Être talentueuse, avoir remporté des médailles à des championnats du monde, avoir participé à trois Jeux Olympiques et être la meilleure représentante de son pays dans son sport n’est pas forcément suffisant pour se qualifier pour les Jeux Olympiques si sa discipline n’est pas aussi populaire que l’athlétisme ou la natation. En effet, Zoe Gilligs-Brier en a subi l’amère expérience.
Lors des JO de Sotchi 2014, la championne originaire de l’Isle de Man, entre l’Angleterre et l’Irlande, prend part au départ des demi-finales de snowboard cross féminin. Mais si, vous savez, cette course où quatre concurrents jouent des coudes sur des bosses et dans des virages, et où le vainqueur et bien souvent celui qui arrive à rester debout, plutôt que celui qui va le plus vite. Toujours est-il que suite à une descente acharnée, Zoe n’a pas réussi à accrocher la troisième place, synonyme de qualification pour la finale, la faute aux quelques centimètres de retard sur sa concurrente qui apparurent sur la photo-finish.
Une défaite, cela arrive. Sauf que ce coup du sort à eu des conséquences bien plus graves pour la sportive, car la fondation olympique britannique avait fixé une place dans les six premières comme objectif pour continuer à sponsoriser sa représentante. La fédération a tenu ses promesses, et coupé tout financement à Zoe ainsi qu’au staff et à l’équipe médicale qui entouraient toutes les catégories de snowboard. Dorénavant, c’est avec son propre argent que Zoe doit acheter son matériel, se déplacer sur les différentes étapes de la Coupe du Monde, payer son entraîneur et ses soins médicaux.
Une telle somme ne peut être couverte par une jeune femme de 29 ans sans emploi. Un dilemme s’est donc posé à Zoe ; pour pouvoir continuer à vivre sa passion, elle allait devoir faire autre chose. Et cette multiplicité est un côté méconnu du monde du sport où l’on pense naïvement que tout le monde gagne des millions pour taper dans un ballon, mais on oublie vite que tout le monde n’a pas le même salaire qu’Ibrahimovic et que, même dans le football, les joueurs de deuxième et troisième divisions doivent parfois trouver un second emploi pour pouvoir subvenir à leurs besoins, au moins une fois que leur carrière sportive sera terminée. Alors quand, en plus, on est une femme (dont les inégalités salariales avec les hommes dans le monde du sport sont aberrantes) et que son sport n’est que peu, voire pas du tout, connu, le problème est encore plus important.
Aujourd’hui, en course pour les qualifications aux Jeux 2018 de Pyongcheang, Zoe a créé différentes sociétés et partnerships avec diverses compagnies pour continuer à croire en son rêve de médailles olympiques. La plus récente fut son association avec le site de poker en ligne PokerStars, dont la société-mère est basée sur l’Isle de Man. Mais le nombre de ses sponsors, essentiellement des marques liées de près ou de loin à la montagne, est bien plus important. Elle a aussi des parts dans deux différents business auxquels elle doit accordée beaucoup de temps, Isle Of Deals et PoundShaveClub.com. Deux compagnies très éloignées du monde de la glisse, mais indispensables pour lui permettre de couvrir toutes ses dépenses relatives à une vie de sportive de haut niveau.
Il paraît impensable qu’un pays comme la Grande-Bretagne, ne vienne pas en aide à l’une de ses rares représentantes et chances de médaille aux JO d’hiver. Pourtant, pour Zoe comme pour de nombreux autres, ce sont souvent grâce à des partenariats privés ou un travail à côté que ces passionnés peuvent espérer monter un jour sur la plus haute marche du podium pour quelques secondes de lumière avant de retourner à l’anonymat de leurs jobs et de leurs entraînements. Courage, Zoe !
Dans cette vidéo où elle se filme elle même avec une caméra DJI Osmo, vous pouvez la voir en action et apprécier son style au British Sowboard Cross Team en Autriche :
https://vimeo.com/148924442
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