Les dreadlocks ne sont pas seulement une coiffure. Elles portent une histoire, une culture, un message. Derrière chaque mèche enroulée, il y a parfois une identité, une revendication, un chemin personnels…

Pour comprendre pleinement ce que représentent les dreadlocks, il faut remonter le temps, traverser les continents, et écouter les voix de ceux qui les portent. Déjà, notons que contrairement à ce que l’on pourrait croire, les dreadlocks ne viennent pas uniquement de la culture rasta ou de la Jamaïque.
Ainsi, les dreadlocks sont universelles. Elles sont nées dans plusieurs cultures indépendamment les unes des autres. Et elles ont toujours été plus qu’un simple choix esthétique.
Dans cet article :
Une origine ancienne et universelle
En effet, on retrouve des traces de coiffures similaires dans plusieurs civilisations anciennes. En Égypte antique, par exemple, certaines momies portaient des mèches naturellement emmêlées. Les guerriers celtes, les sages hindous, les prêtres grecs, les tribus africaines : tous ont, à un moment de leur histoire, porté les cheveux en locks.
Dans l’hindouisme, les moines ascétiques sadhus laissent aussi pousser leurs cheveux en dreadlocks en signe de détachement du monde matériel. Pour eux, ces mèches longues symbolisent leur connexion spirituelle avec l’univers. Chez les tribus masaï du Kenya, les jeunes guerriers portent des dreadlocks teints en rouge avec de l’ocre. Pour eux, c’est un marqueur d’identité, de courage et de passage à l’âge adulte.
Ainsi, les dreadlocks sont universelles. Elles sont nées dans plusieurs cultures indépendamment les unes des autres. Et elles ont toujours été plus qu’un simple choix esthétique.
Le pouvoir symbolique des locks
Les dreadlocks sont la plupart du temps associées à des valeurs comme la liberté, la spiritualité, la résistance et l’enracinement. Elles marquent souvent un tournant dans la vie de celui ou celle qui les adopte.
Ainsi, dans de nombreuses cultures, les cheveux sont sacrés. Ils sont vus comme une extension de l’énergie vitale. Les laisser pousser librement, sans les couper ni les dompter, cela revient à honorer cette énergie. C’est une forme de connexion avec soi-même et avec la nature.
Les locks ont aussi une connotation liée à la patience. Cette vertu est symbolisée par le processus par lequel elles se forment. Elles obligent à prendre du recul, à observer, à accepter le changement… Pour beaucoup, prendre soin de ses locks constitue un chemin de transformation intérieure.
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Un héritage africain et une fierté identitaire
Les locks ont toujours existé sur le continent africain. Certaines tribus les considéraient comme sacrées. Dans d’autres, elles distinguaient les initiés ou les membres de castes spirituelles. Mais après la traite transatlantique, les esclaves africains emmenés de force vers les Amériques ont vu leur coiffure considérée comme “sale” ou “indisciplinée”.
Pendant des siècles, les cheveux crépus ont été stigmatisés. On les a rasés, lissés, dissimulés. C’est pourquoi, pour beaucoup, porter des dreadlocks devenait un acte de résistance, un moyen de retrouver une dignité perdue, de revendiquer une certaine beauté naturelle, en toute fierté. Ce combat capillaire a accompagné les luttes pour les droits civiques, l’émancipation et l’égalité.
Aujourd’hui encore, dans certains milieux, les dreadlocks sont mal perçues. Elles dérangent. Elles sont jugées “non professionnelles”, voire “dangereuses”. Mais cela ne les empêche pas de continuer à gagner du terrain.
L’implication du mouvement rasta
Quoi qu’il en soit, il est impossible de parler de dreadlocks sans évoquer le mouvement rastafari. Né en Jamaïque dans les années 1930, ce courant spirituel et social s’inspire des traditions africaines, de la Bible, et d’une critique radicale du système occidental (appelé “Babylone”).
Pour les rastas, les dreadlocks sont un symbole religieux et politique. Elles rappellent les vœux des Nazaréens de l’Ancien Testament, qui ne devaient ni se couper les cheveux ni boire de vin. Les rastas voient ainsi dans les dreadlocks un lien direct avec le lion de Juda. C’est l’emblème de Hailé Sélassié Ier, empereur d’Éthiopie, qu’ils considèrent comme un messie.
Porter des locks, c’est alors résister à l’oppression. C’est refuser les normes imposées. C’est choisir la liberté, la spiritualité, la naturalité. Bob Marley, figure emblématique du mouvement, a popularisé cette vision dans le monde entier.
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