Un danger silencieux guette les femmes : l’AVC frappe plus fort et plus souvent qu’on ne le croit. Apprenez à reconnaître les signes et à réagir vite.

Chaque année, l’AVC tue plus de femmes que d’hommes. Pourtant, il reste un danger sous-estimé. Pourquoi les femmes sont-elles particulièrement exposées à ce fléau ? Quels sont les signes d’alerte et comment s’en prémunir ? On fait le point.
L’AVC, un fléau qui touche davantage les femmes
On pense souvent à l’AVC (Accident Vasculaire Cérébral) comme à une maladie touchant surtout les hommes. C’est faux. En France, les femmes sont les principales victimes : chaque année, environ 75 000 AVC surviennent chez les femmes, contre 55 000 chez les hommes. Et elles en meurent plus : près de 60 % des décès par AVC concernent des femmes.
Et le phénomène n’est pas seulement français. Selon l’OMS, « une femme sur cinq dans le monde risque de faire un AVC au cours de sa vie ». Une statistique inquiétante.
Pourquoi ce décalage ? Les raisons sont multiples. D’abord, les femmes vivent en moyenne plus longtemps : l’âge avancé est le premier facteur de risque d’AVC. Mais d’autres facteurs, propres aux femmes, jouent aussi un rôle clé.
Deux types principaux d’AVC
- L’AVC ischémique, le plus fréquent (près de 80 % des cas), est dû à un caillot qui bouche une artère du cerveau.
- L’AVC hémorragique, plus rare, mais souvent plus grave, résulte de la rupture d’un vaisseau sanguin qui saigne dans le cerveau.
Dans les deux cas, la rapidité de prise en charge est essentielle pour limiter les séquelles.
L’AVC en quelques chiffres
- En France, un AVC survient toutes les 4 minutes
- 1 femme sur 5 fera un AVC au cours de sa vie
- 25 % des femmes victimes d’un AVC décèdent dans l’année qui suit
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Des risques spécifiques aux femmes
Tout au long de leur vie, les femmes traversent des périodes physiologiques qui augmentent leur vulnérabilité :
- La contraception hormonale : certaines pilules, en particulier associées au tabac ou à la migraine, majorent le risque de formation de caillots.
- La grossesse : elle modifie la coagulation sanguine et peut provoquer des complications vasculaires.
- La ménopause : après la chute des œstrogènes, les artères deviennent plus rigides, ce qui favorise l’hypertension et les troubles cardiovasculaires.
- Le stress et la charge mentale : souvent plus marqués chez les femmes, ils augmentent la tension artérielle, un facteur clé de l’AVC.
Autre tendance préoccupante : les AVC chez les jeunes femmes (moins de 55 ans) sont en forte hausse. Selon l’INSERM, leur incidence a progressé de plus de 30 % en 15 ans. Les coupables ? Le tabac, la pilule contraceptive, le stress chronique, l’obésité et la sédentarité.
Comme le confirme la Fédération Française de Cardiologie : « Les maladies cardiovasculaires, dont l’AVC, sont la première cause de mortalité chez les femmes en France. »
Des symptômes plus difficiles à reconnaître
Pendant longtemps, les femmes ont été largement sous-représentées dans les essais cliniques cardiovasculaires. Résultat : les symptômes “typiques” reconnus par les médecins sont basés sur les hommes. Cette invisibilisation a conduit à des retards de diagnostic et de prise en charge, avec des conséquences parfois dramatiques. Heureusement, la recherche commence à intégrer ces spécificités de genre, mais le chemin est encore long.
Autre problème : les signes d’AVC chez les femmes sont parfois moins typiques que chez les hommes. Et cela rend le diagnostic plus tardif, ce qui réduit les chances de survie et de récupération.
Aux classiques paralysies du visage ou perte de la parole, peuvent s’ajouter chez les femmes :
- Confusion ou désorientation soudaine
- Fatigue extrême
- Troubles de la vision passagers
- Maux de tête violents
Trop souvent, ces symptômes sont pris à tort pour de l’anxiété ou une crise de panique, aussi bien par les patientes que par les soignants. Une vigilance renforcée est donc nécessaire.
Comment reconnaître un AVC en urgence ?
Un moyen mnémotechnique simple : la méthode FAST.
- F (Face / Visage) : un côté du visage est-il paralysé ?
- A (Arms / Bras) : la personne peut-elle lever les deux bras ?
- S (Speech / Parole) : la parole est-elle confuse ou incohérente ?
- T (Time / Temps) : chaque seconde compte. Appelez le 15 immédiatement.
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Une récupération plus difficile
Autre constat alarmant : les femmes récupèrent moins bien après un AVC que les hommes. Pourquoi ? Souvent plus âgées au moment de l’accident, elles présentent davantage de comorbidités. Mais la prise en charge plus tardive et un isolement social plus fréquent compliquent également leur rééducation. Les spécialistes insistent donc sur la nécessité d’une prise en charge adaptée, intégrant un suivi spécifique pour les femmes.
Comment se protéger de l’AVC ?
Il est essentiel d’agir sur les facteurs de risque à toutes les étapes de la vie :
- Adolescence et jeunes femmes : sensibilisation aux dangers du tabac, information sur les risques liés à la contraception hormonale.
- Grossesse : surveillance attentive de la tension artérielle, dépistage des troubles de la coagulation.
- Ménopause : suivi cardiovasculaire renforcé.
- Troisième âge : dépistage régulier de l’hypertension et du diabète, lutte contre la sédentarité.
Dans tous les cas, adopter une hygiène de vie saine est fondamental :
- Limiter le tabac et l’alcool
- Surveiller sa tension artérielle
- Adopter une alimentation variée et équilibrée
- Pratiquer une activité physique régulière
Et surtout : connaître les signes d’alerte et appeler immédiatement le 15 en cas de doute, car en cas d’AVC « Chaque minute compte pour sauver le cerveau », rappellent les experts.
Que faire si on est seule face à un AVC ?
Si vous êtes seul(e) et que vous ressentez un ou plusieurs symptômes ?
- Allongez-vous en sécurité, sans oreiller
- Alertez vos proches par appel vocal ou message si vous le pouvez
- Gardez votre téléphone près de vous
- Ne buvez rien, ne prenez aucun médicament, surtout pas d’aspirine
- Surtout, ne tentez pas d’attendre “que ça passe”
La recherche au service des femmes
Mais, bonne nouvelle, la recherche continue et progresse. Des programmes se développent pour mieux comprendre les spécificités féminines face à l’AVC. L’intelligence artificielle permet aujourd’hui de repérer plus rapidement des AVC atypiques. Et de nouveaux traitements ciblés sont en cours d’évaluation. Donc, le combat ne fait que commencer. Mais mieux informées et mieux accompagnées, les femmes peuvent aujourd’hui reprendre l’avantage sur ce redoutable ennemi.
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Pour aller plus loin
- Le site de la Fédération Française de Cardiologie : www.fedecardio.org
- L’association AVC France : www.franceavc.com
- Santé Public France : santepubliquefrance.fr
- Une appli utile comme Le Riskometre de l’AVC, pour évaluer votre risque personnel
L’AVC est bien l’ennemi numéro 1 des femmes sur le plan cardiovasculaire, devant même l’infarctus. Il est urgent de mieux informer, dépister et prévenir ce danger silencieux. Une vigilance particulière s’impose à chaque étape de la vie féminine.
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