Puisque les robots et l’intelligence artificielle (IA) suppriment déjà de nombreux emplois, pourquoi ne sortiraient-ils pas aussi la poubelle ?
Des chercheurs de l’Université Ochanomizu, au Japon, et de l’Université d’Oxford, se sont intéressés à cette question. Plus précisément, ils ont étudié l’impact qu’auraient les robots sur les tâches ménagères et le soin des proches. Dans ce but, ils ont demandé l’avis de 65 experts en IA. Ces derniers devaient prédire jusqu’à quel point ces travaux pourraient être automatisés au cours de la prochaine décennie. Apparemment, cette technologie permettra de réduire d’environ 40 % le temps à y consacrer. L’équipe a publié ses résultats dans la revue PLOS ONE.
Un avenir sans robot à tout faire
Pour cette étude, les chercheurs ont sollicité 36 experts en intelligence artificielle du Japon et 29 autres du Royaume-Uni. Les interrogés estiment que l’automatisation réduira plus de la moitié du temps consacré aux courses, d’ici dix ans. En revanche, l’IA aurait moins de répercussion sur la prise en charge des enfants et des personnes âgées.
En outre, les chercheurs ont constaté que les robots qui effectuent des tâches ménagères, comme les robots aspirateurs, se vendent particulièrement bien. Par conséquent, ce genre de tâches prendra sûrement de moins en moins de temps.
Par ailleurs, l’équipe a remarqué un fait intéressant sur la vision des experts en fonction de leur sexe. Les expertes japonaises semblaient habituellement plus optimistes par rapport à l’automatisation des tâches ménagères que leurs homologues masculins. Au contraire, cette tendance s’inversait chez les experts britanniques.
Sans que cela soit forcément lié, les chercheurs ont noté qu’au Royaume-Uni, les hommes en âge de travailler effectuent généralement la moitié des travaux d’entretien non rémunérés. Quant au Japon, les femmes font plus de quatre cinquièmes des travaux.
Ce que les robots ont à offrir
D’après Kate Devlin du King’s College de Londres, les robots ne remplaceront pas complètement les employés humains. Du moins, cela n’arrivera pas de si tôt. Pour cause, plus un robot peut réaliser de tâches, plus il est coûteux et compliqué à construire. Il convient de noter que Kate ne fait pas partie de l’équipe de recherche.
En tout cas, des machines pour automatiser des travaux d’entretien peuvent permettre d’économiser un temps considérable. Plus encore, elles permettraient de palier à l’inégalité homme-femme. Selon Ekaterina Hertog, un des chercheurs, la mauvaise répartition des tâches ménagères a des effets négatifs. En effet, les revenus, l’épargne et les pensions des femmes en pâtissent.
Par conséquent, des robots ménagers peuvent aider à rééquilibrer la balance entre les sexes. Cependant, Hertog, professeur associé à l’Université d’Oxford, pense qu’ils auraient aussi des répercussions indésirables sur la société. Il pense que le coût de tels appareils renforcerait l’inégalité entre les pauvres et les riches puisque seul un sous-ensemble de la population pourrait se les procurer. En outre, le professeur s’inquiète des problèmes de confidentialité des données qu’impliquerait l’invasion de telles machines dans les foyers.