Des scientifiques sont actuellement en train d’explorer les réseaux complexes de communication des oiseaux pour mieux comprendre leur langage sophistiqué. Ils nous dévoilent leurs premières avancées.
Depuis des siècles, les humains ont été fascinés par le chant des oiseaux. Ces mélodies complexes semblent renfermer des secrets sur la vie et la société de ces créatures ailées. Mais comment déchiffrer ce langage sophistiqué ? Des chercheurs en science des réseaux se sont alors attaqués à ce défi en utilisant de nouvelles approches pour cartographier la communication des oiseaux au sein de leurs groupes.
Dans cet article :
Ils ont cartographié les réseaux de communication des oiseaux
Jusqu’à présent, les études sur la communication aviaire se concentraient principalement sur les interactions individuelles entre oiseaux. Les chercheurs analysaient comment un chant était entendu par un autre oiseau. Ils déduisaient ensuite de cette relation en tête-à-tête la fonction du chant. Cependant, cette approche simpliste ne tenait pas compte du fait d’un détail important. Le fait est que dans la nature, un oiseau qui chante est susceptible d’être entendu par plusieurs autres individus à proximité.
C’est là qu’intervient la science des réseaux. En utilisant des modèles mathématiques, les chercheurs peuvent cartographier les interactions entre plusieurs oiseaux, créant ainsi une représentation visuelle des réseaux de communication. Ces réseaux prennent en compte non seulement qui chante à qui, mais aussi la force et la nature de ces interactions.
Des modèles permettant le vol groupé des oiseaux
Ainsi, dans la récente étude, Iacopo Iacopini, professeur assistant à l’Institut des sciences des réseaux de l’Université Northeastern, et ses collègues ont utilisé des hypergraphes. Il s’agit de diagrammes mathématiques représentant des connexions multiples entre des objets. C’est ainsi qu’ils ont étudié la coordination du vol groupé des bernaches à ventre pâle. En analysant les vocalisations croissantes au sein de la volée, les chercheurs ont pu identifier les modèles de communication qui facilitent un envol synchronisé.
Les chercheurs ont également appliqué une approche similaire aux mésanges à tête noire d’Amérique du Nord. En effet, ils ont créé un réseau simulant le chant du matin au sein d’une famille d’oiseaux territoriaux. Ils ont alors pu mettre en évidence les interactions complexes qui se produisent pendant ce moment crucial de la journée.
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Un nouveau champ de recherche prometteur
Ces travaux révèlent le potentiel de la science des réseaux pour décrypter les secrets du chant des oiseaux. En cartographiant les réseaux de communication, les chercheurs peuvent mieux comprendre comment les oiseaux partagent des informations sur leur environnement, leur identité et leur statut social. Ces informations peuvent également éclairer des questions plus larges sur l’évolution du langage et la dynamique des groupes sociaux.
« Les animaux sont un autre domaine super important. Les scientifiques des réseaux travaillent déjà beaucoup sur le comportement animal, mais à mon avis, pas autant que sur les interactions humaines. Je pense que le monde animal non humain représente un autre terrain de jeu incroyablement intéressant pour ces approches, car on peut poser beaucoup de questions, on peut les suivre, on peut enregistrer leurs vocalisations, on peut suivre leurs mouvements. »
Iacopini
Iacopini et ses collègues ont souligné l’importance de la collaboration entre les scientifiques des réseaux et les écologistes du comportement pour faire progresser la recherche dans ce domaine. En combinant leurs expertises respectives, les chercheurs peuvent développer des modèles plus sophistiqués. Ils pourraient égalemement recueillir des données plus précises sur le comportement des oiseaux dans leur milieu naturel.
Vers une meilleure compréhension du monde animal
Les résultats de ces recherches ne se limitent pas aux oiseaux. Les approches basées sur les réseaux peuvent être appliquées à l’étude de la communication chez d’autres animaux sociaux. La méthode pourrait être appliquée sur des animaux tels que les primates, les insectes et les mammifères marins. Et en comprenant mieux comment les animaux communiquent entre eux, nous pouvons mieux connaître leur comportement, leur écologie et leur place dans le monde qui les entoure.
« Personnellement, je prendrais cela comme un point de départ potentiel pour de nombreuses autres recherches et projets exploitant ces découvertes. C’est aussi un appel à l’attention de la part de la communauté des sciences des réseaux. Je pense qu’il en va de même pour les mondes du comportement animal et de l’écologie – il faut rapprocher ces deux univers pour faire une meilleure science, en combinant toutes les forces des deux équipes différentes maintenant que nous pouvons avoir des expériences de collecte de données de très bonne qualité. »
Elizabeth Derryberry, écologiste du comportement
Cette nouvelle frontière de la recherche ouvre des perspectives passionnantes pour la compréhension du monde animal.
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