Dans notre société, même en faisant un métier « passion », beaucoup cherchent à monétiser leurs passions, parfois au détriment du plaisir.
Nos passions devraient être nos échappatoires, nos jardins secrets, ces moments volés au chaos du quotidien. Pourtant, dans notre société, l’idée de rentabiliser le moindre élan créatif est omniprésente. Pourquoi transformer-t-on si souvent ce qui nous fait vibrer en une source de revenus, monétiser nos passions quitte à ne plus y prendre de plaisir ?
Le poids d’un système capitaliste omniprésent, une partie de la réponse
Il est difficile de dissocier nos passions d’une société où tout est monétisé. On nous répète que « le temps, c’est de l’argent ». Créer, c’est produire. Et produire doit rapporter. Même dans nos loisirs, l’idée de rentabilité s’infiltre.
Les réseaux sociaux amplifient cette injonction. Si vous êtes doué pour la peinture, la musique ou la couture, pourquoi ne pas ouvrir une boutique en ligne ?
Pourquoi ne pas lancer un compte Instagram ou TikTok ? Ces plateformes transforment des hobbies en vitrines. Et si vous ne cherchez pas à gagner de l’argent avec votre art, on vous demande presque : « Pourquoi pas ? »
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La pression de la productivité, une réalité constante dans notre ère
Notre époque valorise l’efficacité. Être passionné, c’est bien, mais être passionné ET rentable, c’est mieux. Ce phénomène repose sur une obsession pour la productivité. Chaque instant doit être exploité, chaque talent doit servir un objectif financier.
Un rapport de 2023 du Forum économique mondial montre que 72 % des jeunes adultes ressentent la pression de « transformer leur potentiel en valeur économique ». Cela touche particulièrement les générations Y et Z, baignées dans une culture de la performance.
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La quête de validation dans la volonté de monétiser ses passions ?
Monétiser sa passion, c’est aussi chercher une reconnaissance. Si quelqu’un paye pour ce que vous créez, c’est qu’il y trouve de la valeur. Dans un monde où les likes et les abonnés parlent parfois l’estime de soi, vendre son art devient un moyen de valider son talent.
Cette recherche de validation n’est pas nouvelle, mais les réseaux l’intensifient. Une étude menée par le Pew Research Center en 2024 révèle que 68 % des jeunes créateurs se sentent obligés de publier régulièrement pour « rester visibles ». La passion devient une performance, un travail à plein temps.
Monétiser ses passions quitte à les détester ?
Beaucoup voient dans la monétisation une issue : faire de sa passion un métier, c’est l’idéal. Fini le bureau gris, bonjour la vie rêvée. Ce discours est séduisant. Mais il occulte une vérité cruelle : transformer sa passion en travail peut l’épuiser.
Peindre pour soi et peindre pour vendre ne provoque pas les mêmes émotions. Ce qui était un plaisir devient une contrainte. Une enquête de 2022 sur les créateurs indépendants montre que 47 % d’entre eux ressentent un désamour pour leur activité lorsqu’elle devient leur source principale de revenus.
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Faut-il vraiment tout monétiser ?
La question n’est pas de condamner la monétisation des passions, mais de s’interroger sur ses conséquences. Pourquoi ressentez-vous le besoin de rentabiliser ce qui vous fait vibrer ? Est-ce une envie personnelle ou une pression sociale ?
La réponse peut se trouver dans un retour à l’essentiel. Redécouvrez ses passions pour ce qu’elles sont : des bulles d’air, des refuges. Des espaces où l’on existe pour soi, pas pour plaire, performer ou vendre.
Alors, la prochaine fois que vous prenez un pinceau, une guitare ou un carnet de notes, demandez-vous : et si c’était juste pour le plaisir ?
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