La gen Z et la gen Y ont très mal vécu le confinement, et il y a une épidémie d’anxiété, mais pourquoi ça alors ?

Mars 2020. La planète ralentit, puis s’arrête. Un virus aux contours flous, des discours alarmants, et soudain cette injonction inédite : restez chez vous. Pour certains, ce fut un temps de pause, de recentrage, presque de confort. Mais, pour d’autres, notamment les générations (gen) Y et Z, ce fut une claque mentale. Violente. Silencieuse. Insidieuse.
Depuis, les études psychiatriques s’enchaînent. Les chiffres explosent. Et les thérapeutes, comme les sociologues, le confirment : les plus jeunes ont payé un prix psychologique démesuré. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui a transformé une “pause sanitaire” en traumatisme collectif générationnel ?
Dans cet article :
Deux générations, deux fractures psychiques
Commençons par poser les bases. La génération Y est née entre 1980 et 1995 environ, elle est ausis appelée aussi millennials. Et, la gen Z est née après 1996, souvent jusqu’à 2010. C’est l’enfance numérique intégrale ou presque.
Ce sont les 18–40 ans d’aujourd’hui. Ceux qui entraient dans la vie active, qui lançaient leur boîte, qui vivaient en colocation, qui préparaient un diplôme ou qui passaient juste leur BAC, qui cherchaient un sens à leur vie dans un monde en crise.
Et ce sont surtout ceux qui ont été brutalement stoppés dans leur élan, à l’âge exact où tout se joue : carrière, amitiés, construction identitaire, premières expériences amoureuses, autonomies balbutiantes. Pas de matelas de sécurité, pas de recul historique. Juste un mur.
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Une génération déjà anxieuse avant même le chaos
Ce n’est pas nouveau. La Gen Z, en particulier, est déjà la génération la plus anxieuse de l’histoire moderne. Les psychiatres le martèlent depuis des années. En France, la Haute Autorité de Santé soulignait en 2019 une explosion des troubles anxieux chez les moins de 25 ans. Selon Santé Publique France, les symptômes de dépression ont doublé chez les jeunes adultes entre 2010 et 2019.
Pourquoi ? Un mélange de pressions académiques, d’exposition constante aux réseaux, de peur écologique, de précarité latente, et surtout d’un sentiment diffus mais puissant : “Tout est instable. Je ne contrôle rien. Et le monde attend que je réussisse quand même.”
Ajoutez à cela une culture de la performance en ligne, du corps parfait, de l’engagement permanent et de l’économie éclatée, et vous obtenez un cocktail anxiogène quotidien. Le confinement a simplement fait sauter le bouchon.
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L’isolement imposé, une bombe à retardement
Quand les confinements sont arrivés, beaucoup ont cru à une pause bien méritée. Mais très vite, les murs se sont refermés. Pour un jeune actif, une étudiante en studio de 18 m², un adolescent LGBT rejeté par sa famille, ou un freelance coincé entre quatre murs sans horizon…
Et surtout : plus de lien. La Gen Z a grandi avec une vie sociale constante : en ligne, IRL, en réseaux.
Coupez ça, et vous cassez le pilier principal de leur équilibre mental. Mais, seulement quelques mois de confinement ont suffit à pousser les jeunes à vouloir dire stop à la socialisation.
Les jeunes étudiants, eux, se sont retrouvés devant des écrans. Des visages figés. Des profs fantômes. Des cours qui tombent à plat. Et, progressivement, la démotivation. L’abandon. La honte.
Selon une enquête Ipsos pour la Fondation FondaMental (2021), un jeune sur trois aurait eu des idées suicidaires pendant le deuxième confinement. Ce n’est pas une exagération, ce n’est pas “un coup de mou”. C’est un effondrement silencieux.
Un glissement mental collectif, dans un climat déjà saturé d’angoisse climatique, d’effondrement économique et de saturation numérique.
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La perte de sens : tout ça pour quoi ?
La particularité des générations Y et Z, c’est qu’elles cherchent du sens. Pas juste un emploi et pas juste un salaire. Mais un projet. Un alignement. Une cohérence entre ce qu’on vit et ce qu’on croit.
Or, le confinement a mis ça en crise totale. Travail absurde à distance. Stagiaires oubliés. Alternances annulées. Diplômes dévalorisés.
Résultat : un décrochage émotionnel, puis une défiance profonde envers le monde du travail. Chez les 20–35 ans, la quête de reconversion, les burn-out précoces, les envies de “tout plaquer” n’ont jamais été aussi nombreuses.
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Et maintenant ?
Aujourd’hui encore, les cicatrices sont là. Certaines visibles : troubles du sommeil, crises d’angoisse, consultations en psychiatrie qui explosent. D’autres plus souterraines : désengagement progressif, perte de confiance, repli social, effritement des ambitions.
Les psys parlent d’un “PTSD générationnel diffus”. Un choc collectif sans image traumatique unique, mais dont les effets s’étalent sur des années.
“Ce qui inquiète, ce n’est pas juste la souffrance ponctuelle. C’est la manière dont elle a abîmé leur rapport au futur”, a assuré le Dr. B. Moisan, psychiatre spécialisée en troubles anxieux.
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