Dans un livre récent, la journaliste Judith Duportail a décidé de dévoiler les mécanismes secrets qui régissent le fonctionnement de l’application de rencontre la plus populaires. De quoi surprendre ses près de 50 millions d’utilisateurs à travers le monde. En effet, si depuis sa création en 2012 aux Etats-Unis, le fonctionnement de Tinder semble ne pas avoir beaucoup changé, les algorithmes de Tinder sont loin d’être aussi inoffensifs que vous pourriez le penser…
Draguer sur internet est aujourd’hui une pratique très répendue. Et avec plus de 4 millions de célibataires près à payer pour les services de Tinder Plus, la poule aux œufs d’or du dating en ligne a toutes les raisons de continuer à rester l’une des applications les plus rentables. Comment fonctionne-t-elle ? Et quels sont surtout ses secrets pour vous rendre complètement accro : c’est ce que nous explique Judith Duportail dans son livre « L’Amour sous algorithme », dont nous résumons certaines des révélations les plus surprenantes dans l’article d’aujourd’hui.
Dans cet article :
Un fonctionnement très simple, mais rapidement addictif
Le succès de Tinder s’explique par une recette très simple : avec son interface ludique, adaptée aux smartphones et à la surconsommation, l’application mise sur l’instantanéité de rencontres. Pas question de répondre à un long questionnaire ou de se présenter de manière très précise, il vous suffit d’avoir un profil Facebook pour en créer un en quelques secondes sur Tinder. Ensuite, de simples critères d’âge, de sexe, et de localisation géographiques suffiront à vous présenter les autres célibataires avec lesquels vous pourriez « matcher ».
Puis à swiper vers la gauche ou la droite pour déterminer si vous aimez ce que vous voyez. Si la personne en face vous apprécie également (en vous swipant à droite) c’est le match et vous pouvez commencer à échanger. Avec un fonctionnement aussi simple, pas étonnant que Tinder devienne rapidement addictif. C’est l’un des aspects sur lequel la journaliste insiste le plus. Elle installe elle-même l’application après une rupture douloureuse, et avoue rapidement ne plus pouvoir s’en passer, swipant au réveil ou lorsqu’elle se brosse les dents.
Vos données sont précieuses pour l’algorithme de Tinder
Derrière ce fonctionnement qui s’apparente plus à un jeu qu’à du dating, se cache un fonctionnement plus obscure. Celui des algorithmes utilisés par l’application pour vous suggérer les profils qui seraient susceptibles de vous plaire. Car plus Tinder optimise vos rencontres, plus vous êtes tenté de rester et continuer à utiliser ses services. Comme chez Coca Cola, la formule est tenue secrète, et on évoque uniquement une technologie de pointe. Le site rencontresanslendemain.net précise d’ailleurs que l’algorithme agit de la même manière que vous soyez à la recherche d’une rencontre coquine ou sérieuse.
La journaliste Judith Duportail s’y est intéressé de près, demandant à Tinder de lui fournir une copie de ses propres données (ce que chaque utilisateur est en droit de faire). En retour, elle a reçu un fichier de plus de 800 pages dans laquelle elle a retrouvé des données très personnelles, comme ses échanges avec les autres membres, le plus souvent très crus.
Ce dont ses 50 millions d’utilisateurs ne se doutent pas, c’est que Tinder est une énorme réserve à données personnelles. Des données très intimes, qui ont trait à vos attirances personnelles, ou à votre manière de vous comporter lorsque vous séduisez un parfait inconnu. Ce qui place en retour un pouvoir énorme entre les mains de l’application, à commencer par déterminer qui vous allez pouvoir rencontrer, et potentiellement aimer.
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Dis-moi si je suis la plus belle du royaume des « matchs »
Autre sujet sensible lorsque l’on évoque le fonctionnement de Tinder : le fameux score de désirabilité, qui va déterminer votre capacité à trouver des matchs sur l’application. Là encore, l’algorithme utilisé par Tinder n’est jamais détaillé. On sait simplement qu’il s’appelle l’Elo Score et qu’il permet de vous mettre en relation avec des personnes chez qui il serait similaire. En réalité, on ignore encore précisément comment sont générés les matchs, et de quelle manière l’application décide qui elle va nous montrer, et qui verra notre profil.
Judith Duportail a encore une fois cherché à comprendre comment elle était notée par l’application. Elle a même fait appel à un hacker pour récupérer les données la concernant, sans pouvoir affirmer qu’il s’agissait bien du fameux Elo Score.
Et le résultat montre une façon très stéréotypée d’appréhender l’amour chez Tinder. Par exemple, un profil d’homme âgé mais disposant selon toute vraisemblance d’importants moyens financiers sera plus souvent suggéré aux femmes plus jeunes. A l’inverse, les cougars peuvent se rhabiller. Idem pour les hommes qui gagnent peu d’argent, dont le profil ne sera que rarement suggéré aux femmes ayant un salaire plus important. N’oublions pas que la science n’est jamais neutre, et que Tinder reste une application sociale conçue par des ingénieurs masculins précise lacse.fr
Beaucoup de questions qui restent sans réponse…
Suite aux révélations faites par la journaliste, Tinder a répliqué via un communiqué publié en mars derniers. Selon ses fondateurs, les matchs sont proposés uniquement sur la base de nos activités récentes, préférences (renseignées sur Facebook) et notre emplacement géographiques. Pas de considérations pécuniaires selon eux, l’application n’ayant aucun moyen de savoir « si vous gagnez 10 ou 10 millions d’euros par an ».
Cependant, cela ne veut pas vraiment dire que la génération de match n’a jamais suivi une telle logique. Et la question reste donc entière jusqu’à ce que l’on nous démontre clairement comment sont utilisées nos données personnelles. Cependant, étant donné la forte opacité qui régit les applications de rencontres (et d’autant plus quand elles sont aussi populaires), on risque d’attendre encore longtemps.
Le communiqué de Tinder laisse d’ailleurs entrevoir que l’Elo Score aurait bel et bien été utilisé, même s’il n’est aujourd’hui plus d’actualité. En réalité, l’algorithme aurait comparé nos swipe à droite ou à gauche pour nous proposer des profils plus susceptibles de nous plaire (un peu comme les suggestions sur YouTube, par exemple). A vous de déterminer si cela vous semble être une logique intéressante pour déterminer vos rencontres, et votre futur amoureux !
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