Face à un squatteur, elle reprend son logement seule. Un geste interdit par la loi, qui pourrait lui valoir 3 ans de prison…

Pensant retrouver son bien pour le vendre, Anna découvre qu’il est occupé par un squatteur. Face à l’urgence, elle reprend possession de son logement… illégalement. Aujourd’hui, elle risque une lourde peine.
Une découverte choquante lors d’une visite immobilière
L’histoire aurait pu être celle d’une simple vente immobilière. Anna (nom modifié), une propriétaire bordelaise, prépare la visite de son appartement à vendre. Mais en arrivant avec de potentiels acheteurs, elle découvre l’impensable : sa clé ne fonctionne plus. La serrure a été changée.
Très vite, elle comprend qu’un inconnu s’est installé illégalement dans le logement. D’après ses premières constatations, le squatteur aurait pris possession des lieux depuis environ une semaine. Pire encore, il aurait réussi à mettre le contrat d’électricité à son nom, renforçant son apparente « légitimité ».
Elle décide d’agir seule, hors des clous de la loi
Consciente des délais judiciaires particulièrement longs en matière d’expulsion de squatteurs, Anna se retrouve face à un dilemme. D’un côté, elle doit vendre rapidement, probablement pour des raisons financières. De l’autre, la loi française interdit strictement toute expulsion par un particulier, même si le bien lui appartient.
Malgré tout, Anna prend une décision risquée : elle se fait justice elle-même. Elle fait appel à un serrurier pour forcer la porte de son propre appartement. Une fois à l’intérieur, elle découvre un logement complètement réaménagé par le squatteur, mais celui-ci est absent.
Sans attendre, elle :
- vide entièrement le logement,
- installe un nouveau système de sécurité,
- change à nouveau les serrures.
Une opération éclair, menée dans l’urgence et le silence, en pleine conscience de son caractère illégal.
Une loi qui ne laisse aucune ambiguïté
En France, le droit est formel : nul n’a le droit de se faire justice soi-même. Ce principe fondamental est inscrit dans le Code pénal. Si un logement est occupé illégalement, le propriétaire doit saisir la préfecture ou obtenir une décision de justice pour lancer une procédure d’expulsion. Même dans les cas flagrants de squat, la loi exige une action encadrée par les autorités.
Or, en agissant seule, Anna pourrait être poursuivie. Elle encourt jusqu’à 3 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Une peine lourde, surtout pour quelqu’un qui cherchait simplement à récupérer son bien.
L’UNPI (Union nationale des propriétaires immobiliers), interrogée par Actu Bordeaux, rappelle fermement :
« En France, on n’a pas le droit de se faire justice soi-même. La propriétaire peut être condamnée si le squatteur se retourne contre elle. »
Et c’est bien là le risque : le squatteur a désormais la possibilité de porter plainte pour violation de domicile, voire pour vol ou dégradation.
Une affaire symptomatique du malaise des propriétaires
Ce fait divers n’est pas isolé. Il soulève une question qui touche de nombreux Français : que peut faire un propriétaire face à un squat ?
Les procédures sont souvent longues, complexes et désespérantes. Les délais peuvent s’étendre sur plusieurs mois, même si la loi a été durcie en 2023 avec la loi Kasbarian-Bergé visant à accélérer les expulsions illégales.
Mais dans la pratique, les propriétaires restent souvent démunis, et la tentation de passer à l’action soi-même est grande. C’est cette colère sourde, ce sentiment d’injustice que symbolise l’histoire d’Anna.
Une affaire judiciaire à suivre de près
Le cas d’Anna pourrait désormais se jouer devant les tribunaux. Tout dépendra de la réaction du squatteur : portera-t-il plainte ? La justice estimera-t-elle qu’Anna a agi sous la contrainte d’une urgence financière ou morale ? Ou retiendra-t-elle la rigueur du droit ?
Quoi qu’il en soit, cette affaire relance le débat sur l’équilibre entre la protection du domicile et celle du droit de propriété. Car aujourd’hui, un propriétaire peut être sanctionné pour avoir récupéré son bien… tandis que le squatteur est encore protégé.
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