Le service d’immigration américain, ICE, fait l’objet de nombreuses plaintes à cause d’abus et de sévices.
Créé après les attentats du 11 septembre 2001, l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) avait une mission : protéger les États-Unis contre les menaces venues de l’étranger. Vingt ans plus tard, l’agence est devenue le symbole d’une machine répressive brutale, accusée de violations massives des droits humains.
Dans cet article :
ICE, c’est quoi exactement ?
L’ICE dépend du Department of Homeland Security. Son rôle : faire appliquer les lois sur l’immigration et lutter contre les trafics transfrontaliers.
En pratique, l’agence est divisée en deux branches : ERO (Enforcement and Removal Operations) qui gère l’arrestation et l’expulsion des sans-papiers, et HSI (Homeland Security Investigations), qui s’occupe des affaires de trafic humain, stupéfiants et cybercriminalité. Mais c’est surtout l’ERO qui fait parler d’elle. Et pas pour les bonnes raisons.
2018 : la fracture de l’opinion
Tout bascule aux yeux du monde avec la politique dite de “zero tolerance” instaurée par Trump. Des milliers d’enfants sont séparés de leurs parents à la frontière, placés dans des centres de détention. Certains bébés sont envoyés dans d’autres États. Les parents, déportés sans eux.
Résultat : plus de 5 500 enfants séparés entre 2017 et 2018, selon l’ACLU (American Civil Liberties Union). Des dizaines n’ont jamais retrouvé leur famille. Et malgré les protestations, la pratique a continué sous d’autres formes, même après Trump.
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Les centres de détention : prisons déguisées ?
ICE gère plus de 200 centres de détention répartis sur le territoire américain. Des rapports officiels et ONG décrivent des conditions alarmantes : surpopulation, des refus d’accès à des soins, des abus sexuels par des agents, un isolement cellulaire prolongé, de la nourriture avariée, un manque d’eau potable.
L’ONG Human Rights Watch a documenté plus de 200 décès en détention depuis 2004, dont certains liés à une absence totale de soins médicaux.
En 2020, une lanceuse d’alerte (infirmière Dawn Wooten) révèle que dans un centre ICE en Géorgie, des femmes détenues subissent des hystérectomies sans consentement clair. L’affaire fait scandale. Le Congrès enquête. Le centre est fermé. Mais aucune poursuite majeure n’a été engagée contre les responsables.
Des pratiques illégales… mais tolérées car lucratives ?
Malgré les rapports accablants (ACLU, Amnesty, HRW…), l’ICE continue d’agir dans une quasi-impunité administrative. Ses agents peuvent détenir quelqu’un sans mandat, fouiller son téléphone, saisir ses biens d’après les associations. Les recours sont rares, complexes, inaccessibles pour les non-anglophones.
Des milliers de personnes restent enfermées sans avoir commis de crime, parfois pendant plusieurs mois, simplement pour être entrées illégalement ou avoir dépassé un visa.
La majorité des centres ICE sont gérés par des entreprises privées (GEO Group, CoreCivic…). Ces boîtes facturent l’État des centaines de millions de dollars chaque année, et ont tout intérêt à ce que les quotas de détention restent élevés. En 2022, ICE a dépensé plus de 3,4 milliards de dollars en détention et déportation.
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Une agence de moins en moins populaire
Plus de 60 % des Américains interrogés en 2021 déclaraient avoir une image négative de l’ICE (Pew Research). Des ONG, des associations d’avocats, et même certains élus demandent sa dissolution pure et simple, ou au minimum une refonte complète de son fonctionnement.
Le hashtag #AbolishICE a été l’un des plus utilisés lors des mobilisations contre les politiques migratoires entre 2018 et 2021.
Ressources utiles :
- L’ice a tué son fils : le témoignage bouleversant d’un père de famille.
- Une actrice kidnappée lors d’un voyage, le témoignage glaçant.
- Les pièges d’ICE, l’agence américaine qui traque les migrants sans papiers.
- Aux États-Unis, face aux raids d’ICE dans les écoles, les professeurs se mobilisent sur TikTok.
- Un rapport révèle un traitement “barbare et négligent“ des migrants dans les centres de détention américains.
- Violences faites aux femmes et aux filles détenues par l’ICE.
- Une lanceuse d’alerte signale des cas de stérilisation forcée dans un camp de détention de migrants aux États-Unis.
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