La quête éternelle du bonheur, de ces petites choses pour devenir heureux, vous rend stressé et malheureux, vous ne croyez pas ?
Nous vivons dans une époque où l’on nous répète sans cesse qu’il faut être heureux. Les réseaux sociaux, les livres de développement personnel, les influenceurs, tout semble nous inviter à trouver la recette magique du bonheur, à atteindre cet état de grâce où tout serait parfait.
Cette injonction à être heureux, omniprésente, exerce une pression immense sur chacun de nous. Et si, paradoxalement, cette quête effrénée du bonheur nous éloignait de ce que nous cherchons tant ? Peut-être que vouloir à tout prix être heureux nous rend, en fin de compte, plus malheureux.
NB : Je vous mets plusieurs vidéos en supplément dans cet article de réflexions. Ces vidéos vous permettront d’approfondir le sujet sur divers nouveaux angles.
Dans cet article :
La quête du bonheur constant, un idéal impossible ?
Imaginez un instant une journée ordinaire. Vous vous réveillez, vous consultez votre téléphone, et là, sous vos yeux, défilent des images de gens rayonnants : leurs vies semblent remplies de succès, de rires, de voyages, de moments intimes en famille ou en couple.
Ce défilé incessant peut nous donner l’impression que le bonheur est une sorte de norme sociale à laquelle il faut absolument se conformer.
C’est comme si, dans notre société, il était inadmissible de ne pas être heureux, ou du moins de ne pas afficher un bonheur constant. Cette quête du bonheur a pourtant des effets pervers, et cela a été démontré par des études.
La psychologue Iris Mauss, de l’Université de Denver, a réalisé une recherche révélatrice : les personnes qui s’efforcent activement de devenir heureuses ressentent souvent davantage de frustration et de stress. Pourquoi ? Parce qu’elles se fixent des objectifs de bonheur parfois inaccessibles.
Et toute déviation de cet idéal est perçue comme un échec personnel. En somme, chercher à être heureux, c’est déjà imposer un certain contrôle sur ses émotions, et ce contrôle devient oppressant.
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La « tyrannie du bonheur » et « l’illusion de l’impact »
Le bonheur est alors souvent perçu comme un aboutissement, une destination. Mais dans cette quête, on oublie donc un élément fondamental : le bonheur est une émotion volatile, fugace, qui vient et qui s’en va.
C’est un état que l’on peut ressentir à certains moments, mais il est illusoire de penser qu’il puisse devenir un état permanent. Wilhelm Schmid, un philosophe allemand qui a beaucoup réfléchi à ce sujet, parle de « tyrannie du bonheur ».
Il explique que, lorsque le bonheur devient une injonction, il perd sa spontanéité et devient un poids. Nous nous retrouvons alors piégés par notre propre exigence de bonheur, nous rendant aveugles aux plaisirs simples et aux satisfactions ordinaires.
Un des aspects les plus problématiques de cette quête effrénée réside dans notre capacité limitée à prévoir ce qui nous rendra heureux.
Daniel Gilbert, psychologue à Harvard, a démontré que nous avons une tendance naturelle à surestimer l’effet positif de certains événements futurs. On se dit : « Quand j’aurai cette promotion, je serai vraiment heureux », ou encore : « Ce voyage me comblera de bonheur ».
En réalité, une fois que nous atteignons ces objectifs, le sentiment de satisfaction est souvent bien plus éphémère que ce que nous avions imaginé.
Gilbert parle d’une adaptation hédonique : nous nous habituons vite à notre nouvelle réalité, et la joie ressentie se dissipe, laissant un vide que nous cherchons rapidement à combler avec de nouvelles ambitions
Les réseaux sociaux vous rendent malheureux
Les réseaux sociaux viennent exacerber cette problématique. Ils agissent comme un miroir déformant du bonheur, en exposant en permanence les meilleurs moments de la vie des autres.
Nous sommes constamment confrontés à des images d’amis ou de connaissances apparemment comblés, et il devient difficile de ne pas se comparer. Cette comparaison incessante est néfaste.
En voyant les autres dans un état de bonheur supposé, on finit par se demander pourquoi on ne ressent pas la même chose, pourquoi on n’est pas aussi comblé qu’eux.
Une étude du Journal of Social and Clinical Psychology a démontré que les utilisateurs intensifs de réseaux sociaux sont davantage enclins à l’anxiété et à la dépression.
Les réseaux sociaux, en amplifiant cette comparaison, participent à alimenter une insatisfaction latente : on se dit que si l’on n’atteint pas ce bonheur apparent, alors il y a quelque chose qui ne va pas en nous, que l’on n’est pas « assez bien ».
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L’exemple de l’obligation à méditer : ça perd son intérêt
Prenons un exemple très concret pour comprendre cet effet pervers : celui de la méditation. La méditation est souvent vantée pour ses bienfaits, et à juste titre. Mais lorsqu’elle devient un impératif dans la recherche du bonheur, elle perd son effet apaisant pour devenir une source de stress.
Il n’est pas rare d’entendre des pratiquants de méditation dire qu’ils se sentent stressés par leur incapacité à « bien méditer » ou à ressentir la « paix intérieure » espérée. En cherchant à obtenir des résultats précis de cette pratique, ils transforment un exercice de bien-être en une source d’angoisse.
La méditation, censée apporter du calme, devient alors un vecteur de pression supplémentaire. Alors qu’en réalité, il n’y a pas de bonne méthode pour méditer.
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L’exemple de l’argent dans notre société
Il en va de même pour l’argent. Nombreux sont ceux qui croient que l’accumulation de richesses les rendra heureux. Or, des études montrent que le bonheur lié à l’argent est limité. Au-delà d’un certain seuil, l’augmentation des revenus n’entraîne qu’un gain marginal de satisfaction.
Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie, a démontré que si l’argent peut contribuer au bien-être en répondant aux besoins fondamentaux, son impact s’amoindrit une fois ces besoins comblés. Chercher à être heureux en accumulant des biens matériels devient alors une quête vaine et épuisante, laissant souvent place à une désillusion profonde.
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Autorisez-vous et laissez-vous tranquille !
Alors, que faire ? Plutôt que de courir après le bonheur comme une fin en soi, peut-être faut-il changer notre approche. Peut-être que le secret est de cesser de voir le bonheur comme un objectif à atteindre. C’est un peu ce que dit justement la théorie du bourgeon.
Au lieu de cela, il serait bénéfique de revenir à des plaisirs simples, de savourer des moments spontanés. Mais aussi de se connecter aux autres sans attente particulière.
Le bonheur pourrait être vu comme un compagnon de voyage qui se manifeste de temps en temps, de manière inattendue, et non comme une destination à atteindre coûte que coûte.
Il est aussi essentiel de s’autoriser des moments de vulnérabilité et d’acceptation de ses émotions, quelles qu’elles soient. Vouloir à tout prix être heureux, c’est refuser d’accueillir la tristesse, la colère, la frustration, toutes ces émotions qui font pourtant partie intégrante de l’expérience humaine.
En acceptant ces moments de fragilité, nous relâchons la pression d’un bonheur constant et apprenons à savourer la vie dans toute sa complexité.
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