Depuis plusieurs années, les anglicismes ont envahis le monde du travail. Après le « burnout », c’est au tour du « quiet cutting » et de ses comparses, le « quiet firing » ou encore le « quiet quitting » de faire parler d’eux. Mais, concrétement, de quoi il s’agit ?
Le monde du travail contemporain est en constante évolution. Les entreprises sont confrontées à des défis concurrentiels, des pressions pour la rentabilité et des changements technologiques rapides. Ces facteurs ont souvent conduit à des réductions de personnel, à des licenciements massifs et à des restructurations organisationnelles. Le résultat de ces transformations est un phénomène bien connu dans le monde de l’entreprise : le syndrome du survivant aussi connu sous le nom de « quiet cutting ». Derrière cet anglicisme, se cache en réalité un problème bien plus profond qui entraîne de nombreuses conséquences, notamment sur la santé mentale des employés. Nous allons donc, dans cet article, nous plonger dans les tréfonds de ce mal qui prend de plus en plus d’ampleur afin de mieux le comprendre.
Dans cet article :
Qu’est-ce que le quiet cutting ?
Le quiet cutting ou syndrome du survivant dans le monde du travail, également connu sous le nom de « syndrome du survivant organisationnel » ou « effet du dernier homme debout » (en anglais, « last man standing effect »), est un phénomène qui se produit lorsque les employés d’une organisation ont le sentiment de survivre à des réductions massives de personnel, à des licenciements ou à des départs massifs de collègues. Ce syndrome peut avoir un impact significatif sur la santé mentale et le bien-être des travailleurs, ainsi que sur la culture de l’entreprise.
Les employés qui restent éprouvent un sentiment de culpabilité d’avoir conservé leur emploi alors que leurs collègues ont été licenciés. Ils se demandent « pourquoi moi ? ». Il y a une pression accrue pour justifier leur place dans l’entreprise. Très souvent, les travailleurs qui restent se voient confier les responsabilités de ceux qui sont partis. Avec des attentes qui ne correspondent pas aux compétences de l’employé. Cela va entraîner une charge de travail considérablement plus lourde. Indubitablement, il se crée un stress au travail excessif et une augmentation de la pression. Il peut aussi arriver que les employés soient poussés à bout afin de les contraindre à la démission.
Les employés qui sont témoins de licenciements massifs craignent pour leur propre sécurité d’emploi à l’avenir. Cette incertitude cause un climat de peur et d’anxiété. De plus, les travailleurs peuvent perdre confiance en leur employeur lorsque des réductions massives de personnel ont lieu. Ils se sentent moins en sécurité et moins valorisés au sein de l’entreprise. La motivation des employés peut diminuer à mesure qu’ils voient leurs collègues partir et que l’atmosphère de travail devient plus tendue. Cela peut affecter leur engagement et leur performance au travail.
Quels sont les signes du quiet cutting ?
Le syndrome du survivant, qui se produit dans le contexte de réductions de personnel ou de licenciements massifs au travail, peut se manifester par une série de symptômes et de réactions émotionnelles chez les employés qui restent. Ces symptômes sont différents d’une personne à l’autre. Toutefois, voici quelques-uns des symptômes les plus courants associés au syndrome du survivant dans le monde du travail :
1. La culpabilité
Les employés peuvent éprouver un fort sentiment de culpabilité d’avoir conservé leur emploi alors que leurs collègues ont été remerciés. Ils peuvent se demander pourquoi ils ont été choisis pour rester. C’est le même phénomène auquel on assiste dans le cas d’un accident mortel où il y aurait des survivants.
2. L’anxiété
L’incertitude liée à l’avenir de l’entreprise et à la sécurité de leur propre emploi peut entraîner une anxiété accrue chez les employés qui sont maintenus en poste. Ils peuvent s’inquiéter de la possibilité de futures réductions de personnel.
3. Le stress
La charge de travail accrue due aux départs massifs de collègues peut entraîner un stress excessif. Les employés peuvent se sentir dépassés par leurs nouvelles responsabilités.
4. La dépression
Certains survivants peuvent développer des symptômes de dépression. Notamment une tristesse persistante, une perte d’intérêt pour le travail et une fatigue importante. Pour ces raisons, il est important que chaque employeur est à cœur de privilégier le bien-être au travail de ses collaborateurs.
5. La colère
Les employés peuvent ressentir de la colère envers la direction ou l’entreprise pour avoir provoqué les licenciements ou les réductions de personnel. Ils peuvent également être en colère envers les collègues qui ont été licenciés.
6. L’isolement
Le sentiment de ne pas être compris ou de ne pas avoir de collègues avec lesquels partager leurs préoccupations peut entraîner un isolement social. Les survivants peuvent se retirer et se sentir seuls au travail. Cela peut même être à l’origine d’une rumination mentale et avoir des conséquences dans la vie privée de l’employé.
7. La perte de confiance
La confiance envers la direction et la sécurité de l’emploi peut diminuer chez les survivants. Cela va bien évidemment affecter leur moral et leur motivation. Les conséquences se verront sur les résultats professionnels et même individuellement chez l’employé qui ressent la culpabilité d’avoir survécu au licenciement et à ses répercussions.
8. La baisse de la performance
En raison du stress et de la charge de travail accrue, certains survivants peuvent connaître une baisse de leur performance au travail. Cela peut créer un cercle vicieux de frustration et de culpabilité.
9. Les problèmes de sommeil
L’anxiété, le stress et l’inquiétude peuvent perturber le sommeil. La nuit, les personnes victimes du quiet cutting entrent dans une profonde réflexion. Cela va entraîner des problèmes d’insomnie.
10. Les symptômes physiques
Le stress et l’anxiété liés au syndrome du survivant peuvent se manifester par des symptômes physiques tels que des maux de tête, des douleurs musculaires, des troubles gastro-intestinaux, etc.
Le syndrome du survivant peut varier en intensité d’une personne à l’autre. Certains employés peuvent ressentir de manière aiguë ces symptômes, tandis que d’autres peuvent les éprouver de manière plus modérée. Il arrive aussi que ces symptômes apparaissent immédiatement après les licenciements ou qu’ils se développent progressivement au fil du temps.
Les employeurs peuvent jouer un rôle essentiel en fournissant un soutien émotionnel, des ressources pour gérer le stress et des opportunités de communication ouverte pour aider les employés à faire face au syndrome du survivant. De plus, il est recommandé aux employés qui éprouvent des symptômes graves ou prolongés de chercher un soutien professionnel, notamment une consultation avec un conseiller en santé mentale.
Pourquoi le quiet cutting est devenu si répandu ?
Le quiet cutting est devenu plus répandu dans les entreprises en raison de plusieurs facteurs et tendances dans le monde du travail moderne. En effet, de nombreuses entreprises traversent des périodes de restructuration et de réduction des coûts pour rester compétitives sur le marché. De plus, avec la crise actuelle que connaissent de nombreuses entreprises, les conséquences sont désastreuses pour les employés. En effet, les dirigeants sont parfois obligés de prendre des décisions draconiennes. Ces réorganisations peuvent entraîner des licenciements de masse ou des départs massifs de personnel. Cette situation crée un climat propice à l’émergence du syndrome du survivant.
1. L’évolution rapide de l’industrie
Dans un monde où les entreprises doivent constamment s’adapter aux évolutions technologiques et aux changements du marché, les licenciements et les réductions de personnel peuvent devenir monnaie courante pour s’adapter rapidement.
2. La pression pour la rentabilité
Les entreprises sont souvent sous pression pour générer des profits et satisfaire les actionnaires. Cela peut entraîner des réductions de personnel pour réduire les coûts et accroître l’efficacité.
3. L’économie instable
Les périodes d’instabilité économique, comme les récessions, peuvent inciter les entreprises à réduire leurs effectifs pour survivre financièrement.
4. L’externalisation et l’automatisation
L’externalisation de certaines fonctions et l’automatisation des tâches peuvent réduire la nécessité d’un personnel interne. Cela peut entraîner des licenciements.
5. La culture de l’efficacité
Certaines entreprises mettent l’accent sur l’efficacité et la productivité. Cela peut causer une pression constante sur les employés afin d’être en mesure de faire plus avec moins de ressources.
6. Le manque de planification ou de gestion du changement
Les entreprises qui ne gèrent pas efficacement les transitions, les réductions de personnel ou les changements organisationnels peuvent créer un environnement où le syndrome du survivant se développe plus facilement.
7. La mauvaise communication interne
Une communication interne inefficace peut entraîner un manque de clarté sur les raisons des réductions de personnel et des changements. Cette situation peut amplifier l’anxiété et l’incertitude chez les employés.
8. Le climat de travail toxique
Dans certaines entreprises, un climat de travail toxique, caractérisé par un manque de soutien, de reconnaissance et de considération pour les employés, peut contribuer au développement du syndrome du survivant.
9. La précarité de l’emploi
Dans certains secteurs, l’emploi précaire, les contrats temporaires et la flexibilité accrue des travailleurs peuvent contribuer à l’insécurité de l’emploi et au développement du quiet cutting.
Le syndrome du survivant a un impact négatif sur la santé mentale et le bien-être des travailleurs, ainsi que sur la culture de l’entreprise. Pour atténuer ces effets, les entreprises peuvent adopter des pratiques de gestion du changement, améliorer la communication interne, offrir un soutien émotionnel aux employés et mettre en place des programmes de bien-être au travail. En fin de compte, la création d’un environnement de travail sain et stable est essentielle pour réduire l’incidence du quiet cutting.
Comment survivre au syndrome du survivant ?
Survivre au syndrome du survivant dans le contexte d’une entreprise peut être un défi. Toutefois, il existe des stratégies et des mesures que vous pouvez prendre pour faire face à cette situation et minimiser ses effets sur votre santé mentale et votre bien-être. Voici donc quelques conseils à suivre.
1. Reconnaissez vos émotions
Il est normal de ressentir tout un éventail de sentiments contradictoires. On peut reconnaître entre autres la culpabilité, l’anxiété, la colère et la tristesse. Prenez le temps de reconnaître et de valider vos émotions, sans jugement. Cette démarche vous aidera à mieux appréhender vos émotions et à parvenir à avancer.
2. Trouvez un espace pour exprimer vos sentiments
Parlez de vos émotions avec des amis proches, des membres de votre famille ou un conseiller en santé mentale. Partager ce que vous ressentez peut être apaisant et vous aider à mieux comprendre vos sentiments.
3. Établissez des limites
Ne vous surchargez pas de travail pour compenser les départs de collègues. Fixez des limites pour préserver votre santé mentale et éviter l’épuisement professionnel. Craindre de perdre votre emploi ne devrait pas vous pousser à nuire à votre bien-être. Rappelez-vous que si vous flanchez psychologiquement ou que vous êtes victime de burnout, vous ne serez plus en mesure de travailler. Donc, votre santé mentale doit rester votre priorité.
4. Prenez soin de votre santé physique
Mangez équilibré, faites de l’exercice régulièrement et assurez-vous de dormir suffisamment. Une bonne santé physique peut contribuer à renforcer votre résilience émotionnelle.
5. Pratiquez la gestion du stress
Apprenez des techniques de gestion du stress, telles que la méditation, la respiration profonde ou le yoga, pour vous aider à faire face à l’anxiété.
6. Trouvez du soutien au travail
Si possible, discutez de vos préoccupations avec votre superviseur ou le service des ressources humaines. Ils peuvent être en mesure de fournir des informations sur les plans de soutien ou les ressources disponibles.
7. Restez informé
Restez au courant des développements dans votre entreprise et des changements potentiels pour anticiper les défis à venir.
8. Établissez un réseau de soutien au travail
Trouvez des collègues avec lesquels vous pouvez discuter de vos préoccupations et partager vos expériences. Le soutien mutuel peut être précieux.
9. Poursuivez votre développement professionnel
Profitez de l’occasion pour acquérir de nouvelles compétences ou renforcer celles que vous avez déjà. Cela peut vous rendre plus polyvalent et plus confiant dans votre rôle.
10. Recherchez des opportunités externes
Si vous êtes préoccupé par la sécurité de votre emploi ou si le climat de travail est devenu toxique, envisagez de chercher des opportunités d’emploi ailleurs.
11. Soyez patient avec vous-même
Il est normal de mettre du temps à s’adapter à la situation. Soyez bienveillant envers vous-même pendant cette période de transition.
12. Consultez un professionnel de la santé mentale
Si vous avez du mal à faire face au syndrome du survivant et que vos symptômes persistent ou s’aggravent, envisagez de consulter un psychologue, un psychiatre ou un conseiller en santé mentale. Ils peuvent vous fournir un soutien personnalisé et des stratégies pour faire face à la situation.
En fin de compte, il est important de prendre des mesures pour prendre soin de votre bien-être mental et physique lorsque vous victime du quiet cutting. Vous n’êtes pas seul, et il existe des ressources et des soutiens disponibles pour vous aider à traverser cette période difficile.
BuzzWebzine est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :
Un commentaire
Parfois c’est la simple peur de ne pas retrouver un emploi qui nous fait tenir alors que rien ne vas. Il faut parfois prendre son courage à deux mains et prendre son destin en mains… mais plus facile à dire qu’à faire !