Face à un cancer difficile à traiter, l’Institut Curie s’est tourné vers l’intelligence artificielle. Ce choix leur a permis de sauver la vie d’un jeune homme de 30 ans.
Chaque année, on recense 20 millions de nouvelles personnes atteintes d’un cancer dans le monde. La France, quant à elle, en compte plus de 380.000 par an. En fait, le cancer est l’une des causes les plus importantes de décès prématurés. Par conséquent, plusieurs scientifiques ont cherché à améliorer la compréhension et le traitement de cette maladie. L’équipe de Sarah Watson, oncologue et chercheuse à l’Institut Curie, en fait partie. Dans ce but, elle a mis au point une intelligence artificielle pour identifier l’origine d’un cancer.
Dans cet article :
Une IA sauve la vie d’un patient condamné
Lors de son interview par Le Monde, Sarah Watson a compté l’histoire d’un ancien patient. En janvier 2020, un homme de 30 ans est confié au laboratoire de biologie et d’oncologie de l’Institut Curie. Il présentait des « métastases partout » et un cancer primitif inconnu (CPI), le premier organe touché est inconnu. Pour faire simple, le pronostic était réservé.
Ce genre de cancer n’est identifié qu’une fois qu’il s’est propagé à d’autres tissus. En France, les cas de primitifs inconnus représentent 7.000 patients par an. Malheureusement, les médecins ont beaucoup de mal à traiter ce genre de maladies. De ce fait, les patients sont souvent traités avec une chimiothérapie à large spectre peu efficace. Cette méthode offre des chances de survie pendant un an qui sont inférieures à 20 %.
Pour en revenir au jeune homme, il a bénéficié de la technologie qu’a développée l’Institut Curie. Il s’agit d’une intelligence artificielle spécialement entraînée pour identifier l’origine d’un cancer. Ainsi, l’IA a permis d’identifier qu’il avait un cancer du rein, un carcinome à cellules claires. En réaction, les médecins ont appliqué un anti-VEGF et une immunothérapie spécifique. Aux dernières nouvelles, le patient est en rémission.
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Intelligence artificielle et cancer
Pour l’entraînement de leur programme informatique, les chercheurs de l’Institut Curie ont exploité un certain type de données. Ces dernières proviennent du séquençage de l’ARN (RNA-Seq). Cette technologie leur a servi à séquencer des milliers de gènes exprimés dans les cellules cancéreuses.
« On s’est dit : si on arrive à apprendre à un ordinateur à distinguer, au niveau de l’ARN, une tumeur du rein, du côlon ou du sein, peut-être que cet outil sera capable, si on lui soumet l’ARN d’un cancer d’origine inconnue, de trouver d’où il vient ? »
Sarah Watson
Depuis la création de cet algorithme, l’équipe de Sarah Watson a analysé des données RNA-Seq de 48 CPI. Grâce à lui, elle a pu identifier l’origine de 80 % des cancers. Prenons l’exemple de onze patients tout juste diagnostiqués. Neuf d’entre eux ont pu bénéficier des soins avec un taux de contrôle de la maladie de 89 %. Une énorme différence par rapport à la chimiothérapie à large spectre. Les résultats poussent l’Institut Curie à élargir l’adoption de cette intelligence artificielle à un grand nombre d’établissements de soins.
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