Et si devenir mère changeait tout ? Autant votre identité que votre biologie ? Plongez dans les transformations intimes de la matrescence.

Porter un enfant, le mettre au monde, le voir grandir… Et si cela ne transformait pas seulement notre vie, mais aussi notre identité profonde ? Depuis quelques années, un terme résonne de plus en plus dans les cercles de parentalité, les podcasts et les livres : la matrescence. Contraction de « maternité » et « adolescence », ce concept met en lumière une période souvent passée sous silence : celle où la femme devient mère… et change à jamais.
Dans cet article :
La matrescence, une métamorphose comparable à l’adolescence
La matrescence, un mot popularisé par la psychiatre américaine Dana Raphael dans les années 1970, puis repris par l’anthropologue Aurélie Athan, décrit le bouleversement physique, hormonal, émotionnel, social et identitaire que vit une femme en devenant mère. Tout comme l’adolescence marque le passage de l’enfance à l’âge adulte, la matrescence marque la transition de la femme à la mère.
Ce n’est pas une simple étape : c’est un séisme intérieur. Le cerveau se réorganise, le rapport au monde change, les priorités se redéfinissent, et parfois, une crise identitaire surgit. D’un jour à l’autre (ou presque), la femme doit composer avec de nouvelles responsabilités, une charge mentale inédite, une fatigue extrême et un amour d’une intensité jamais vécue.
Les manifestations concrètes de ce changement
Chaque femme vit sa matrescence à sa manière, mais plusieurs changements profonds peuvent être observés :
- Physiques : Le post-partum, les douleurs, la lactation, les cicatrices éventuelles, les bouleversements hormonaux… Le corps n’est plus tout à fait le même.
- Psychologiques : Sentiment d’ambivalence, hypersensibilité, questionnement identitaire, besoin de redéfinir sa place dans le couple ou la société.
- Neurobiologiques : Des études ont montré que le cerveau des mères se modifie après l’accouchement, notamment au niveau de la mémoire, de l’attention et de l’empathie.
- Sociaux et professionnels : Difficulté à retrouver sa place au travail, regard de la société, injonctions contradictoires à « rester soi-même » tout en « étant une mère parfaite »…
Comme l’exprime la journaliste Clémentine Sarlat, créatrice du podcast La Matrescence, on ne naît pas mère, on le devient. Et cela peut être aussi vertigineux que libérateur.
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Pourquoi en parler est essentiel
Longtemps, ces bouleversements ont été ignorés ou minimisés. On valorisait la grossesse, l’accouchement, le bébé… mais peu la femme en mutation. Résultat ? De nombreuses jeunes mères ressentaient un sentiment de solitude, voire de honte. Elles ne se retrouvaient pas dans l’image idéalisée de la maternité.
Mettre des mots sur la matrescence permet de :
- Briser les tabous autour de la réalité du post-partum.
- Accompagner les femmes dans cette phase de transformation.
- Favoriser un meilleur soutien du couple, du cercle familial et de la société.
- Prévenir certains troubles psychiques, comme le baby blues, la dépression post-partum, en normalisant les doutes et les émotions contradictoires.
Comment traverser la matrescence sereinement ?
Maintenant que le mot est posé, que faire pour vivre cette transition plus sereinement ? Voici quelques clés concrètes pour apprivoiser la matrescence :
- Nommer ce que l’on vit : rien que mettre un mot sur ces bouleversements peut apaiser. Non, vous n’êtes pas « folle » ou « ingrate », vous êtes en pleine matrescence.
- S’autoriser à ne pas tout maîtriser : accepter de tâtonner, de douter, de se sentir parfois dépassée. La perfection n’existe pas.
- Parler, encore et toujours : à son partenaire, à une amie, à un professionnel. Les cercles de parole entre jeunes mamans, les psychologues ou les groupes post-partum sont des espaces précieux.
- Se reconnecter à soi : même 10 minutes par jour. Lire, méditer, écrire dans un journal, marcher seule, retrouver un loisir… Ce n’est pas du luxe, c’est une bouffée d’oxygène.
- S’entourer sans culpabilité : on a le droit de demander de l’aide. À son conjoint, à sa famille, à des proches, ou à des pros du post-partum.
- Consommer du contenu déculpabilisant : podcasts comme La Matrescence de Clémentine Sarlat, Bliss Stories de Clémentine Galey, livres sur le sujet de la maternité ou de la charge mentale, peuvent faire beaucoup de bien.
À retenir : oui, la matrescence peut secouer, bousculer, remettre en question… mais elle peut aussi devenir une véritable renaissance. À condition de s’écouter, de se faire confiance, et surtout… de ne pas rester seule.
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Un sujet en pleine reconnaissance
De plus en plus d’acteurs s’emparent du sujet : sages-femmes, doulas, psychologues, coachs en parentalité. Le but ? Mieux accompagner les femmes, les informer et leur donner des outils pour vivre cette transition avec plus de douceur.
Vidéo bonus pour aller plus loin
La matrescence, ce n’est pas un mal à guérir, mais une mutation à comprendre et à respecter. En reconnaissant cette étape, en la nommant, on offre aux femmes le droit de vivre leur maternité dans toute sa complexité, avec bienveillance, sans culpabilité, et peut-être une future génération plus sereine.
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