De très nombreuses personnes ne posent légitimement la question : mais à qui appartient l’espace ? Voici ce que disent les textes.
L’espace, cet infini qui nous fascine et nous terrifie à la fois, appartient-il à quelqu’un ? On pourrait croire que non, que le vide sidéral est un terrain neutre, un no man’s land galactique où chacun peut évoluer librement. Mais en réalité, la question est bien plus compliquée. Entre traités internationaux, enjeux commerciaux et tensions géopolitiques, l’espace est devenu un nouveau Far West où les États et entreprises privées tentent d’imposer leurs règles.
L’espace est-il un bien commun ?
Remontons un peu dans le temps. En pleine Guerre froide, alors que les USA et l’URSS se tiraient la bourre pour conquérir la Lune, l’ONU a mis en place un cadre juridique pour éviter que la première nation à planter un drapeau revendique une planète entière. Ce cadre, c’est le Traité de l’Espace de 1967, signé par plus d’une centaine de pays.
Concrètement, il dit que personne ne peut revendiquer un territoire spatial. Ni États, ni entreprises, ni particuliers. L’espace doit être utilisé à des fins pacifiques. Pas d’armes nucléaires en orbite (ouf).
Les pays restent responsables des activités de leurs entreprises privées. En gros, si SpaceX fait une boulette, c’est la responsabilité des États-Unis. Ce traité a posé les bases d’un espace « libre et accessible à tous ».
En passant, comme personne ne peut revendiquer un lieu dans l’espace, cela implique aussi que les humains ne sont pas « tout-puissants » sur l’espace, suggérant que s’il existe des espèces extraterrestres, elles puissent vagabonder sans risque dans l’espace. Mais le traité date d’une époque où seuls les États avaient les moyens d’aller dans l’espace. Aujourd’hui, la donne a changé.
Nouveaux acteurs, nouvelles ambitions : l’essor du privé et des ressources spatiales
Avec l’arrivée de sociétés comme SpaceX, Blue Origin, ou encore les entreprises minières spatiales , l’espace est devenu un business juteux. Objectif : exploiter les ressources spatiales (lune, astéroïdes, Mars…) pour en tirer des profits astronomiques.
Le hic, c’est que le Traité de 1967 ne prévoit rien sur l’exploitation des ressources. Du coup, des pays ont commencé à prendre des initiatives unilatérales. Exemple : le Space Act américain de 2015.
En 2015, les États-Unis ont voté un texte qui autorise leurs entreprises à exploiter et posséder des ressources spatiales (minerais d’astéroïdes, eau lunaire, etc.). Un peu comme si vous pouviez aller pêcher dans l’océan, mais sans posséder la mer.
D’autres pays suivent…
Le Luxembourg a adopté une loi similaire en 2017. Pareil pour les Émirats arabes unis qui ont lancé des discussions sur leur propre cadre juridique. La Chine et la Russie s’opposent au farouchement à cette privatisation et prônent une gestion plus collective.
Bref, l’espace devient un immense gisement de richesses, et chacun essaie d’y planter son drapeau économique, tout en contournant le fameux traité de 1967.
La Lune et Mars, les nouveaux terrains de bataille géopolitique
Le programme Artemis et les Accords Artemis mettent la Lune et Mars sur un autre plan. Les États-Unis ne veulent pas répéter l’erreur d’un traité trop vague. Avec leur programme Artemis (qui vise à renvoyer des humains sur la Lune), ils ont lancé en parallèle les Accords Artemis. Il s’agit d’un ensemble de règles encadrant l’exploitation de la Lune et d’autres corps célestes.
Problème ? Seuls leurs alliés les ont signés (Japon, Canada, Europe, etc.), tandis que la Chine et la Russie dénoncent un projet de « colonisation déguisée ».
VOIR AUSSI : Cette nouvelle technologie surveille la météo spatiale en temps réel
Que dit le droit international sur tout ça ?
Le droit spatial est encore flou sur beaucoup de points, notamment sur le droit à la propriété des ressources spatiales : peut-on vraiment « posséder » quelque chose qu’on extrait d’un astéroïde ?
C’est également très flou sur la militarisation de l’espace. Certains pays ont déjà développé des armes antisatellites, mais initialement c’est interdit les armes dans l’espace.
La pollution spatiale aussi : avec des milliers de satellites envoyés chaque année, qui est responsable des débris en orbite ?
L’ONU et diverses instances tentent de s’adapter, mais les initiatives sont lentes et les intérêts économiques énormes. Certains experts estiment que d’ici 20 ou 30 ans, l’espace pourrait être régulé par des accords purement commerciaux, comme les zones économiques exclusives sur Terre.
Et vous, vous en pensez quoi ? L’espace doit-il rester un bien commun, ou faut-il autoriser une exploitation régulée ?
BuzzWebzine est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :