La tendance du slow life ou slow living explose sur les réseaux, mais est-ce réellement une bonne chose en soi ?

Lève-toi à l’aube. Bois de l’eau tiède au citron. Écris dans ton journal. Respire. Marche. Bois ton matcha dans un mug en céramique fait main. Lis 10 pages d’un roman japonais. Ne regarde pas ton téléphone.
Mais filme tout ça, évidemment. Et poste-le sur Instagram à 8 h 02 avec un filtre beige. Sinon, à quoi bon ? Voilà donc la “slow life” version 2024. Un mode de vie vendu comme une échappée belle, mais qui, sur les réseaux, ressemble parfois à un marathon d’images parfaites.
Dans cet article :
Le slow life, à la base, c’est quoi ?
À l’origine, le slow living vient d’un mouvement des années 1980, en réaction à la bouffe industrielle : le « slow food ». Puis c’est devenu un manifeste : ralentir, vivre mieux, consommer moins, habiter pleinement l’instant.
Dans l’absolu, c’est une bonne idée. Moins de stress. Et, moins de bruit. Moins de pression. Un retour à l’essentiel. Au présent. À une vie qu’on vit vraiment. Mais comme tout ce qui fonctionne, le marketing s’en est emparé. Et à force d’être posté, édité, mis en scène… le slow est devenu une chorégraphie.
Ralentir, oui… mais de manière photogénique
Sur Instagram ou TikTok, le slow life est partout : Brunch en terrasse avec pain au levain maison, chambre beige avec draps en lin froissé, journaling sur carnet Muji, ambiance cottagecore, pas de maquillage (mais teint parfait) et une lumière naturelle à travers des rideaux en gaze de coton.
C’est beau. C’est apaisant. Mais c’est rarement spontané. Et surtout : ça prend un temps fou à produire. Le paradoxe ? Des vidéos de “ralentissement” postées en rafale et des reels “anti-productivité” montés au millimètre. Et surtout… des créatrices “en pause” actives 7j/7 pour rester visibles.
VOIR AUSSI : À quoi ressemble une vie sans les réseaux sociaux ? Isolement ou bonheur ?
Un mode de vie réservé à certains ?
Le slow life vendu en ligne est souvent synonyme de privilège déguisé. Pour vivre lentement, il faut du temps (pas trois jobs), de l’espace (pas 22 m2 au 6e sans ascenseur), mais aussi et surtout de l’argent (les marques « éthiques », ça coûte un bras, et aussi car pour se permettre de vivre slow, il ne faut pas avoir de travail ou vivre uniquement de son contenu).
Et ça crée un décalage. Parce qu’au fond, ce mode de vie n’est pas accessible à tous. Mais il est présenté comme le mode de vie idéal. Ce qui pousse celles et ceux qui n’y accèdent pas à culpabiliser d’être… fatigués. Pressés. Normaux.
Une esthétique et du contrôle déguisé
On croit au lâcher-prise, mais tout est millimétré. Pas une miette sur la table. Pas une ride sur la robe en lin. Même l’imperfection est stylisée.
Et au final, le slow life devient une nouvelle injonction. Il ne suffit plus d’être efficace, il faut maintenant être détendu mais productif, épanoui mais dans un bel environnement, organisé sans avoir l’air de forcer. Un paradoxe parfait pour vendre finalement.
BuzzWebzine est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :