Le cannabis est une plante psychotrope aux vertus controversées. Sa consommation est strictement prohibée dans certains pays comme la France, tandis que d’autres préfèrent en contrôler l’usage. Pour les défenseurs de l’usage thérapeutique du cannabis, il aurait des effets bénéfiques sur le sommeil. Toutefois, il est encore difficile aujourd’hui d’avoir une position tranchée à ce sujet. Qu’en est-il vraiment ?
Dans cet article :
Comprendre les cycles du sommeil
Avant d’aborder les effets du cannabis sur le sommeil, il convient de s’intéresser aux cycles du sommeil. Notre sommeil est rythmé par plusieurs cycles (4 à 6 selon la durée du sommeil) non identiques d’une durée variant entre une et deux heures en fonction des individus. Un cycle de sommeil se décompose en plusieurs stades.
- Stade N1, l’endormissement : c’est l’étape transitoire entre l’éveil et le sommeil, on n’a pas vraiment l’impression de dormir. Il dure un quart d’heure en moyenne.
- Stade N2, le sommeil : à ce stade, les muscles se détendent, les yeux bougent lentement sous les paupières avant de s’arrêter complètement.
- Stade N3, le sommeil profond : c’est le moment où l’organisme récupère physiquement, secrète les hormones de croissance et élimine les toxines cérébrales.
- Stade R, le sommeil paradoxal : l’activité cérébrale est intense (proche de la phase d’éveil) alors que le corps semble quasiment paralysé. C’est à ce stade que les rêves surviennent le plus et les apprentissages se consolident. Cette étape est également appelée REM, abréviation anglaise de Rapid Eye Movement en référence au fait que lors de cette phase, les mouvements des yeux sont très rapides.
Les 3 premières phases sont qualifiées d’ondes lentes en raison du fait que c’est le moment où le corps s’isole progressivement de son environnement immédiat. On notera que pendant la première partie, le sommeil profond est plus présent alors que la deuxième partie est une succession de sommeil léger et paradoxal. On l’a donc compris, un sommeil de qualité est très important pour assurer une bonne qualité de vie. Toutefois, que penser du recours au cannabis pour l’amélioration du sommeil ?
Cannabis et fatigue : est-ce fumer un joint qu’il aide à s’endormir ?
Parce qu’il produit des effets sur le cerveau, le cannabis est classé parmi les drogues psychotropes. C’est la raison pour laquelle son usage a été progressivement restreint ou même interdit dans certains pays à partir des années 1930. L’un des effets secondaires est qu’il peut entraîner fatigue et somnolence. C’est une des raisons pour lesquelles il est déconseillé d’en consommer avant de prendre le volant, au travail ou dans toute situation nécessitant une importante concentration. Toutefois, pour les partisans d’un usage thérapeutique de cette substance, elle serait plutôt bienfaisante en cas de difficultés à s’endormir.
Des données médicales ont permis d’établir qu’à faible dose, la marijuana a un effet sédatif et par conséquent accélère le temps d’endormissement. Il est d’ailleurs connu que la prise de cannabis provoque un état de somnolence très important. Ainsi, une expérience menée en 1973 a permis de découvrir qu’en administrant 20 mg de THC (tétrahydrocannabinol), une des molécules actives du cannabis à des cobayes, celles-ci s’endormaient assez vite. Cependant, les sujets ayant reçu une dose de 30 mg ont éprouvé des difficultés d’endormissement. On en déduit donc qu’à faible dose, le cannabis serait favorable à l’endormissement.
Néanmoins, il faut apporter une petite nuance à cette conclusion. En effet, si dans l’expérimentation évoquée ci-dessus, il est question d’administration d’une seule molécule (le THC) extraite de la plante, celle-ci contient d’autres molécules dont les effets peuvent s’avérer contraires. Il n’y a à ce jour aucune certitude quant à l’effet combiné des différentes substances contenues dans un plant de cannabis. Il est aussi confirmé qu’une consommation régulière de weed estompe ses effets anxiolytiques. À ceci, il faut ajouter le fait que toutes les plantes de cannabis n’ont pas la même concentration des molécules qui les composent. Les effets vont donc dépendre des différentes composantes de la plante de marijuana ainsi que de leur concentration.
Dort-on mieux après avoir consommé le cannabis ?
En l’absence d’études cliniques de grande envergure sur le sujet, il serait prudent d’avancer avec précaution. Par ailleurs, des études scientifiques affirment que des dérivés du cannabis améliorent certaines étapes du sommeil. Cette affirmation est corroborée par beaucoup de consommateurs qui soutiennent qu’ils dorment mieux après avoir fumé de la weed.
Dans ce sens, les effets anxiolytiques et anti-insomnies de certaines substances issues du cannabis ont été prouvés par la science. C’est notamment le cas du THC, un des principaux composants du cannabis. Il est admis que cette substance augmente le temps de sommeil. D’ailleurs, elle est administrée sous sa forme synthétisée à des patients souffrant de troubles du sommeil en relation avec le stress post-traumatique.
Il faut toutefois rester prudent, car toutes les variétés de cannabis n’ont pas la composition chimique, ce qui rend aléatoire l’obtention du résultat recherché en le consommant. Également, certaines observations faites sur des utilisateurs ont permis d’établir qu’ils paraissaient fatigués en dépit du fait que ceux-ci ont déclaré avoir bien dormi. La marijuana ne permettrait donc pas un sommeil réparateur.
Le cannabis impacte-t-il les rêves ?
Déjà, il n’est pas aisé d’apporter une réponse catégorique à cette interrogation, car très peu d’études ont été faites sur la question. Elles tendraient à démontrer que la prise de cannabis affecte la durée du sommeil paradoxal qui comme on l’a souligné plus haut est le stade durant lequel les rêves surviennent. Des témoignages permettent effectivement d’établir une diminution des rêves chez des sujets ayant consommé de fortes doses de cannabis. De même, certains utilisateurs ayant constaté une diminution des rêves ont déclaré un effet inverse lorsqu’ils s’abstenaient.
Cependant, des études récentes viennent remettre en cause ce fait arguant. Selon ses expériences, aucune différence n’a été constatée entre la qualité du sommeil paradoxal chez des individus consommant du cannabis actif ou placebo. Concernant les cas de rebond des rêves lors de l’abstinence, il conclut tout simplement que c’est parce que les sujets à jeun se souviennent plus facilement de leurs rêves.
Quelles conséquences sur le sommeil en cas de sevrage ?
L’arrêt de prise de cannabis engendre très souvent des troubles du sommeil. Ces troubles apparaissent dès les premiers jours suivant le sevrage et sont même susceptibles de s’aggraver au fil des jours durant une période pouvant atteindre 6 semaines. C’est ce qu’a mis en évidence une enquête réalisée en 2011 sur une vingtaine d’adultes consommateurs réguliers.
Pour mener l’étude, ces personnes avaient le droit de fumer de la weed pendant 3 jours autant qu’ils en avaient envie puis pendant les 3 jours suivants, ils devaient s’abstenir de toute consommation. Il en est ressorti que pendant la période du sevrage, ils avaient du mal à s’endormir, leur sommeil profond s’était raccourci. Néanmoins, leur sommeil paradoxal avait augmenté bien qu’ils faisaient des rêves bizarres et hallucinatoires au début du sevrage.
Est-ce que le CBD aide à mieux dormir ?
À part le THC, le Cannabidiol (CBD) est le deuxième composé principal du cannabis. Pour beaucoup de chercheurs, cette substance n’est pas psychotrope malgré le fait qu’elle favorise la relaxation. Elle possède également des vertus anti-inflammatoires, anxiolytiques et neuroprotectrices. D’ailleurs, elle est de plus en plus autorisée dans les pays dans le cadre d’un usage médical.
Beaucoup de travaux d’investigation ont été effectués pour connaître davantage les effets de cette molécule sur le sommeil. Des patients insomniaques ayant reçu des doses de CBD ont déclaré une amélioration significative de leur état par rapport à ceux ayant reçu des doses de placebo. Toutefois, il a été constaté qu’ils faisaient très peu de rêves. La conclusion qui en est sortie est qu’elle peut être administrée à des patients souffrant de troubles anxieux généralisés, une maladie qui se manifeste par des perturbations du cycle sommeil-réveil.
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