À la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, de nombreuses espèces vivant dans les périphéries ont péri. Mais certaines grenouilles semblent avoir su comment y survivre.
Publiée dans la revue Evolutionary Applications, cette étude porte sur les rainettes orientales. Les chercheurs ont remarqué que ces grenouilles à la peau sombre ont plus de chance de survivre face aux radiations que celles qui ont la peau claire. La raison semble provenir du pigment de mélanine qu’elles utilisent comme bouclier contre les ondes radioactives.
Comment certaines espèces ont su s’adapter aux radiations ?
Le but de la recherche a été de déterminer si des espèces s’adaptent réellement aux radiations. Ensuite, il s’agit de comprendre comment. Les résultats finaux devraient aider à mieux comprendre comment les êtres vivants réagissent aux radiations et par quels moyens pourraient-ils le surmonter.
Germán Orizaola et Pablo Burraco ont constaté que les grenouilles noires dominent en nombre sur leurs congénères de couleur jaune vif dans l’écosystème de Tchernobyl. Les chercheurs ont expliqué que dans cet environnement, les radiations s’avèrent être un facteur sélectif capital pour les différentes espèces qui y vivent.
Les radiations ont sélectionné les grenouilles à peau foncée
En 1986, l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine a lâché dans la nature des matières radioactives dans un rayon de 30 km. Par la suite, les autorités ont évacué la zone et l’ont transformée en refuge pour la faune et la flore.
« L’accident de Tchernobyl a libéré environ 100 fois l’énergie libérée par les bombes nucléaires de Hiroshima et de Nagasaki. »
Pablo Burraco, auteur principal de l’étude
Dans la zone de contamination, les chercheurs ont sélectionné 200 mâles, répartis sur 12 étangs de reproduction. Leur constat montre que 44 % des spécimens avaient des teintes plus foncées que ceux qui vivent en dehors de Tchernobyl.
« Nous considérons que l’explication la plus plausible pour les grenouilles de la zone d’exclusion de Tchernobyl est que les niveaux de radiation extrêmement élevés au moment de l’accident ont sélectionné les grenouilles à la peau foncée. »
Burraco
La mélanine semble protéger les grenouilles
C’est bien connu, les radiations peuvent infliger des détériorations à certaines membranes des cellules, et même affecter l’ADN. Mécaniquement, la mélanine entrave la production de radicaux libres provoquée par l’exposition directe aux particules radioactives. Ainsi, les cellules de grenouilles claires ont subi une proportion supérieure en rayonnement nocif. En outre, ce serait la raison pour laquelle elles ont péri plus rapidement que les grenouilles sombres.
Par ailleurs, l’étude révèle que l’excès de mélanine ne nuisait pas à la santé des amphibiens. Testée aussi sur certains types de champignons, une peau plus foncée contribuerait à l’ionisation des rayonnements, ce qui empêche les cellules d’être touchées par les molécules ionisées.
De plus, chez plusieurs espèces d’oiseaux, la production de la mélanine peut être coûteuse pour son métabolisme. Heureusement pour ces amphibiens, ce n’est nullement le cas.
« Chez les grenouilles, le principal pigment de mélanine est appelé eumélanine et sa production ne semble pas entraîner de coûts physiologiques. »
Burraco
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