Personne n’apprécie d’être abandonné. Toutefois, lorsque ce sentiment devient une angoisse, on parle d’abandonnisme. Comment se comporter face à une personne qui présente ce trouble de la personnalité ?
Le syndrome d’abandon dépeint une détresse profonde dont souffrent les personnes qui ressentent une forte appréhension à être rejetées. Entre la peur de ne pas être accepté et le besoin de reconnaissance, l’abandonnique a tendance à s’isoler, tout en ayant peur de la solitude. Ce cercle vicieux dans lequel évolue la personne qui souffre d’abandonnisme est également le théâtre d’un véritable calvaire pour l’entourage. La quête de l’affection ainsi que les comportements autodestructeurs sont un frein au bien-être de l’abandonnique, tout comme à celui de ceux qui partagent sa vie. Heureusement, il est possible d’adopter des attitudes pour accompagner l’abandonnique et lui permettre de sortir de sa souffrance. Comment réagir lorsqu’on à affaire à un abandonnique ? Des réponses dans cet article.
Dans cet article :
Le syndrome de l’abandon expliqué
Pour savoir comment agir lorsque l’on a affaire à une personne abandonnique, il faut comprendre de quoi elle souffre. L’abandonnisme, syndrome de l’abandon, également connu sous le nom de trouble de l’abandon, est un concept psychologique qui décrit une condition dans laquelle une personne ressent une profonde peur ou anxiété liée à l’abandon ou à la séparation. Les personnes qui souffrent de ce syndrome ont généralement vécu des expériences de rejet, d’abandon ou de perte importantes dans leur enfance. Cela est la cause d’une blessure émotionnelle profonde.
Les symptômes du syndrome de l’abandon peuvent varier d’une personne à l’autre. Le plus souvent, ils se manifestent par une forte peur de l’abandon, une dépendance émotionnelle excessive envers les autres, une faible estime de soi, des difficultés à établir et à maintenir des relations saines, des sentiments de vide intérieur et d’insécurité, de l’anxiété et parfois même des comportements autodestructeurs.
Le syndrome de l’abandon n’est pas officiellement reconnu comme un diagnostic distinct dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Ce manuel est le principal outil de classification des troubles mentaux. Cependant, les professionnels de la santé mentale reconnaissent que les expériences d’abandon et de rejet peuvent avoir un impact significatif sur la santé mentale d’une personne et peuvent nécessiter une intervention thérapeutique.
Le traitement du syndrome de l’abandon peut impliquer une thérapie individuelle ou de groupe, axée sur la résolution des traumatismes passés, la construction d’une estime de soi saine, le développement de compétences relationnelles et la gestion de l’anxiété. Dans certains cas, des médicaments peuvent également être utilisés pour traiter les symptômes associés, tels que l’anxiété ou la dépression.
Les signes pour reconnaître une personne abandonnique
Identifier une personne comme étant « abandonnique » pour une personne lambda n’est pas une tâche facile. En effet, il faut une évaluation complexe qui doit être effectuée par un professionnel de la santé mentale qualifié. Cependant, certains signes permettent de déceler ce trouble chez une personne.
- Une personne abandonnique a une peur irrationnelle et profonde d’être abandonnée ou rejetée par les autres. Cette peur est la cause d’une dépendance émotionnelle excessive et un besoin constant de validation et d’attention.
- Les abandonniques ont des difficultés à établir et à maintenir des relations saines. Elles sont extrêmement attachées à leurs partenaires ou amis. De plus, elles sont constamment inquiètes à l’idée de les perdre. Ainsi, elles peuvent alterner entre des comportements de rapprochement et d’éloignement dans leurs relations.
- Les personnes qui souffrent d’abandonnisme ont une faible estime de soi faible et un sentiment chronique de ne pas être aimables ou dignes d’amour. Elles manquent énormément de confiance en elles et se critiquent constamment. Dans leur quotidien, elles ont besoin de l’approbation des autres pour se sentir valorisées.
- Les personnes abandonniques ont également peur de l’intimité émotionnelle. Elles se sentent vulnérables en partageant leurs émotions les plus profondes. De ce fait, elles ont tendance à ne pas laisser les autres les approcher facilement.
- Certaines personnes abandonniques peuvent avoir des comportements autodestructeurs, tels que l’automutilation, l’abus de substances ou les comportements compulsifs, comme un moyen de faire face à la douleur émotionnelle liée à l’abandon. Elles sont également susceptibles de souffrir de rumination mentale.
Qu’est-ce qui caractérise une personne abandonnique ?
Il y a plusieurs indicateurs qui permettent d’identifier une personne abandonnique, sans être un professionnel de santé mentale. Il faut en effet se repérer par rapport à son comportement, même si certaines attitudes ne sont pas exclusives à l’abandonnisme.
1. La faible estime de soi
C’est l’une des premières manifestations de l’abandonnisme. Une faible estime de soi est souvent associée au syndrome de l’abandon en raison des réminiscences de rejet, d’abandon ou de perte vécues par une personne abandonnique. Les expériences d’abandon dans l’enfance peuvent laisser des traces indélébiles chez une personne. Elles sont responsables d’une impression d’être indigne d’amour et d’attention. Ces souvenirs s’installent profondément dans son estime de soi et influencent sa perception de sa valeur personnelle.
Lorsqu’une personne est abandonnée ou rejetée par des figures significatives de sa vie, elle peut internaliser ce rejet comme une preuve de son manque de valeur. Elle peut se blâmer et se considérer comme « défectueuse » ou « inadéquate ». Cela est souvent à l’origine d’une dépendance émotionnelle envers les autres. En effet, les abandonniques cherchent désespérément à éviter l’abandon. Enfin, les personnes abandonniques développent des schémas de relations dysfonctionnelles en raison de leurs expériences passées. Elles ont tendance à être attirées par des partenaires qui renforcent leurs croyances négatives sur elles-mêmes, se murant le plus souvent dans des relations toxiques.
2. La peur du rejet
Immuablement, la peur du rejet est un signe courant d’abandonnisme. Les événements traumatiques, tels que l’abandon parental, la perte d’un être cher ou des relations instables renforcent la peur du rejet. Ces expériences passées créent une blessure profonde. Les personnes abandonniques sont particulièrement sensibles au rejet. Il menace leur besoin fondamental d’attachement et de relation. La peur du rejet est donc un mécanisme de défense pour prévenir la douleur de l’abandon.
Les abandonniques interprètent les actions, les paroles ou les signaux non verbaux des autres comme une forme de rejet, même si ce n’est pas nécessairement le cas. Cette sensibilité accrue fait naître une vigilance constante à l’égard de toute situation qui pourrait conduire à l’abandon. En raison de la peur du rejet, les personnes abandonniques sont réticentes à l’idée de s’engager dans des relations sentimentales ou à prendre des risques émotionnels. Elles peuvent éviter les situations où elles pourraient être rejetées, ce qui peut limiter leur vie sociale et affective.
3. L’instabilité dans les actions
Les personnes abandonniques ont une peur profonde de l’engagement. Cela que ce soit dans des relations amoureuses, des amitiés ou des projets à long terme. Cette peur découle de leur crainte d’être abandonnées ou rejetées à nouveau. Elles peuvent donc être réticentes à s’engager pleinement dans des actions ou des situations qui pourraient les lier à d’autres personnes ou les exposer à un risque d’abandon.
Les personnes abandonniques peuvent également être préoccupées par l’éventualité d’échouer ou de ne pas répondre aux attentes des autres. Cette peur est souvent liée à leur faible estime de soi et à leur besoin constant de validation. Elles sont aussi en permanence à la recherche de la sécurité et d’une stabilité émotionnelle. Les abandonniques peuvent adopter des comportements impulsifs ou fluctuants dans le but de trouver un soulagement immédiat ou de s’éloigner de la douleur émotionnelle associée à l’abandon. Cela peut se traduire par des changements fréquents dans leurs actions, leurs décisions ou leurs choix de vie.
Enfin, les personnes abandonniques peuvent avoir du mal à tempérer et gérer leurs émotions. Elles sont submergées par des sentiments d’anxiété, de peur ou de colère liés à leur peur de l’abandon. Par conséquent, elles ont souvent des réactions émotionnelles disproportionnées et imprévisibles.
4. Les difficultés de communication
Les abandonniques ont des difficultés à communiquer, en raison des schémas de relation et de leurs mécanismes de défense. En effet, elles ont une grande crainte de l’intimité émotionnelle. Cela en raison du fait que cela les rend vulnérables à l’abandon. Elles ont ainsi du mal à exprimer leurs émotions, à communiquer leurs besoins ou à partager leurs expériences personnelles. La peur d’être rejetées ou jugées entraîne une réticence à s’ouvrir et à se dévoiler avec les autres.
Les personnes abandonniques sont aussi excessivement dépendantes des autres pour leur estime de soi et leur bien-être émotionnel. En étant en permanence à la recherche d’une validation des autres, cela influence leur façon de communiquer. Elles ont du mal à exprimer leurs opinions ou à défendre leurs propres idées de peur de provoquer le rejet.
Les personnes abandonniques peuvent avoir grandi dans des environnements où la communication était problématique ou inadéquate. Elles ont souvent été confrontées à des schémas de communication non résolus, tels que des conflits non résolus, des non-dits ou des communications passives-agressives. Ces modèles de communication dysfonctionnels peuvent être internalisés et perpétués dans leurs relations actuelles.
Comment se comporter face à une personne abandonnique ?
Lorsque vous êtes en relation avec une personne abandonnique, il est important d’adopter une approche sensible et compatissante. Il faut essayer de comprendre les sentiments et les expériences de la personne abandonnique. Cela bien évidemment après avoir décelé les signes de l’abandonnisme énoncés plus haut. Le plus important est de respecter le rythme de la personne et de pas la pousser pas à se sentir vulnérables. Cela, tout en mettant en pratique les conseils ci-dessous.
1. Motiver l’abandonnique
Dans un premier temps, il est important de redonner de la motivation à la personne abandonnique. Il faut l’amener à reconnaître et à accepter sa condition d’abandonnisme. Cela tout en faisant preuve de compréhension et en la soutenant dans ses luttes. Une écoute active est aussi indispensable. Il faut montrer à l’abandonnique qu’il n’est pas seul dans son parcours de guérison et qu’il peut compter sur vous pour le soutenir dans ses efforts.
Il est impératif de renseigner la personne sur les caractéristiques et les causes de l’abandonnisme. Expliquer que cette condition peut être traitée et que des changements positifs sont possibles avec du temps, des efforts et du soutien lui permettra de se sentir plus en sécurité et confiant. Suggérer à la personne de consulter un professionnel de la santé mentale spécialisé dans les troubles de l’attachement ou les traumatismes liés à l’abandonnisme est aussi une étape incontournable. Un thérapeute qualifié peut fournir les outils et les techniques nécessaires pour aider la personne à guérir et à développer des relations saines.
Pour aider cette personne, il est important de célébrer chaque petit pas en avant que la personne fait dans son processus de guérison. Mettez en évidence ses réussites et ses réalisations, quelles qu’elles soient, pour renforcer sa motivation et sa confiance en ses capacités à surmonter les défis.
2. Rassurer la personne
Les abandonniques ont besoin de se sentir en confiance dans leurs relations. Pour rassurer une personne abandonnique il faut lui prouver que vous êtes une présence fiable et stable dans sa vie. Respectez vos engagements et soyez cohérent dans votre comportement. Faites savoir à la personne abandonnique que vous êtes là pour elle, peu importe ce qui se passe. Créez un environnement où la personne se sent en sécurité pour exprimer ses émotions et ses préoccupations sans crainte de jugement. Utilisez des paroles encourageantes et des affirmations positives pour soutenir la personne dans son cheminement de guérison. Faites-lui savoir qu’elle est aimée, digne d’amour et qu’elle mérite d’être heureuse.
Pour poursuivre le chemin vers la guérison, il faut encourager l’exploration de nouvelles expériences. Incitez la personne à sortir de sa zone de confort et à participer à des activités qui lui permettent de développer de nouvelles compétences, de rencontrer de nouvelles personnes et de renforcer sa confiance en elle. Cela peut contribuer à élargir ses perspectives et à lui montrer qu’elle est capable d’avancer dans sa vie malgré les difficultés.
Chaque personne guérit à son propre rythme. Il est donc important d’être patient et respectueux de la progression de la personne abandonnique. Ne la poussez pas à se précipiter ou à faire des choses qui la mettent mal à l’aise. Encouragez-la plutôt à prendre des mesures positives dans son propre temps.
3. Entamer une thérapie
Pour guérir du syndrome de l’abandon, il est recommandé d’entamer une thérapie. En effet, il s’agit d’une étape importante pour aider une personne abandonnique à sortir de sa condition. Il faut parvenir à amener doucement la personne abandonnique à prendre conscience de ses difficultés et à considérer la possibilité de consulter un professionnel de la santé mentale. Pour la convaincre, il faut lui expliquer les avantages de la thérapie. Cela comporte le soutien émotionnel, les outils de gestion des émotions et le développement de relations saines.
Dans votre rôle d’aidant, il faut prendre le temps de trouver un thérapeute spécialisé dans les troubles de l’attachement ou les traumatismes liés à l’abandonnisme. Proposez-vous de l’accompagner lors de sa première visite chez le thérapeute pour lui apporter un soutien supplémentaire et pour faciliter la transition vers le processus thérapeutique. Il faut rappeler à la personne qu’elle est en sécurité et qu’elle peut être ouverte et honnête avec son thérapeute. Précisez-lui que la thérapie est confidentielle. Qu’elle peut explorer ses émotions, ses pensées et ses expériences en toute liberté.
La thérapie peut être un processus complexe qui demande du temps et de la patience. Encouragez la personne à persévérer, même lorsqu’elle rencontre des moments difficiles. Rappellez-lui que chaque étape dans le processus de thérapie est importante.
4. Briser le cercle vicieux de l’abandon
Il est primordial que l’abandonnique soit conscient d’évoluer dans un cercle vicieux. Il faut l’aider à prendre conscience de ses schémas de pensée et de comportements liés à l’abandon. Encouragez-la à comprendre que ces schémas sont le résultat de blessures passées et ne définissent pas sa valeur personnelle. Faites lui savoir que ce qu’elle ressent est réel et compréhensible. Soyez présent pour l’écouter et la soutenir sans jugement.
Pour réagit efficacement avec un abandonnique, il faut l’encourager à développer des relations saines avec des individus fiables et bienveillants. Cela implique de nouer des amitiés positives, de rejoindre des groupes de soutien ou de participer à des activités qui favorisent les interactions sociales saines. Aidez la personne abandonnique à cultiver une estime de soi positive en mettant l’accent sur ses forces, ses réalisations et ses qualités uniques. Il faut l’amener à se fixer des objectifs réalistes et à célébrer ses réussites, même les plus petites. L’autre point crucial est d’aider la personne abandonnique à développer des mécanismes d’auto-apaisement. Cela permet de contrecarrer les attitudes autodestructrices et ainsi à renforcer son autonomie et son indépendance émotionnelle.
5. Faire preuve d’empathie
La personne souffrant d’abandonnisme a besoin de toute votre attention. Il est important que vous soyez présent et que vous vous concentriez sur ce qu’elle dit, sans interrompre ni juger. Montrez que vous êtes là pour l’écouter et la comprendre. Il peut être bénéfique de vous imaginer à la place de la personne abandonnique. Réfléchissez à la manière dont vous vous sentiriez et agiriez dans une situation similaire. Cela peut vous aider à mieux comprendre ses expériences et à répondre de manière appropriée. Il est primordial de ne pas minimiser les émotions de la personne en la comparant à d’autres situations ou en lui disant que « cela aurait pu être pire ».
Les gens réagissent différemment aux événements. Il est important de respecter les émotions et les expériences de la personne, telle qu’elle les ressent. Faites preuve de gentillesse, de chaleur et de bienveillance dans vos paroles et vos actions. Enfin, il faut éviter de donner des conseils non sollicités.
Chaque individu a des limites personnelles et émotionnelles. Respectez-les en ne poussant pas la personne à partager plus qu’elle ne le souhaite. Soyez sensible à ses signaux non verbaux et respectez son besoin d’intimité et de discrétion.
6. Établir des limites et les respecter
Bien qu’en étant un soutien pour un abandonnique, il est important que vous pensiez à vous. En effet, aider ce genre de personne peut être extrêmement énergivore. De ce fait, il est important de clarifier vos propres limites et de vous assurer que vous êtes prêt à les respecter. Identifiez ce que vous êtes prêt à faire et ce que vous ne pouvez pas faire en termes de temps, d’énergie et de ressources.
Il vous faut être le plus honnête possible. Cela aussi bien pour vous que pour la personne qui souffre du syndrome de l’abandon. Il ne faut pas que vous la lâchiez en cours de route, au risque que cela lui apparaisse comme un nouveau rejet. Il faut donc exprimer clairement vos limites à la personne abandonnique. Expliquez vos raisons et assurez-vous d’utiliser un langage respectueux et compréhensible.
Une fois que vous avez établi des limites, il est important de les maintenir de manière cohérente. Évitez de faire des exceptions fréquentes ou de revenir sur vos décisions. Cela peut en effet créer de la confusion et miner l’efficacité de vos efforts. Assurez-vous également de respecter les limites de la personne que vous aidez. Si vous ne pouvez pas répondre à une demande, essayez de proposer des alternatives ou d’explorer d’autres options qui pourraient être bénéfiques pour tous les deux. Cela montre que vous vous souciez de son bien-être tout en respectant vos propres principes.
Enfin, il est important d’aider la personne abandonnique à développer son autonomie en l’encourageant à prendre en charge certaines responsabilités et à chercher des solutions par elle-même. Cela favorise son développement personnel et lui donne un sentiment de contrôle sur sa vie.
En conclusion
Pour aider un abandonnique, il est capital de créer un environnement où elle se sent en sécurité, comprise et aimée. Elle a besoin de pouvoir exprimer ses émotions sans craindre d’être jugée. Vous devez aussi vous assurer de respecter la confidentialité des informations partagées avec elle. Cela permettra d’établir une relation de confiance où elle pourra partager des expériences personnelles et ses émotions, sans craindre d’être exposée.
Encouragez la personne abandonnique à travailler sur son estime de soi et à développer une confiance en ses capacités. Soulignez ses forces et ses réalisations et soutenez-la dans ses objectifs personnels. Lorsqu’elle se sent plus confiante en elle-même, cela renforce également la confiance dans les relations avec les autres. Vous aurez au fil du temps et de vos efforts, une personne totalement différente.
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