La série sud-coréenne Squid Game a cartonné avec plus d’une centaines de millions de vues. Mais au-delà du divertissement, on peut tirre de précieuses leçons sur la nature humaine de cette série à succès de Netflix.

Le public a particulièrement apprecié la série sud-coréenne pour avoir mis en avant comment nos instincts de survie réagissent dans des situations difficiles. Le K-Drama nous enseigne également sur l’impact de la pression sociale et la complexité de nos motivations. Voici 4 grandes leçons psychologiques que nous pouvons tirer de cette fiction glaçante.
1 – La survie l’emporte souvent sur la morale
Nous aimons croire que nous avons un sens moral inébranlable. En réalité, avec la routine moderne, il est plus facile de respecter les règles et d’éviter de nuire aux autres. Mais que se passe-t-il quand notre survie est en jeu ?
Dans Squid Game, les participants sont confrontés à des dilemmes atroces. Pour rester en vie, certains trahissent leurs amis, mentent ou manipulent. Il est tentant de juger ces personnages, mais la science nous montre que nous ne ferions peut-être pas mieux à leur place.
En effetn, une étude publiée dans Psychoneuroendocrinology révèle que le stress extrême altère notre capacité à réfléchir et à contrôler nos émotions. Sous pression, notre instinct de survie prend le dessus, souvent au détriment de nos valeurs morales.
Par exemple, dans la série, le personnage principal, Seong Gi-hun, tente de rester intègre. Pourtant, même lui se retrouve face à des choix impossibles comme lors du jeu des billes. Il est forcé de jouer contre son ami vieillard, Oh Il-nam, dans un duel où l’un des deux doit mourir. Gi-hun tente alors d’éviter l’affrontement direct, mais se rend vite compte qu’il n’a pas le choix. Face à la naïveté d’Il-nam, il hésite entre jouer honnêtement et profiter des trous de mémoire de son adversaire pour survivre. Finalement, dans un acte de désespoir, il trompe Il-nam pour gagner.
En fait, il existe un phénomène psychologique connu sous le nom de « dissonance cognitive ». En effet, lorsque nos actions ne correspondent pas à nos valeurs, nous trouvons des moyens de rationaliser nos choix. Il pourrait expliquer pourquoi on a tendance à justifier des actions moralement discutables dans des situations extrêmes.
2 – La foule détient un dangereux pouvoir
Dans le jeu, les participants peuvent voter pour arrêter la compétition. En effet, après avoir vu leurs camarades mourir, on pourrait croire qu’ils choisiraient tous de partir. Pourtant, la plupart restent. Pourquoi ?
La réponse réside dans la pression du groupe. Squid Game illustre parfaitement ce phénomène psychologique. En fait, lorsque nous sommes entourés d’autres personnes, notre jugement devient influencé par la majorité. Gustave Le Bon, dans Psychologie des foules, explique bien comment les masses peuvent devenir irrationnelles. Sois elles deviennent héroiques, soit elles deviennet criminelles, il n’y a pas d’autres possiblités. Aussi, elles réagissent de façon unidirectionnelles sous l’influence d’un leader charismatique ou d’une dynamique de groupe.
Dans la série, par exemple, on observe des alliances se former et se briser sous la pression collective. Certains personnages prennent des décisions terribles, non par cruauté, mais parce qu’ils suivent la foule. Cela rappelle de nombreux faits historiques où des groupes ont commis des actes inhumains simplement parce qu’ils étaient portés par une dynamique collective.
Ce phénomène est d’autant plus puissant lorsqu’un groupe est soumis à un stress extrême. En psychologie sociale, on parle de « désindividuation » : un état où les individus perdent leur sentiment de responsabilité personnelle et se laissent absorber par l’identité du groupe. Dans Squid Game, ce processus se manifeste à travers la brutalité et la cruauté des participants qui, individuellement, n’auraient peut-être jamais commis de telles atrocités.
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3 – Nos motivations vont bien au-delà de l’argent
Au départ, les joueurs acceptent de participer au jeu pour une raison simple : l’argent. Ils sont tous criblés de dettes et voient cette compétition comme leur dernière chance. Pourtant, à mesure que l’histoire avance, on réalise que leur motivation évolue.
Certains continuent à jouer non plus pour la richesse, mais pour la fierté, la rédemption ou les liens qu’ils ont créés. Cela reflète la différence entre la motivation extrinsèque (motivée par des récompenses externes) et la motivation intrinsèque (alimentée par des raisons personnelles profondes).
Cette évolution est importante. L’argent seul ne suffit pas toujours à justifier des sacrifices extrêmes. Mais quand des éléments plus profonds comme l’honneur ou l’attachement émotionnel entrent en jeu, les gens sont prêts à aller bien au-delà de leurs limites.
Une étude en psychologie motivationnelle suggère d’ailleurs que, lorsqu’un individu est soumis à un stress intense, ses priorités peuvent changer radicalement. Ce phénomène est visible dans la série, où les personnages initialement motivés par le gain financier finissent par se battre pour leur propre dignité, pour prouver quelque chose à eux-mêmes ou pour protéger ceux qu’ils aiment.
Un autre élément fascinant de la série est la façon dont elle met en lumière l’illusion du libre arbitre. À plusieurs reprises, les participants croient avoir le choix, mais en réalité, toutes les options qui s’offrent à eux sont terribles. Cela soulève une question essentielle, voire existentielle : jusqu’à quel point sommes-nous réellement maîtres de nos décisions ?
4 – Les plus vulnérables sont confrontés à plus de choix difficiles
Squid Game critique aussi la société et les inégalités qui y règnent. Les joueurs viennent d’horizons différents, mais ils ont tous un point commun : ils sont désespérés. Et très souvent, on voit que leur endettement et leur situation précaire les poussent à prendre des risques insensés.
Cette critique sociale résonne particulièrement dans un monde où les inégalités économiques s’accentuent. La série nous invite alors à nous interroger : jusqu’où une société peut-elle pousser des individus avant qu’ils n’en viennent à jouer leur vie pour une chance de s’en sortir ?
A ce propos, les travaux du sociologue Pierre Bourdieu sur la reproduction sociale expliquent comment les inégalités économiques et culturelles se perpétuent de génération en génération. Squid Game illustre bien cette idée, en montrant comment ceux qui sont déjà vulnérables sont souvent ceux qui doivent faire les choix les plus difficiles.
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