquelle sont puisées les informations que par le respect de la vie privée de leur utilisateurs. Il suffit pour s’en convaincre de prêter une plus grande attention aux conditions générales d’utilisation des plateformes qui leur assurent un accès libre et total sur tout le contenu qui y est diffusé.
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