Les MICI (Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin) sont de plus en plus fréquentes. Voici un guide complet pour tout comprendre.

Vous avez déjà entendu parler des MICI ? Bien souvent, la réponse est non. Pourtant, elles touchent de plus en plus de personnes. On les qualifie même de « maladies de civilisation », en raison de leur lien avec nos modes de vie modernes et l’industrialisation. Derrière ce nom qui semble presque enfantin au premier abord se cache un véritable handicap invisible qui bouleverse le quotidien. Les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) regroupent deux pathologies principales : la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH). Ces affections touchent le système digestif, et plus précisément, l’intestin et le côlon. Voici un tour d’horizon pour comprendre ces maladies, leurs symptômes et les traitements existants.
Dans cet article :
Les types de MICI : maladie de Crohn et rectocolite hémorragique (RCH)
Les MICI incluent deux maladies distinctes qui partagent des symptômes similaires, mais qui se différencient par leurs localisations et leurs impacts sur le système digestif.
La maladie de Crohn
La maladie de Crohn peut affecter n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l’anus, bien qu’elle touche plus fréquemment l’iléon (la partie terminale de l’intestin grêle) et le côlon. Elle se caractérise par des zones d’inflammation séparées par des segments sains, ce qui lui confère un aspect segmenté. Les complications peuvent inclure :
- Sténoses : rétrécissements de l’intestin dus à des cicatrices inflammatoires
- Fistules : connexions anormales entre différentes parties du tube digestif ou d’autres organes
La rectocolite hémorragique (RCH)
Contrairement à la maladie de Crohn, la RCH n’affecte que le côlon et le rectum. L’inflammation se propage de manière continue, sans interruption, depuis le rectum vers le côlon. Cette inflammation constante provoque souvent des ulcérations, ce qui entraîne des saignements et des diarrhées sévères. La RCH est moins susceptible de provoquer des complications extra-intestinales que la maladie de Crohn, mais elle peut augmenter le risque de cancer colorectal si elle n’est pas bien contrôlée.
Deux maladies chroniques
Les MICI sont dites chroniques, car pour le moment, aucun traitement ne permet de les guérir définitivement. De plus, elles fonctionnent par pic. Les symptômes apparaissent (période de poussée) et disparaissent (période de rémission). Cette alternance peut être difficile à accepter, surtout qu’une période de rémission peut basculer du jour au lendemain. Cette imprévisibilité rend la maladie d’autant plus difficile à gérer. Au fil du temps, les patients apprennent à écouter leurs corps et ils savent identifier en amont quand la situation commence à déraper, mais ce n’est pas toujours une science exacte !
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Les causes des MICI : une combinaison de facteurs
Les causes exactes des MICI restent encore floues. Le professeur Beaugerie gastroentérologue sur Médecine TV commence par expliquer que : « c’est une perte de tolérance et d’amitié entre le système immunitaire et les 2 kg de bactéries que l’on héberge au quotidien et qui se sont installés dans l’enfance, ce qu’on appelle le microbiote intestinal. », puis il ajoute : « Pourquoi un jour, il y a cette perte d’équilibre, on ne sait pas, mais de plus en plus d’arguments suggèrent que c’est un problème d’environnement, notamment le mode de vie occidental. »
L’origine est multifactorielle
Les experts s’accordent donc sur une combinaison d’un ou plusieurs facteurs :
- Facteurs génétiques : les antécédents familiaux augmentent les risques de développer une MICI.
- Facteurs environnementaux : la présence des MICI augmente rapidement dans les pays industrialisés, laissant suspecter un rôle de l’environnement. Notamment la pollution, les microparticules, les métaux lourds comme l’aluminium ou encore une alimentation ultratransformée. De plus, le tabagisme (un facteur avéré de la maladie de Crohn) et une consommation excessive d’alcool sont aussi liés. Curieusement, le tabagisme semble avoir un effet protecteur contre la rectocolite hémorragique.
- Réactions immunitaires anormales : le système immunitaire attaque par erreur les cellules du tube digestif, provoquant l’inflammation.
Vous l’aurez compris, il n’y a pas de cause unique à ces MICI, mais plutôt une interaction complexe entre ces différents éléments. Cette incertitude peut rendre le diagnostic encore plus difficile à accepter, car les patients ont parfois l’impression de faire face à une injustice. Le sentiment d’incompréhension s’accentue encore plus lorsque les facteurs génétiques ou environnementaux ne semblent pas évidents. Une chose est sûre, ces maladies ont été détectées en grande quantité dans les pays du nord fortement industrialisés, ce qui remet en cause notre mode de vie à l’occidental.
Le microbiote intestinal
Comme évoqué par le professeur Beaugerie, le déséquilibre de la composition de la flore intestinale semble jouer un rôle dans l’initiation et le maintien de l’inflammation. Ce déséquilibre, influencé par des facteurs génétiques et environnementaux, engendrerait un cercle vicieux favorisant l’inflammation chronique.
Les émotions
Même si l’aspect émotionnel n’a pas été identifié comme une cause directe, le stress et l’anxiété sont des éléments souvent évoqués dans ces maladies. Ils peuvent en effet perturber le système immunitaire, aggraver les symptômes ou même déclencher des poussées inflammatoires. L’impact des émotions n’est donc pas à négliger.
Plus d’explications dans cette vidéo bonus :
Les symptômes des MICI
Les symptômes de base
Chaque personne étant différente, les symptômes varient d’une personne à l’autre, mais certains sont communs aux deux maladies :
- Douleurs abdominales intenses
- Problèmes de transit : diarrhées ou constipation
- Du sang et des glaires dans les selles (plus fréquente dans la RCH)
- Perte de poids involontaire
- Fatigue chronique et épuisement
- Fièvre et nausées
Les symptômes extra-digestifs potentiels
Dans une moindre mesure, les manifestations extra-digestives existent dans les deux maladies. Les MICI peuvent toucher les articulations (rhumatisme), les yeux (uvéite, épisclérite, sclérite), la peau (tâches, boutons, bleus,…) et les muqueuses (aphtes) ou encore provoquer des atteintes cardiovasculaires.
Traitements et prise en charge des MICI
Les traitements médicamenteux
Les traitements des MICI visent principalement à réduire l’inflammation, à soulager les symptômes et à prolonger les périodes de rémission. Ils se divisent en plusieurs catégories :
- Anti-inflammatoires : ces médicaments, tels que les aminosalicylates ou les corticoïdes, sont souvent prescrits en première intention.
- Immunosuppresseurs : ils aident à réguler la réponse immunitaire excessive et donc à réduire l’inflammation.
- Biothérapies : ces traitements ciblent directement certaines molécules impliquées dans le processus inflammatoire.
- Chirurgie : dans les cas les plus graves, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour retirer les segments de l’intestin ou du colon gravement endommagés.
L’importance de l’hygiène de vie
Le traitement médical est vital, mais pas seulement. Les ajustements alimentaires et le soutien psychologique jouent un rôle central dans la gestion de ces maladies chroniques. En complément des traitements, les malades doivent adapter leur mode de vie afin de réduire la fréquence et l’intensité des poussées. Par exemple, une alimentation équilibrée, riche en fibres, en aliments non irritants et non transformés, l’hydratation régulière, et en quantité suffisante, sont essentiels. Bien sûr, le tabac ou l’alcool sont à éviter au maximum. Cependant, chaque patient devra adapter son régime en fonction de ses tolérances personnelles.
En revanche, d’autres options, comme les compléments à base de curcuma ou les probiotiques n’ont pas encore fait l’unanimité. Leur efficacité reste controversée. Il est donc important de consulter un professionnel de santé qui saura vous conseiller des plantes et divers remèdes naturels en complément. Ces approches peuvent contribuer au bien-être global, mais à condition d’être bien encadrées.
La gestion du stress est également nécessaire, car il peut être un facteur déclencheur ou accélérateur des poussées. Des pratiques comme la méditation, le yoga ou la sophrologie peuvent aider à mieux gérer les tensions quotidiennes. Mais, bien d’autres options sont possibles. Le sport est un excellent anti-stress, il suffit de trouver l’activité qui vous convient, qui vous fait plaisir et de rester en mouvement. La sédentarité et les MICI ne font pas bon ménage.
La valeur ajoutée des IPA : Infirmiers en Pratique Avancée
Les IPA sont un maillon essentiel dans la prise en charge des MICI. Voici toutes leurs missions au quotidien :
- Coordination des soins : en collaboration avec les gastro-entérologues et les autres professionnels de santé. Ils assurent le lien entre les différents acteurs du parcours de soin (médecins, infirmiers, pharmaciens, etc.), facilitant ainsi un suivi plus fluide et continu.
- Suivi clinique : les IPA peuvent être responsables du suivi régulier des patients en surveillant les symptômes, l’évolution de la maladie et les éventuels effets secondaires des traitements.
- Éducation thérapeutique : ils forment les patients sur leur maladie, les traitements, la gestion des symptômes, et les mesures à prendre pour éviter les rechutes. Cette éducation permet aux patients d’être plus autonomes et de mieux gérer leur quotidien avec la maladie.
- Suivi psychologique et social : ils peuvent identifier les signes de détresse, stress, anxiété et orienter les patients vers un soutien approprié.
- Réduction des hospitalisations : grâce à leur rôle proactif dans le suivi et l’ajustement des soins, les IPA contribuent à prévenir les complications et à éviter les hospitalisations inutiles.
- Accompagnement lors des transitions de traitement : ils assurent un accompagnement personnalisé pour minimiser les risques et aider le patient à s’adapter aux nouvelles modalités de soin.
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Vivre avec une MICI : un défi quotidien
En plus des traitements et d’adopter une bonne hygiène de vie, l’impact des MICI sur le quotidien va beaucoup plus loin. Anne Buisson de l’AFA évoque un « handicap invisible » sur Médecine TV. Elle explique que les MICI sont très invalidantes. Les patients évoquent une fatigue constante même en période de rémission, une alimentation contraignante d’un point de vue familial et social, des relations amoureuses dégradées et même des projets de vie abandonnés comme celui de fonder une famille ou de faire de grands voyages. Sans oublier qu’il faut aussi éventuellement adapter sa vie professionnelle.
La nature invisible des MICI complique cette situation, car la maladie n’est pas toujours reconnue par l’entourage perso ou pro. En effet, le malade n’a pas toujours « l’air malade » et la fatigue générale n’est pas comprise. Cela peut conduire à un manque de soutien et d’empathie, renforçant un sentiment d’isolement. De plus, la perte de contrôle des malades sur leur propre corps affecte souvent leur confiance en eux et leur santé mentale. En bref, les patients ont une charge mentale supérieure à la moyenne pour paraitre juste « normal ».
Malgré ces défis, il y a de l’espoir ! La recherche médicale avance à grands pas et de nouveaux traitements prometteurs voient le jour. Une chose est sûre : plus le diagnostic est précoce, plus la prise en charge sera adaptée, et les chances de contrôler efficacement la maladie seront maximisées.
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L’AFA : un soutien indispensable pour les patients atteints de MICI
Pour les personnes atteintes de MICI, l’Association François Aupetit (AFA) représente un allié précieux. Créée en 1982, l’AFA est la seule association nationale reconnue d’utilité publique dédiée aux malades souffrant de la maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique. Elle propose un large éventail de services pour accompagner les patients et leurs proches, que ce soit en termes de soutien moral, d’informations pratiques ou de défense des droits.
L’AFA met en place des actions de sensibilisation, organise des événements pour les malades et finance des projets de recherche. Grâce à ses réseaux d’entraide, les malades peuvent échanger avec d’autres personnes partageant la même réalité, brisant ainsi l’isolement souvent ressenti face à ces maladies chroniques et invisibles.
Les MICI sont complexes et affectent de nombreux aspects de la vie quotidienne. Si elles ne peuvent être guéries à ce jour, des traitements efficaces permettent de contrôler les symptômes et d’améliorer la qualité de vie des patients. La recherche continue de progresser, avec l’espoir qu’un jour, une véritable solution puisse être trouvée. En attendant, un suivi médical rigoureux et un accompagnement adapté restent les clés d’une vie plus paisible pour les personnes atteintes de MICI.
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