Les réseaux sociaux sont à la fois la meilleure et la pire invention car ces derniers manipulent nos émotions, voici comment.
Les réseaux sociaux ne sont pas seulement des plateformes de communication, mais des outils puissants qui influencent nos émotions de manière subtile et persistante. Derrière chaque post, like, ou partage se cache un algorithme complexe qui détermine quel contenu nous est présenté, non seulement pour capturer notre attention, mais aussi pour déclencher des réponses émotionnelles spécifiques. Comment ces mécanismes fonctionnent-ils et quelles en sont les conséquences sur notre bien-être psychologique ?
Chapitre 1 : Le réseau social, c’est de la dopamine « gratuite »
Les réseaux sociaux sont une bonne invention pour plein de raisons. Pour nous divertir, dans un premier temps, mais aussi pour libérer la parole, suivre des histoires passionnantes, promouvoir son art et son travail, mais aussi pour les marques qui peuvent justement utiliser les réseaux et leur pouvoir d’influence pour obtenir des clients.
D’un autre côté, les réseaux, c’est aussi une forme d’enfermement, malgré l’ouverture qu’ils proposent. Il y a les haters et les critiques, une constante exposition à la vie des autres entraînant une comparaison, l’exposition à la violence et à la sexualisation…
Mais aussi, il y a plusieurs mécaniques psychologiques qui entrent en jeu. Les réseaux ne nous laissent pas nous ennuyer et détériorent ainsi notre attention.
C’est de la dopamine instantanée et constante, votre cerveau passe d’une satisfaction à l’autre, en plus d’être constamment surpris car vous ne savez pas sur quel post vous allez tomber et s’il va vous combler.
Les algorithmes des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, et TikTok sont conçus pour maximiser l’engagement, c’est leur but. Il faut comprendre que pour eux, c’est vous le produit. Ils fonctionnent globalement avec des publicités et il faut des viewers pour que ça paie.
C’est pareil avec les plateformes de streaming d’ailleurs. Netflix l’avait dit sur X (anciennement Twitter), son pire ennemi est le sommeil. Car lorsque les gens dorment, ils ne regardent pas Netflix, ils ne paient pas et ne regardent pas de pubs.
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Chapitre 2 : La mécanique des algorithmes émotionnels ou quand plus l’émotion est forte, plus c’est engageant
Ils analysent en temps réel notre comportement en ligne : ce que nous likons, commentons, partageons, ou regardons. Mais ce n’est pas tout. Ces systèmes d’intelligence artificielle se basent aussi sur des paramètres émotionnels, cherchant à susciter des réponses profondes comme la colère, la tristesse, la joie ou l’indignation.
Des études récentes montrent que le contenu qui provoque des émotions intenses, notamment la colère ou la peur, est plus susceptible d’être partagé.
Par exemple, un utilisateur exposé à une publication controversée est plus susceptible de réagir vivement, ce qui augmente les chances que son cercle social soit également exposé à ce contenu. Ce cercle vicieux d’émotions amplifiées maintient l’utilisateur actif sur la plateforme, augmentant ainsi le temps d’écran et l’engagement.
Chapitre 3 : La psychologie des émotions en ligne : comment les réseaux sociaux nous influencent et nous changent ?
L’une des principales raisons pour lesquelles ces algorithmes sont si efficaces est leur capacité à jouer sur des mécanismes psychologiques bien établis. Selon les neurosciences, les émotions sont des déclencheurs puissants qui influencent nos décisions.
Lorsque nous sommes confrontés à un contenu qui nous bouleverse, nous avons tendance à réagir immédiatement, souvent de manière impulsive.
Les réseaux sociaux exploitent cette réactivité émotionnelle.
Ils renforcent nos croyances en nous montrant davantage de contenu qui correspond à nos vues, tout en nous exposant parfois à des opinions contraires, précisément pour créer du conflit et de l’indignation. Ce phénomène, souvent qualifié de « polarisation« , contribue à la montée des tensions sociales, car il accentue les divisions entre les différents groupes de pensée.
L’impact de cette manipulation émotionnelle va bien au-delà de l’engagement en ligne. De nombreuses études ont montré que l’utilisation intensive des réseaux sociaux peut conduire à des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression et un sentiment de solitude accru.
Ces plateformes exploitent nos vulnérabilités émotionnelles, créant un environnement où l’utilisateur est constamment bombardé de contenu déclenchant des réponses émotionnelles intenses. Cela peut aussi induire plus d’agressivité car à force de se comparer aux autres et d’avoir des émotions fortes à chaque vidéo, on devient insatisfait.
En plus de l’augmentation de l’anxiété, de la solitude et de l’agressivité, on peut observer une perte de confiance, une perte d’attention, un isolement, des difficultés de concentration, une apathie…
Un exemple frappant de cette manipulation est l’utilisation des notifications. Ces alertes jouent sur le phénomène de gratification instantanée, libérant de la dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir. Cependant, à long terme, cela peut conduire à une addiction aux réseaux sociaux, car chaque notification devient une promesse d’une nouvelle dose de dopamine.
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Chapitre 4 : L’effet de groupe et le besoin d’approbation, un gros problème
Outre les émotions négatives comme la colère ou la peur, les réseaux sociaux manipulent également notre besoin d’approbation sociale. Nous sommes biologiquement programmés pour rechercher l’acceptation des autres, et les likes, les partages et les commentaires agissent comme des renforcements positifs.
Ce phénomène de recherche d’approbation peut avoir des effets néfastes sur l’estime de soi. Par exemple, un utilisateur qui ne reçoit pas assez de likes ou de commentaires sur une publication peut se sentir rejeté ou inadéquat, ce qui peut mener à des sentiments de dévalorisation personnelle.
Chapitre 5 : Une régulation des réseaux sociaux nécessaire ?
Alors que de plus en plus d’études pointent les effets délétères de la manipulation émotionnelle par les réseaux sociaux, de nombreux experts plaident pour une régulation plus stricte.
Certains appellent à une transparence accrue des algorithmes et à la mise en place de mécanismes pour protéger les utilisateurs vulnérables, en particulier les adolescents, qui sont particulièrement sensibles aux fluctuations émotionnelles.
Des initiatives comme le « bien-être numérique » commencent à voir le jour, mais elles restent insuffisantes face à la puissance des algorithmes qui sont constamment perfectionnés pour maximiser l’engagement. L’une des solutions envisageables serait de responsabiliser les plateformes à travers des lois plus strictes sur l’utilisation des données personnelles et la manipulation psychologique.
En France, plusieurs politiques parlent déjà d’interdire les réseaux sociaux à certains jeunes ou aux moins de 16 ans. D’autres évoquent la mise en place d’une police du web. Et selon vous, quelle serait la solution ?
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