Dans le Berry, un cas extrêmement étrange aurait eu lieu en 1973 : retour sur cette mystérieuse affaire d’ensorcellement.

En 1973, le Berry devient le théâtre d’une affaire qui mêle superstition rurale, tensions de voisinage, inquiétudes économiques et quête de sens dans une France encore attachée à ses mythes.
Cette histoire, longtemps classée parmi les étranges chroniques locales, trouve ses racines bien avant l’année où elle éclate dans les médias. Elle commence en 1957, dans une ferme isolée, avec un vétérinaire convaincu d’être victime d’envoûtement.
Dans cet article :
Un vétérinaire prospère face à l’inexplicable
Tout débute lorsque le Docteur Henri Lavaronnière, vétérinaire originaire du Berry, décide d’acheter un vaste domaine agricole près de La Châtre. Son ambition est claire : bâtir une grande exploitation ovine moderne, une ferme modèle dans une région encore marquée par l’agriculture traditionnelle.
Pendant un temps, tout semble lui réussir. Puis, peu à peu, des incidents étranges s’accumulent. Les moutons dépérissent sans raison, des outils disparaissent ou se brisent, des accidents s’enchaînent dans la ferme.
Dans sa maison, les tensions familiales augmentent, les nuits deviennent agitées, les bruits inexplicables se multiplient. Le vétérinaire note tout dans un journal, persuadé que son exploitation est la cible d’une force invisible.
Dans le Berry rural du milieu du XXe siècle, le surnaturel tient encore une place importante. Les “leveurs de sorts” et “désenvoûteurs” sont consultés presque aussi souvent que les médecins de campagne. Lavaronnière, rationnel par métier mais épuisé par des années d’événements qu’il ne comprend plus, glisse progressivement vers une explication mystique : il serait victime d’un sort.

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L’arrivée de Jeanne Anguerny : la désenvoûteuse venue de Normandie
Persuadé qu’il ne peut plus affronter seul ces phénomènes, le médecin fait venir Jeanne Anguerny, une femme qu’il dit avoir vue à l’œuvre en Normandie et qu’il considère comme capable de lever les malédictions. C’est elle qui, après plusieurs visites, identifie la source supposée du mal : une voisine, Solange Mauvoisin, mère de famille modeste et locataire du vétérinaire.
Pour Lavaronnière, cette désignation tombe comme une révélation. Chaque panne, chaque perte, chaque tension devient soudain cohérente à la lumière de ce diagnostic surnaturel. La ferme vivant dans la peur, la rumeur enfle rapidement : on parle désormais d’une sorcière dans le Berry.
Solange Mauvoisin, quant à elle, nie absolument tout. Pour les uns, elle devient une figure inquiétante, presque mythologique. Pour les autres, elle n’est qu’une femme de campagne prise au piège des superstitions locales.
Quand les journalistes s’emparent de l’histoire
Face à l’ampleur des rumeurs, le journaliste Pierre Dumayet demande à deux reporters, Philippe Alfonsi et Patrick Pesnot, de mener une enquête approfondie. Ils se rendent sur place, rencontrent Lavaronnière, interrogent les voisins, et surtout obtiennent l’accès à son précieux journal intime.
Ce document se révèle central : le médecin y note scrupuleusement chaque incident, chaque impression, chaque interprétation. Ces écrits témoignent moins d’une preuve objective de sorcellerie que de la lente montée d’une obsession, nourrie par l’isolement et les pressions de la vie rurale.
L’enquête devient un documentaire marquant, puis un livre, “L’Œil du sorcier”, qui sera ensuite adapté en téléfilm en 1979. Le récit, parfois théâtral, fascine le public français. On y retrouve tout ce qui nourrit un bon mystère : une campagne profonde, un vétérinaire tourmenté, une prétendue désenvoûteuse et une femme accusée sans preuve. Le livre sera réédité en 2011, preuve que l’affaire n’a jamais vraiment disparu de la mémoire collective.
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Sorcellerie, psychose collective ou simple conflit de voisinage ?
Avec le recul, l’affaire du Berry ressemble moins à un acte de sorcellerie qu’à un enchevêtrement de misère agricole, d’angoisse personnelle et de croyances rurales encore vivaces.
Les phénomènes inexpliqués peuvent être lus autrement : maladies animales mal diagnostiquées, erreur de gestion, épuisement mental, et surtout pouvoir destructeur de la rumeur.
La figure de Solange Mauvoisin incarne, malgré elle, cette tradition française d’accuser les femmes pauvres et isolées d’être à l’origine de malheurs collectifs. Le Berry, comme de nombreuses régions rurales, a conservé longtemps un imaginaire où la sorcière n’est jamais totalement sortie du paysage.
Quant à Jeanne Anguerny, son rôle de “désenvoûteuse” venue d’ailleurs amplifie la dramaturgie : une experte autoproclamée désigne une coupable, entourée d’un vernis d’autorité ésotérique qui convainc un homme déjà fragilisé.
L’histoire survient à un moment charnière : la France des années 1970, encore marquée par les traditions paysannes, mais engagée dans la modernisation agricole, l’urbanisation et le recul des croyances magiques.
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