La vente de crustacés vivants dans les supermarchés est une pratique de plus en plus critiquée et voici pourquoi.

Imaginez-vous plongé dans une marmite d’eau bouillante, sans issue, sans secours possible. Cette vision d’horreur est pourtant celle que vivent chaque année des millions de crustacés et fruits de mer. Homards, crabes, crevettes : tous finissent souvent leurs jours dans une souffrance immense, une réalité qui pousse aujourd’hui de nombreux experts à réclamer la fin de cette pratique.
Dans cet article :
La sentience animale : une prise de conscience
Longtemps, on a cru que les crustacés étaient incapables de ressentir la douleur. Grossière erreur. Depuis plusieurs années, la science accumule des preuves accablantes sur leur capacité à ressentir stress et souffrance.
Une étude publiée dans Journal of Experimental Biology en 2013 révèle ainsi que les crustacés ressentiraient bien la douleur et adopteraient même des comportements pour l’éviter.
Plus récemment, une analyse du gouvernement britannique publiée en 2021 confirme cette capacité de sentience, recommandant même une révision urgente des pratiques commerciales.
Plus largement, le pays s’est même interrogé sur la capacité à ressentir la douleur ou le stress chez les crustacés, fruits de mer, mais aussi les poulpes et leurs cousins, sans oublier certains insectes. Par ailleurs, d’après les études, les blattes ou cloportes seraient sentients (donc capables de ressentir la douleur et le stress).
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L’abattage par ébouillantage : une pratique barbare ?
Ébouillanter vivant un animal, quel qu’il soit, est une pratique qui choque et divise profondément. Les méthodes alternatives existent pourtant : électrocuter rapidement les crustacés, assommer l’animal ou pratiquer une anesthésie préalable au froid permettrait de réduire considérablement leur souffrance.
Malgré ces alternatives plus éthiques, la majorité des restaurants et poissonneries continuent d’appliquer la technique traditionnelle, sous prétexte de garantir la fraîcheur du produit.
Conditionnement cruel : vivants sous plastique
Outre l’ébouillantage, une autre pratique choque : celle des crabes et crustacés vendus vivants sous film plastique. Cette méthode, répandue dans certains supermarchés, accentue considérablement leur stress et leur souffrance.
Emprisonnés dans une immobilité totale, privés d’oxygène (d’eau en fait) suffisant et parfois blessés par leurs propres pinces, les crustacés vivent ainsi une agonie prolongée, en totale contradiction avec les principes élémentaires du bien-être animal.
Beaucoup d’animaux sont également maintenus vivants entassés dans des aquariums, dans un stress intenses, des aquariums d’eau douce alors qu’ils sont des animaux de la mer. Certains magasins vont même couper les pinces des crabes, les laissant dans une souffrance intense. Certains animaux sont aussi maintenus sur de la glace, alors qu’il a été montré que cela leur faisait mal.
Plusieurs études montrent pourtant que les crabes sont capables de ressentir cette douleur. Des chercheurs ont notamment injecté du formol (oui c’est horrible) dans des pinces de crabes et ces derniers montraient des signes évidents d’inconfort.
Plusieurs associations de protection animale dénoncent régulièrement cette pratique, exigeant une interdiction totale de cette mise en vente particulièrement cruelle.
Abattage maison : le problème invisible
La vente de crustacés vivants soulève aussi la problématique de l’abattage domestique. Sans connaissance précise ni matériel adapté, les particuliers infligent souvent une agonie prolongée à ces animaux, accentuant encore leur souffrance.
Selon une enquête menée en Suisse, 83 % des consommateurs ne savent pas comment tuer humainement un homard à domicile, malgré des directives officielles pourtant simples et accessibles.
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Interdictions et législations internationales
Face à ce problème éthique croissant, certains pays ont déjà pris des mesures exemplaires. La Suisse, dès 2018, interdit formellement l’ébouillantage sans anesthésie préalable des homards vivants.
L’Italie a suivi en 2022, bannissant totalement la vente de crustacés vivants dans les grandes surfaces. Ces exemples démontrent que changer est non seulement possible, mais nécessaire pour respecter une forme élémentaire d’éthique animale.
Source : une vidéo pour mieux comprendre le problème
Mettre fin à la vente de crustacés vivants relève autant de l’éthique que du bon sens. Si la souffrance animale est désormais scientifiquement établie, continuer à ignorer cette réalité apparaît comme un anachronisme moral. Modifier nos pratiques alimentaires est une question de respect, de compassion et, au fond, d’humanité. Alors, prêts à passer à table autrement ?
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