Dans WALL-E, les humains sont dépendants de leurs sièges, mais sommes-nous en train de devenir comme eux ?

Pixar ne plaisantait pas. Quand Wall-E est sorti en 2008, on s’est tous attendris devant ce petit robot qui nettoie la Terre pendant que les humains, eux, vivent dans une station spatiale, lobotomisés sur leurs sièges volants. C’était mignon. Aujourd’hui, ça ressemble de moins en moins à de la fiction.
On rigolait en voyant ces corps devenus flasques, incapables de marcher. Et, on trouvait ça exagéré. Quinze ans plus tard, cette dystopie ressemble à un miroir. Et le reflet, franchement, n’est pas flatteur.
Dans cet article :
La recherche du confort, moteur de notre déclin ?
L’humain est un ingénieur. C’est son superpouvoir. Depuis la préhistoire, il simplifie, optimise, automatise. C’est ce qui lui a permis de survivre, puis de dominer. Mais cette logique, à force d’être poussée jusqu’à l’absurde, commence à se retourner contre lui.
Pourquoi marcher si on peut rouler ? Pourquoi cuisiner si une appli peut livrer ? Pourquoi réfléchir si une IA peut répondre à notre place ? Chaque “progrès” nous libère d’une contrainte, mais nous éloigne aussi d’un effort qui structurait notre corps, notre esprit, notre lien au monde.
Des chiffres qui piquent
Prenons la sédentarité. Selon l’OMS, plus de 80 % des adolescents dans le monde ne font pas assez d’exercice physique. Chez les adultes, 1 personne sur 4 est considérée comme insuffisamment active. En France, on estime que la sédentarité cause plus de 50 000 décès prématurés par an.
Les écrans ? En moyenne, les Français passent 5 h 34 par jour devant eux, dont plus de 2 h sur smartphone. Sur les 18-34 ans, ce chiffre monte parfois à plus de 7 heures. Et pendant ce temps, l’obésité grimpe. En 2023, 17 % des adultes français étaient obèses, et 49 % en surpoids.
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L’effet chaise longue : on devient vraiment comme dans Wall-E
Ce n’est pas un complot. Ce n’est pas non plus une malédiction. C’est une pente douce.
Une société qui promet à ses citoyens de “ne plus jamais avoir besoin de se lever” n’est pas une société de confort. C’est une société d’assistanat chronique.
Regardons autour : Les trottinettes électriques remplacent la marche, les assistants vocaux remplacent la mémoire, des frigos intelligents commandent à notre place, des applis de rencontre évitent l’effort social… Et pendant ce temps, le cerveau s’atrophie. Le corps aussi.
Le cerveau, lui aussi, se met au régime
L’infobésité, c’est le revers de la médaille numérique. Une étude du MIT (2021) montre qu’en moyenne, un utilisateur change d’appli toutes les 19 secondes sur son smartphone. Impossible, dans ces conditions, de lire un article long, de réfléchir posément ou de s’ennuyer (ce qui est pourtant essentiel au cerveau).
L’effet est double : On absorbe plus, mais on comprend moins ET on survole, mais on n’imprime plus rien. Ains, la capacité de concentration baisse. Le QI moyen stagne. L’attention devient une ressource rare, et donc monétisée.
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Une société “as-a-service” ?
Dans Wall-E, les humains vivent dans des fauteuils connectés qui leur donnent à boire, à manger, à parler… sans bouger. Aujourd’hui, tu peux commander tes courses, ta nourriture, ta conversation, ton film, ton médecin, sans te lever. Le téléphone est déjà là, une extension de nous.
Ce modèle s’appelle le “Everything-as-a-Service”. Moins de responsabilité, moins d’autonomie, moins d’interaction réelle. On délègue tout à des services.
La tech n’est pas le diable. Le problème, c’est notre usage
Attention : ce n’est pas la technologie le problème. C’est notre rapport à elle. Un marteau peut construire ou détruire. Une IA peut éduquer ou abrutir. Et, une appli peut libérer du temps… ou t’aspirer la vie.
Le problème, c’est qu’on ne régule rien. Et, on ne se donne aucune limite. Et les géants du numérique le savent très bien. Ils conçoivent des interfaces pour maximiser la dépendance. Le scroll infini. Les notifications. Le “one-click-order”. Tout est pensé pour qu’on ne bouge plus.
Wall-E, ce n’était pas un avertissement. C’était un spoiler. La vraie violence de Wall-E, ce n’est pas la Terre détruite. C’est l’humain passif. Le citoyen devenu simple utilisateur. Et on y va tout droit.
Heureusement, il reste des humains qui veulent encore… être humains.
Des gens qui ferment leurs applis pour lire. Qui marchent et qui refusent l’automatisation totale de leur vie. Qui défendent la lenteur, la nuance, l’attention.
Ce sont eux, aujourd’hui, qui résistent, ce ne sont pas des boomers, ce sont des lucides finalement. Alors non, l’humain n’est pas encore devenu une larve numérique. Mais il y court, tout sourire. Le futur sera-t-il un fauteuil qui pense pour toi, ou un monde où tu reprends le contrôle ? À toi de choisir.
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