La Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) présente des avantages certains et des inconvénients à ne surtout pas oublier. Découvrez tout ce que vous devez savoir sur ce statut et cette démarche.
La Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) est un dispositif français mis en place pour faciliter l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Obtenir le statut RQTH vous permet d’avoir des droits spécifiques et des avantages par rapport aux travailleurs sans handicap. Ce statut présente de nombreux avantages et il est même indispensable pour maintenir l’emploi de certaines personnes. Cependant, il comporte également certains inconvénients que vous devez connaître si vous hésitez à entamer les démarches pour l’obtenir. En effet, vous pouvez y gagner, c’est certain, mais que risquez-vous à demander ce statut ? Voici tout ce que vous devez savoir avant de vous lancer, les avantages réels, mais aussi les pièges cachés. Le tout est de le savoir !
En bref, l’essentiel à retenir :
🟢 Avantages | 🔴 Inconvénients |
---|---|
🛠️ Aménagement du poste | 💼 Stigmatisation par l’employeur |
🎓 Accès prioritaire aux formations | 🚧 Limitation dans l’évolution de carrière |
🛡️ Protection contre le licenciement | 🤝 Relations tendues avec les collègues |
⏳ Droit au temps partiel et aménagement des horaires | 📋 Complexité des démarches administratives |
🏖️ Congés supplémentaires | |
💼 Accès facilité à l’emploi | |
💰 Aides financières spécifiques |
Dans cet article :
RQTH : définition et processus d’obtention du statut
Instituée par la loi n° 87-517 du 10 juillet 1987, la RQTH est accordée par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), sous la gestion des Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH).
Critères
- Handicap : La personne doit avoir un handicap, quel qu’il soit (physique, sensoriel, mental, psychique, cognitif ou autre) qui a un impact sur sa capacité à travailler ou à trouver un emploi.
- Impact sur l’emploi : Le handicap doit rendre difficile l’accès à un emploi ou le maintien dans un emploi. Il peut s’agir de difficultés à réaliser certaines tâches, de la nécessité d’aménagements spécifiques ou de limitations dans la capacité à se déplacer.
- Durée du handicap : Le handicap doit être d’une durée d’au moins un an. Cela signifie qu’une difficulté temporaire ou passagère ne justifie pas une demande de RQTH.
- Bénéfices potentiels : La demande de RQTH doit viser à améliorer la situation professionnelle de la personne. Par exemple, en facilitant l’accès à certains dispositifs d’insertion professionnelle, d’aménagement de poste, ou en lui permettant de bénéficier de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés.
- Avis médical : Un avis médical est généralement requis pour justifier la demande. Il doit attester de la nature et de la gravité du handicap, ainsi que de son impact sur le travail.
- Âge : La RQTH peut être demandée à partir de 16 ans et jusqu’à l’âge de la retraite.
Démarche
Pour obtenir cette reconnaissance, la personne concernée doit déposer un dossier auprès de la MDPH de son département. Cette dernière évaluera la situation sur la base d’un certificat médical et d’autres documents justificatifs. La reconnaissance est accordée pour une durée variant généralement entre 1 et 5 ans, renouvelable. Elle ne dépend pas uniquement du degré de handicap, mais également de l’impact de ce handicap sur l’exercice professionnel de la personne.
Plus d’informations dans cette vidéo bonus :
Les avantages de la RQTH
Accès à des dispositifs spécifiques de soutien
Le principal avantage de la RQTH est l’accès à des dispositifs spécifiques de soutien à l’emploi. En effet, les personnes reconnues RQTH peuvent bénéficier de mesures telles que :
- Aménagement du poste de travail : Les employeurs sont tenus de mettre en place des adaptations au poste de travail pour répondre aux besoins spécifiques du salarié en situation de handicap. Par exemple, plus de télétravail si possible, adaptation des horaires pour éviter les bouchons, modifications des tâches pour éviter de porter des charges lourdes, etc.
- Accès prioritaire aux formations professionnelles : Les travailleurs handicapés ont un accès facilité à des formations. Le but est de maintenir leur emploi et de leur permettre des évolutions professionnelles.
Droits renforcés dans l’entreprise
Les travailleurs bénéficiant de la RQTH ont accès à un certain nombre de droits spécifiques au sein de l’entreprise, notamment :
- Protection contre le licenciement : Bien que le licenciement d’un salarié reconnu handicapé soit possible, il est soumis à des règles plus strictes et nécessite une autorisation préalable de l’inspection du travail. Un salarié de base est déjà protégé en entreprise, mais un salarié handicapé l’est encore plus pour éviter les abus éventuels des employeurs.
- Temps partiel : Le travailleur handicapé peut demander à bénéficier d’un temps partiel, sans que cela soit considéré comme un désavantage professionnel. En effet, en aucun cas, son employeur devra l’empêcher d’évoluer dans ses missions ou supprimer ses primes et augmentations annuelles.
- Congés supplémentaires : Dans certains cas, le travailleur RQTH peut bénéficier de jours de congés supplémentaires. Par exemple, pour gérer les rendez-vous médicaux qui peuvent être nombreux et récurrents, ou pour se reposer davantage en raison de leur condition de santé. Les congés ne seront pas décomptés des congés payés.
Accès facilité à l’emploi
La RQTH facilite l’accès à l’emploi des personnes handicapées. En effet, les entreprises de plus de 20 salariés sont tenues d’employer au moins 6 % de travailleurs handicapés. Si ce quota n’est pas respecté, elles doivent verser une contribution à l’AGEFIPH. Ces fonds sont ensuite redistribués sous forme d’aides financières pour l’embauche, le maintien dans l’emploi, et l’aménagement des postes de travail pour les salariés handicapés. L’État propose également des exonérations de charges sociales et d’autres subventions pour encourager l’inclusion professionnelle.
Aides financières et prestations sociales
Les travailleurs reconnus RQTH peuvent également bénéficier d’aides financières spécifiques versées par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ou d’autres organismes publics. Ces aides peuvent inclure :
- Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) : Les personnes dont le taux d’incapacité est d’au moins 80 %, ou compris entre 50 % et 79 % sous certaines conditions, peuvent bénéficier de l’AAH, qui leur garantit un revenu minimum. Cette allocation est destinée à compenser l’impossibilité ou les difficultés importantes à accéder à un emploi en raison du handicap.
- Complément de ressources ou majoration pour la vie autonome : En complément de l’AAH, certaines personnes peuvent bénéficier d’aides supplémentaires. Par exemple, le complément de ressources, destiné à ceux qui ne peuvent travailler du fait de leur handicap, ou la majoration pour la vie autonome, qui aide à couvrir les coûts liés à l’indépendance.
- Prestation de Compensation du Handicap (PCH) : La PCH est une aide versée pour couvrir les dépenses liées aux besoins spécifiques d’une personne handicapée, qu’il s’agisse d’aménagements de domicile, d’aides humaines ou techniques. Elle peut être attribuée en complément d’une RQTH, en fonction des besoins de la personne.
- Autres aides spécifiques : La CAF et d’autres institutions peuvent proposer des aides complémentaires pour les frais de transport, l’aménagement du domicile, ou encore des aides spécifiques pour les parents d’enfants en situation de handicap.
VOIR AUSSI : Comment améliorer l’accessibilité du lieu de travail ?
Les inconvénients de la RQTH
Perception négative par l’employeur
L’un des principaux inconvénients liés à la RQTH est le risque de stigmatisation. Malgré les protections légales, certains travailleurs peuvent être confrontés à des discriminations, qu’elles soient explicites ou implicites. Le fait d’être reconnu comme travailleur handicapé peut parfois être perçu négativement par certains employeurs, ce qui peut conduire à un environnement de travail moins favorable.
Malgré l’obligation d’emploi, les employeurs peuvent être réticents à l’embauche. Ils peuvent craindre que la personne soit moins productive ou plus souvent absente en raison de son état de santé. Un candidat peut se voir refuser un poste sous prétexte que l’entreprise craint des coûts supplémentaires liés à l’aménagement du poste.
Discrimination dans l’évolution de carrière
Un manager pourrait proposer moins de projets importants ou de responsabilités à un salarié RQTH, car il imagine qu’il n’aura pas la capacité de les mener à bien. Ainsi, cela peut nuire à sa confiance en lui, sa réputation et son développement professionnel au global. Si un employé RQTH remarque qu’il n’est jamais inclus dans des projets nécessitant des déplacements fréquents, bien qu’il se sente capable de les gérer, il ne doit pas hésiter à en parler.
A l’inverse, il ne faut pas non plus que les managers lui en demande trop ou n’adapte pas son poste ou son environnement de travail. En effet, certains chefs peuvent augmenter les attentes vis-à-vis d’un salarié RQTH, en supposant qu’il doit « prouver » qu’il est aussi performant que ses collègues, sans reconnaître les besoins spécifiques liés à son handicap. La communication et le « cas par cas » seront les meilleurs alliés.
Relations avec les collègues
La RQTH peut compliquer les relations avec les collègues. En effet, ces derniers peuvent, parfois inconsciemment, adopter des attitudes condescendantes ou éviter d’inclure pleinement un salarié RQTH dans les activités d’équipe. Par exemple, des remarques telles que « On va lui donner quelque chose de plus simple, vu sa situation » peuvent être dites. Même avec de bonnes intentions, elles renforcent un sentiment d’exclusion. Cela peut créer un climat où la personne handicapée se sent moins valorisée ou perçue comme moins compétente.
Dans d’autres cas, les collègues peuvent percevoir les aménagements de travail ou les congés supplémentaires liés au handicap comme du favoritisme. Cela peut alimenter des rumeurs ou créer un climat de méfiance. Par exemple, un salarié RQTH bénéficiant d’horaires aménagés pourrait être perçu comme ayant des privilèges. Cela peut engendrer de la jalousie et des tensions au sein de l’équipe. Il est important d’être transparent et de communiquer pour qu’il n’y ait pas de mal-entendus.
Ainsi, que ce soit pour des raisons bienveillantes ou malveillantes, un salarié RQTH peut être écarté des réunions ou décisions importantes. Soit, le but sera de ne pas le stresser, le surcharger et l’épuiser. Soit, ce sera pour l’exclure par jalousie ou manque de compréhension de son handicap.
Complexité des démarches administratives
En dehors des relations humaines dans le monde du travail, obtenir la RQTH est un processus long et complexe. Tout le monde n’arrive pas au bout de la démarche. Ce n’est pas facile, car il implique de nombreuses démarches administratives. La personne concernée doit prouver en long, en large et en travers son handicap alors qu’elle le vit et le subit tous les jours, ce qui peut parfois être décourageant et même sembler injuste. La constitution du dossier, la collecte des documents nécessaires et les délais de traitement peuvent constituer un frein. Si vous entamez cette démarche, sachez qu’elle sera longue et qu’il y aura éventuellement des embûches, des demandes de preuves supplémentaires, etc.
VOIR AUSSI : 10 artistes connus atteints de handicaps invisibles
Faut-il demander la RQTH ?
La décision de demander la RQTH est très personnelle. Cela va dépendre d’une multitude de facteurs vous concernant. Votre handicap avant tout (degré, visible, invisible, etc.), mais aussi de votre métier, votre secteur d’activité, votre situation personnelle (célibataire, avec ou sans enfants, etc.). De toute évidence, certaines personnes sont obligés d’avoir le statut, car elles ont besoin de soutien, d’aménagement de poste et de protection dans l’emploi. Alors, ces dernières n’ont même pas besoin de se poser la question et de penser aux éventuels inconvénients, elles y gagneront forcément. Pour d’autres, c’est plus complexe, notamment quand le handicap est plus ou moins « invisible » ou déclaré sur le tard. La crainte de la stigmatisation sont à prendre en compte. Dans tous les cas, les mentalités évoluent et si vous faites la démarche, vous participerez à faire bouger les lignes.
Ce qui est certain c’est que cette décision doit être mûrement réfléchie. Vous devez prendre en compte à la fois les avantages et les inconvénients, et mesurer la balance bénéfices/risques. Toutefois, si vous hésitez ou que les démarches administratives vous effraient, vous pouvez demander conseil à des professionnels. Par exemple, des conseillers en insertion professionnelle ou des représentants syndicaux.
VOIR AUSSI : Réforme de l’AAH : comment la CAF change la donne pour les adultes en situation de handicap
La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé est un dispositif précieux pour l’insertion et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Toutefois, elle n’est pas sans inconvénients, notamment en termes de stigmatisation et de complexité administrative. La décision de demander la RQTH doit donc être prise en connaissance de cause. En tout cas, la RQTH reste un outil important pour promouvoir l’égalité des chances dans le monde du travail. Surtout, chacun d’entre nous, employeurs et salariés, doivent reconnaître qu’un handicap n’est pas un frein, mais un levier pour l’inclusion professionnelle.
BuzzWebzine est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :