Une râpe à fromage, une passoire, un morceau de gruyère, une éponge ou encore une ruche d’abeilles, si la seule vue de ces objets vous hérisse le poil, alors il est fort possible que vous soyez trypophobe. Plus répandue qu’on ne l’imagine, la phobie des trous peut devenir un véritable calvaire pour les personnes qui en souffrent.
Cette crainte déraisonnée des trous est une phobie qui cause appréhension et gêne, au point d’être assimilée à une maladie. Découvrez dans ce dossier tout ce que vous avez besoin de savoir sur la peur obsessionnelle des trous.
Dans cet article :
La phobie des trous : c’est quoi ?
Etymologiquement, le mot trypophobie provient du grec trupe qui signifie « trou » et de phobos « crainte ». Il s’agit donc d’une angoisse irrépressible qui s’empare d’une personne à la vue d’images représentant des trous ou de figures géométriques concentrées en grappes. Concrètement, la trypophobie n’est pas réellement considérée comme une phobie. En effet, les phobies reconnues se manifestent par de l’anxiété, des crises d’angoisse et de panique, malaise vagal et peuvent dégénérer au point de représenter un véritable handicap au quotidien.
La trypophobie est plus une sensation désagréable, un malaise, un dégoût qui s’oriente vers tout ce qui représente des trous. Même si l’image n’est pas menaçante et que le sujet est parfaitement conscient de sa crainte irrationnelle, il ne saura s’empêcher de ressentir de la répulsion à sa seule évocation. D’après la psychologue clinicienne Maria Hejnar, la trypophobie est de plus en plus répandue du fait des tendances qui ont remis au goût du jour les motifs imprimés et géométriques dans la mode, l’ameublement ou la décoration.
Depuis l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, on se rend compte que le phénomène touche une majorité de femmes. En effet, environ 19 % de la gent féminine serait concernée contre seulement 11 % d’hommes. Il existe de plus en plus de groupes et de communauté de personnes qui échangeraient sur les spécificités de ce trouble.
Quelles sont les causes de la trypophobie ?
Le fort de la plupart des phobies est que leurs origines sont complétement incompréhensibles. Les personnes souffrant par exemple d’arachnophobie (la peur des araignées) ou de claustrophobie (crainte des endroits clos) souvent n’ont jamais été en contact avec l’objet de leur peur. D’autres personnes phobiques traînent leur angoisse du fait d’un traumatisme vécu dans l’enfance.
En ce qui concerne la trypophobie, plusieurs tentatives d’explications ont été avancée. D’après des chercheurs de l’université d’Essex en Angleterre, dont Geoff Cole qui lui-même en souffre, la peur des trous serait liée à un réflexe primitif de fuite. En effet, les trous rappelleraient les motifs présents sur la peau de certains animaux venimeux comme les serpents.
Une autre théorie, attribuerait les origines de la trypophobie au dégoût, à la peur d’être atteint de certaines maladies infectieuses comme la gale ou la variole. La crainte serait même parfois due à la perception du processus de la chair en putréfaction, d’où l’aversion. C’est à ce même résultat qu’est arrivé une équipe de chercheurs en émotions de la Vrije Universiteit d’Amsterdam dirigée par Tom Kupfer. En résumé, la peur des trous serait due à une peur panique des parasites.
Comment se manifeste la trypophobie ?
Contrairement aux autres phobies, la trypophobie peut être présente chez le sujet sans que ce dernier ne le sache. En effet, on est pas souvent en contact avec des trous au quotidien et il n’est donc pas rare que la personne ne soit pas au consciente de l’effet que ces derniers ont sur elle. La plupart des trypophobes découvrent leur aversion des trous tout à fait par hasard et souvent à l’âge adulte. Vous pouvez ainsi vous tester en visionnant la vidéo ci-dessous.
Les symptômes de la trypophobie varient d’une personne à une autre et peuvent même être différents en fonction du nombre de trous. Face à une image représentant des trous, un phobique des trous va tout d’abord ressentir un profond malaise, une gêne. Cela peut évoluer vers des symptômes physiques comme des picotements, des démangeaisons, des engourdissements, une augmentation du rythme cardiaque, des sueurs froides, des nausées et des vomissements.
Prévenir la trypophobie : est-ce possible ?
Comme évoqué plus haut, la plupart des phobies ont une résonnance dans l’enfance ? Elles ont le plus souvent un rapport concret avec l’objet de la peur. En ce qui concerne la trypophobie, il est très difficile d’en connaître les réelles causes, ce qui rend difficile les possibilités de s’en prémunir. Les symptômes sont quasiment imprévisibles jusqu’à ce que la personne se retrouve face à des images, des vidéos ou des objets représentants des petits trous.
S’il est admis que prévenir une trypophobie est impossible, en revanche il est indispensable d’agir au plus vite dès que les symptômes surviennent. En effet, lorsque le sujet commence à ressentir du stress et de l’anxiété à la simple idée d’être en présence de trous, il est capital de trouver une thérapie. Cette dernière mise en place avec un spécialiste va permettre d’aider à surmonter la phobie et surtout d’éviter que les répercussions de cette peur irrationnelle ne nuisent au quotidien.
Les thérapeutes s’accordent à dire qu’il est conseillé d’éviter l’objet de sa phobie pour la prévenir. Toutefois, en pratiquant l’évitement, il y a de fortes chances que la phobie prenne davantage d’ampleur dans le futur.
Comment diagnostiquer une phobie des trous ?
Le diagnostic de la trypophobie peut se faire sans consultation médicale. Un trypophobe pourra reconnaître la gêne qui l’assaille au contact de trous ou d’images de trous. Toutefois, une confirmation du diagnostic par un spécialiste, psychiatre ou psychologue est toujours plus avantageuse. Ce dernier va procéder en exposant le patent à des photos ou des vidéos présentant l’objet de son anxiété et analyser ses réactions. En fonction de la gravité des manifestations de la trypophobie sur le sujet, le thérapeute pourra envisager le traitement le plus adéquat.
Comment peut évoluer la peur des trous ?
Comme toutes les phobies, la crainte irrationnelle et inexpliquées des trous peut devenir très handicapante. Lorsque le problème n’est pas réellement pris en charge avec l’aide d’un professionnel, il peut s’aggraver et entraîner certaines complications. Ainsi, les risques de sombrer dans une addiction sont réels. Consommer de l’alcool ou des drogues pour anesthésier les sensations désagréables, s’isoler pour éviter de se retrouver face à l’objet de ses peurs et même parfois une dépression nerveuse pouvant mener au suicide.
Quelles solutions pour traiter la trypophobie ?
Le traitement de la trypophobie est identique à celui des autres phobies. Dans un premier temps, le sujet peut en parler avec son médecin généraliste afin que celui-ci lui recommande un thérapeute. Habituellement, une thérapie cognitivo-comportementale ou une hypnose peuvent se révéler efficaces. Le but est de mettre le phobique en présence de ses peurs, dans un cadre rassurant, et de l’accompagner afin de l’aider à les surmonter au lieu de favoriser l’évitement.
La psychanalyse peut également être une solution qui présente des avantages. Elle va prendre en compte le subconscient, l’environnement du patient, analyser ses interactions pour comprendre l’origine de sa phobie. Elle va ainsi permettre de déceler le traumatisme qui dont la peur des trous peut être la réponse névrotique. Il s’agit d’une thérapie qui va durer dans le temps, mais qui va permettre de bien comprendre les mécanismes relatifs à la trypophobie est qui sont différents chez chaque individu. Il est important de noter que dans certains cas, une phobie peut être révélatrice d’une maladie mentale sous-jacente comme une schizophrénie.
Un traitement médicamenteux peut être envisagé dans certains cas invalidants. Lorsque par exemple le sujet est souvent en contact avec des trous, certains anxiolytiques et benzodiazépines peuvent permettre de combattre les symptômes.
D’autres peuvent privilégier les solutions naturelles pour combattre l’anxiété et le stress causés par la crise phobique. Ainsi, certaines huiles essentielles reconnues pour leur vertus apaisantes et relaxantes peuvent être utilisées. C’est le cas de celles aux agrumes, de lavande ou de l’arbre à thé qui peuvent être diffusées pour inhalation.
La phytothérapie est également une bonne alternative grâce à des plantes comme la valériane ou le millepertuis qui apaisent et aident à traiter l’anxiété. Enfin, l’homéopathie peut apporter de bon résultats grâce à la méditation, à la relaxation, la sophrologie, l’acupuncture ou l’hypnose entre autres méthodes.
BuzzWebzine est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :