« Trop grosse », « trop maigre », « trop moche » : bienvenue dans l’ère du bodyshaming ! Le corps des femmes est constamment jugé et ça fait des ravages. Alors, stop à ce poison invisible, mais bien réel.
Critiquer un corps, c’est critiquer une personne dans son intimité la plus profonde. Le bodyshaming ou « le dénigrement du corps » est une forme de moquerie ou de jugement fondée sur l’apparence physique. Des petites remarques aux insultes violentes, le bodyshaming peut se manifester dans toutes les sphères de la société. Et ses conséquences sont bien plus lourdes qu’on ne le pense…
Dans cet article :
Qu’est-ce que le bodyshaming exactement ?
Le bodyshaming consiste à faire honte à quelqu’un à cause de son apparence. Cela peut concerner le poids (trop gros, trop maigre), la taille, la peau (acné, cicatrices, vitiligo…), les cheveux, les vergetures, la pilosité, la poitrine, les dents, les pieds… la liste est longue, car n’importe quelle partie de notre corps peut être soumis aux critiques.
De plus, le bodyshaming s’infiltre partout, à tout moment : dans la cour de récré, dans les dîners en famille, dans les vestiaires, les réseaux sociaux, en entreprise, et même dans la publicité et les discours médicaux.
Ces jugements peuvent être directs : « Tu devrais faire un régime », ou insidieux : « C’est dommage, t’as un si joli visage », ou même pseudo-bienveillant, « C’est pour ton bien, tu devrais prendre soin de toi ».
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Un mal ancré dans la société
Pourquoi juge-t-on autant les corps ? Parce que notre société valorise certains standards de beauté, minces, jeunes, valides, et invisibilise ou stigmatise tout ce qui s’en éloigne. Les réseaux sociaux ont aggravé le phénomène avec la culture de la comparaison, des filtres, et des photos retouchées. Dès qu’une personne publie une photo, il est très facile de le commenter derrière son écran.
Le corps devient une vitrine à juger, liker ou rejeter.
Le bodyshaming touche tout le monde, mais certains profils sont davantage ciblés : les femmes, les personnes grosses, les personnes transgenres ou handicapées.
Des standards qui évoluent… mais toujours exclusifs
À travers l’Histoire, les critères de beauté ont fluctué. Dans l’Antiquité ou à la Renaissance, les formes généreuses étaient valorisées, symboles de fertilité et de richesse. Dans les années 90, la maigreur extrême des mannequins comme Kate Moss imposait le « heroin chic ». Aujourd’hui, place aux courbes stylisées façon Kardashian, à condition qu’elles soient bien réparties… et retouchées.
Derrière ces évolutions, un constat demeure : seuls certains corps sont mis en valeur, les autres sont invisibilisés ou critiqués. Maigre ou grosse, il est impossible de répondre à ces standards changeants, alors pourquoi essayer de s’y conformer ?
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Réseaux sociaux, médias : un double tranchant
Instagram, TikTok, YouTube… Ces plateformes sont devenues des vitrines du corps parfait. Pourtant, avec les filtres, les retouches, les poses avantageuses (sans oublier la chirurgie esthétique) : les images qu’on y voit sont souvent très éloignées de la vraie réalité.
Même si les réseaux sociaux font du mal, ils ont aussi permis l’émergence de contre-discours puissants : mouvements #BodyPositive, #BodyNeutrality, ou encore #FatAcceptance.
Certaines personnalités jouent un rôle essentiel. L’artiste Lizzo, par exemple, fait de son corps un étendard de liberté. L’actrice Jameela Jamil, avec son projet I Weigh, lutte contre l’obsession du chiffre sur la balance. En France, des influenceuses comme Gaëlle Prudencio ou Louise Aubery prônent l’acceptation de soi et de tous les corps.
Mais l’ambivalence reste forte : le body positive est parfois récupéré par des marques, qui promeuvent la diversité tout en continuant à véhiculer des standards.
Le poids des mois : des conséquences bien réelles
Le bodyshaming n’est pas une simple « taquinerie ». C’est un acte de violence psychologique, voire du harcèlement, qui peut entraîner une baisse de l’estime de soi, des troubles alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie…), de la dépression, de l’anxiété, de l’isolement social, un rejet de soi, une haine du corps, et parfois même un renoncement aux soins médicaux.
Selon une étude de l’université de Californie, les personnes ayant subi des remarques sur leur poids dans l’enfance ou l’adolescence ont jusqu’à trois fois plus de risques de développer des troubles de l’alimentation à l’âge adulte.
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Comment lutter contre le bodyshaming ?
À titre individuel
- Réfléchir avant de commenter un corps, même avec humour.
- Changer de vocabulaire : parler de santé, de confort, d’harmonie, pas seulement d’esthétique.
- S’entourer de contenus bienveillants : suivre des comptes qui valorisent la diversité corporelle.
- Travailler l’acceptation de soi, éventuellement accompagné d’un pro (coach, psy…).
Collectivement
- Valoriser les initiatives associatives comme Gras Politique ou encore Stop Grossophobie.
- Former à la diversité corporelle dans les écoles, les entreprises, les hôpitaux.
- Encourager les marques à montrer des corps réels sans retouche.
Le bodyshaming n’est pas un phénomène superficiel. Il est révélateur d’un rapport toxique au corps dans notre société, et il fait des dégâts silencieux, mais profonds. En prendre conscience, c’est déjà un premier pas pour le combattre. Car aucun corps ne mérite la honte. Tous méritent le respect.
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