À mesure que les saisons évoluent, le football baisse peu à peu en audience. Et les chiffres ont de quoi inquiéter les acteurs du cuir rond.
Alors que le football était autrefois célébré comme un véritable art, capable d’unir des millions de passionnés autour d’un même idéal, force est de constater qu’une ombre s’est glissée sur ce sport emblématique. Les stades, jadis remplis d’une ferveur inouïe, semblent désormais résonner d’un écho lointain. Les joueurs, souvent plus préoccupés par leurs contrats mirobolants et leur image sur les réseaux sociaux que par la beauté du jeu, peinent à transmettre cette magie qui faisait vibrer les cœurs. Pour s’en convaincre, l’Association européenne des clubs (ECA) a réalisé en 2020 un sondage et en a publié les résultats qui sont passés comme une ombre dans la nuit. L’étude révèle que seulement 28% des sondés de 18 à 24 ans se disaient “fans” ou “particulièrement fans” de football, contre plus de 35% chez les plus âgés. Et en 4 ans, les choses semblent s’être empirées, mais non sans raison.
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La surcommercialisation du football
Le football est aujourd’hui une industrie, avec des joueurs dont les salaires atteignent des sommes astronomiques. Selon les statistiques de la FIFA, le marché est estimé à près de 600 milliards de dollars et les choses ne sont pas près de s’arrêter. L’industrie est sans cesse orientée vers la recherche effrénée du profit. Cela étant, chaque année, le prix des abonnements pour suivre les matchs augmente et cela s’accompagne d’une baisse d’audience.
En 2024, pour avoir la chance de regarder toute la Ligue 1, il faut débourser au moins 40 euros. Lorsqu’on y ajoute les matchs de la Ligue des champions, on se retrouve mensuellement à près de 75 euros. Une part importante que tout le monde ne peut pas se permettre. Forcément, une baisse d’audience s’ensuit et cela ne concerne pas seulement le championnat français. Les premiers matchs du PSG en Ligue des champions ont par exemple obtenu des scores d’audience décevants sur Canal+. Et on ne dira pas très vite qu’il ne s’agit que du PSG, puisque les rencontres des bleus subissent les mêmes problèmes sur TF1.
Trop de foot tue le football
Poussées par la recherche effrénée du profit, les associations de football ont lancé ces dernières années une variété de compétitions ou multipliant le nombre de rencontres. En 2024, la Ligue des champions a par exemple changé de format, puisque quelques clubs dissidents avaient menacé de créer leur propre Super Ligue, arguant que l’argent qu’ils recevaient en LDC était trop peu. Outre cela, la FIFA décide de lancer un mondial des clubs plus élargis en fin de saison pour générer encore plus de revenus. Pour Bixente Lizarazu, c’est bien là le souci de ce sport qui commence à perdre en attrait. « Il y a une forme de saturation autour du produit foot : trop de rencontres, trop de compétitions qui ne servent à rien, trop d’abonnements pour les regarder, un manque de repères », a-t-il affirmé à L’Équipe.
La magie du football s’est estompée
Mais si le football était si bien apprécié, pourquoi une grande multiplication de matchs le tuerait-elle ? Bien parce que la magie qui faisait lever tout un stade n’y est plus. Cette touche de magie dont pouvaient se fendre les joueurs n’existe plus et les rivalités n’ont plus aucun sens. En bref, le football lui-même a perdu toute son authenticité, toute sa qualité.
Si au préalable les joueurs pouvaient faire parler leur créativité, distiller de la joie tout en couronnant leur match de succès, le succès est aujourd’hui le but ultime. Le football est devenu pragmatique, mécanique et la créativité est sacrifiée sur l’autel des résultats, qu’importe la manière.
Certains entraîneurs vont jusqu’à codifier la manière dont les joueurs jouent au millimètre près, de leur déplacement la balle au pied à leur positionnement par rapport au porteur de balle.
Les médias ont dénaturé le football
Autrefois, les médias étaient les porteurs de la ferveur que distillait le football le week-end. Ce sont eux qui prolongeaient l’enthousiasme jusqu’à la prochaine rencontre. Malheureusement, le sensationnalisme des médias a conduit au manque d’attrait pour le sport roi : en exagérant certains évènements et en réduisant la beauté du jeu à des statistiques ou à des moments isolés.
Avec la rareté du joga bonito, chaque touche semblable est reprise et exagérée. Un joueur peut par exemple livrer une pâle copie, mais recevoir des éloges pour avoir taclé plus que tout le monde, créer beaucoup de chances et tirer plus que tout le monde, même si ce sont des tirs non cadrés.
Ayant compris comment cela fonctionne, les joueurs veulent livrer de bonnes statistiques jusqu’à jouer parfois hors position. Et aujourd’hui, les joueurs les plus médiatisés ne sont pas forcément les plus importants au cœur du jeu. Une médiatisation qui influence également beaucoup lors de la remise des prix. Pour preuve, la remise des trophées est aujourd’hui réduite à la LDC et aux cinq grands championnats. Pourtant, le niveau de médiatisation ne signifie pas un jeu plus élevé et plus beau.
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La multiplication des options de divertissement
Le football ayant perdu de sa magie, il n’est plus la seule source de divertissement, en plus d’être cher. Avec l’émergence des plateformes de streaming, des jeux vidéos immersifs et d’autres sports en plein essor, les fans jonglent entre une multitude d’options qui capte leur attention au-delà du simple match. Il n’est plus suffisant pour les clubs de présenter un spectacle stellaire sur le terrain ; ils doivent également rivaliser avec des expériences narratives captivantes offertes par la culture populaire.
Pour Laurent Salvaudon, directeur de la rédaction de la chaîne et des créations digitales de RMC Sport, c’est cette concurrence qui contribue à la baisse des audiences et au désintérêt que connaît le sport. Comment faire alors pour relancer la machine ?
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