Le Japon est confronté au fléau du karoshi, un surmenage au travail qui peut entrainer la mort. Explications sur ce phénomène.

« Le travail, c’est la santé ! », une citation qui sonne ironiquement face au sombre tableau du karoshi au Japon. Ce concept est né des excès d’un système dans lequel la productivité prime sur le bien-être et où la culture professionnelle est implacable. Hélas, il a des conséquences fatales sur la population. Il nous amène à questionner non seulement les valeurs du monde du travail moderne, mais aussi les coûts humains de cette loyauté poussée à l’extrême. Voici un regard sur ce phénomène, ses impacts dévastateurs et les efforts en cours pour y remédier.
Dans cet article :
Le phénomène karoshi : quand le travail devient fatal
Le terme « karoshi » se traduit littéralement par « mort par surmenage ». Il désigne un phénomène tragiquement commun au Japon. Il s’agit d’individus qui décèdent suite à des crises cardiaques ou des accidents vasculaires cérébraux. Et ces évènements tragiques sont souvent directement liés à des charges de travail excessives. Le concept est originaire des années 70 et souligne les dangers d’un environnement professionnel intense. Les attentes de productivité sont importantes et il n’y a pas de soutien adéquat ni de reconnaissance suffisante.
Des chiffres alarmants
Selon nippon.com, dans 22,7 % des entreprises japonaises, des employés effectuent plus de 80 heures supplémentaires par mois, ce qui représente plus de 20 % des entreprises. En ce qui concerne les décès attribués au karoshi, l’étude mentionne que lors de l’année fiscale 2015, 96 personnes sont décédées des suites d’insuffisances cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux, et 93 personnes se sont suicidées ou ont tenté de se suicider en raison de problèmes de santé mentale liés au travail.
N’hésitez pas à visionner ce documentaire qui vous en apprendra davantage sur le phénomène :
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Culture d’entreprise et pression sociale
Le karoshi au Japon découle d’une convergence de facteurs socioculturels et économiques profondément enracinés dans la société japonaise. D’une part, le travail est très important pour la population, car il détient une valorisation ancestrale et c’est la voie de l’accomplissement personnel. De plus, c’est le collectif qui prime. Cela a créé une culture où le surmenage et le sacrifice sont souvent glorifiés. C’est une preuve de dévotion et de loyauté envers l’entreprise.
Les doctrines shintoïstes, bouddhistes et confucéennes influencent aussi ce phénomène indirectement, car elles associent le travail à une mission sacrée. Cela accentue encore plus la pression sur les individus qui se consacrent entièrement à leur emploi, au détriment de leur santé et de leur bien-être.
Par ailleurs, l’évolution économique du Japon après la Seconde Guerre mondiale, marquée par le « miracle japonais » et l’adoption du Toyotisme, a instauré un système de production effréné axé sur la productivité et la compétitivité. Les travailleurs japonais sont soumis à des horaires de travail extrêmement longs et à des cadences infernales. Cette culture d’entreprise exigeante pousse souvent les employés à accepter des heures supplémentaires en échange de la sécurité de l’emploi. Ils sont encouragés à rester au bureau jusqu’à tard dans la nuit pour prouver leur engagement envers leur entreprise.
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Conséquences humaines et appel au changement
Derrière les statistiques se trouvent des histoires humaines déchirantes, comme celle de Miwa Sado. Cette journaliste est décédée à 31 ans après avoir accumulé 159 heures supplémentaires en un mois. Ce cas tragique a provoqué une vague d’indignation à travers le pays, incitant à des réformes pour réduire les heures de travail excessives. Cependant, beaucoup suggèrent que ces mesures ne sont toujours pas suffisantes.
Les tentatives de réformes
Face à ce problème grandissant, le gouvernement japonais a pris des mesures de sensibilisations. Mais, elles ont été largement critiquées pour leur insuffisance face à l’ampleur du problème. Par exemple, des recommandations ont été instaurées pour quitter le travail plus tôt le dernier vendredi du mois et une liste noire de plus de 300 entreprises enfreignant les règles du temps de travail a été publiée.
Ces efforts ne sont pas suffisants et des critiques pointent du doigt les limites de ces mesures. Par exemple, l’instauration d’un plafond de 100 heures supplémentaires par mois est jugé encore trop élevé pour garantir la sécurité des travailleurs. De plus, de nombreuses entreprises continuent de pousser leurs employés à travailler au-delà de leurs limites physiques et mentales.
Comparaisons internationales
Le Japon n’est pas seul à rencontrer ce fléau de karoshi ou de surmenage professionnel. À travers le monde, d’autres pays s’efforcent de combattre les risques associés au stress et à l’épuisement professionnel. D’ailleurs, de plus en plus de pays mettent en place des tas de dispositifs. Par exemple, en Scandinavie, des lois rigoureuses sur l’équilibre travail-vie personnelle et des initiatives de bien-être au travail aident à maintenir la santé des employés.
En Allemagne, il existe des mesures telles que le droit à la déconnexion après les heures de travail pour protéger les employés. Ces exemples pourraient servir de modèles pour le Japon. L’intervention du gouvernement est primordiale pour garantir une culture d’entreprise qui priorise véritablement le bien-être des travailleurs. Adopter des stratégies similaires pourrait aider à atténuer les pressions extrêmes souvent rencontrées dans les milieux de travail japonais et à prévenir le phénomène du karoshi.
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Le combat contre le karoshi est loin d’être terminé. Il exige un changement profond dans la mentalité des entreprises et des mesures gouvernementales plus strictes pour protéger les travailleurs. Tout en respectant la tradition de dévouement au travail, il est impératif de reconnaître les limites humaines et de promouvoir un environnement de travail plus sain et plus équilibré.
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4 commentaires
Sérieux, c’est ouf ce qui se passe au Japon avec le karoshi… faut vraiment que ça change. À quand des lois plus strictes pour protéger les gens?? :-/
Wow, c’est tragique. J’avais entendu parler du karoshi mais pas à ce point. C’est super important d’en parler plus pour sensibiliser tout le monde. Merci pour ce texte très éclairant!
franchement bien expliqué l’article, le karoshi c’est qd meme grave. mais bon, c pa suffisant de parler, il faut agir. les japonais méritent mieux, et pas juste des réformes pour la forme :/
Très bon résumé du problème. Mais il faudrait aussi parler des solutions individuelles, pas juste ce que le gouvernement peut faire. Parfois le changement doit venir de la base aussi. Un peu plus de positivité peut-être?