Les habitants de la ville de Kalachi s’endorment sans raison dans l’après-midi, mais que s’est-il donc passé ?

À première vue, Kalachi n’a rien d’exceptionnel. Petit village agricole du nord du Kazakhstan, à quelques kilomètres de l’ancienne mine d’uranium de Krasnogorsk, aujourd’hui abandonnée. Mais entre 2012 et 2015, plus de 120 habitants, sur 600, y ont été touchés par un phénomène aussi soudain qu’incompréhensible : des endormissements brutaux et prolongés.
Les habitants de cette ville s’endorment sans prévenir
Les premiers cas remontent à mars 2013. Une institutrice s’écroule en pleine classe, plongée dans un sommeil comateux. D’autres suivent : enfants, hommes, femmes, vieillards. Aucun lien médical évident.
Certains s’endorment au volant, d’autres en plein repas. Ils peuvent dormir 2 jours, parfois 6. À leur réveil, vertiges, pertes de mémoire, hallucinations. Une femme affirme avoir vu des chevaux traverser les murs. Un garçon dit avoir entendu des voix l’appelant dans son sommeil.
En quelques mois, la panique s’installe. Des familles entières sont touchées. Une élève s’endort huit fois dans l’année. Un homme âgé, hospitalisé, se réveille en croyant qu’il est en 1990. Les habitants commencent à fuir, ou à dormir par roulement pour se surveiller les uns les autres.
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Une cause vraiment identifiée
Le gouvernement kazakh envoie médecins, géologues, chimistes, équipes de l’armée. On analyse l’eau, l’air, le sol. Aucun virus, ni bactéries. Pas de pesticides, ni polluants industriels, pas en apparence du moins. La radioactivité est légèrement au-dessus de la norme mais jugée insuffisante pour expliquer ces symptômes.
Ainsi, plusieurs pistes sont évoquées. Premièrement, la mine d’uranium voisine, fermée depuis les années 1990, aurait pu libérer du radon ou du monoxyde de carbone. En hiver, le gaz aurait stagné dans l’air, provoquant une hypoxie cérébrale. Mais aucune mesure formelle ne confirme des pics anormaux.
Il y aussi une autre théorie, avancée par des responsables locaux, qui pointent du doigt la pauvreté, la malnutrition, et la consommation d’alcool frelaté. Une théorie environnementale jugée méprisante par les habitants.
Certains scientifiques russes parlent d’un syndrome psychosomatique rural, comparable à l’hystérie collective. Mais difficile d’expliquer les altérations neurologiques détectées chez plusieurs patients (lésions cérébrales mineures, anomalies temporaires sur EEG).
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Les théories alternatives parfois évoquées
Face à l’impasse, les théories les plus variées émergent. Certains évoquent des tests militaires soviétiques cachés, des expérimentations chimiques, voire des fuites d’armes bactériologiques.
Des habitants parlent d’ »esprits de la mine », persuadés que Krasnogorsk est maudite depuis sa fermeture. D’autres soupçonnent une dissimulation d’incidents nucléaires passés.
En 2015, l’État décide de reloger les familles les plus touchées dans d’autres régions. Après ces relocalisations, les cas cessent mystérieusement. Depuis, Kalachi s’est vidé. Les maisons murées témoignent du départ précipité. Quelques irréductibles vivent encore sur place, mais la peur est restée.
Le gouvernement kazakh, lui, considère l’affaire close. Aucune enquête officielle n’a apporté de réponse définitive. Les archives soviétiques liées à la mine de Krasnogorsk restent inaccessibles. Le « village du sommeil » garde donc, à ce jour, tous ses secrets.
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