Pourquoi utilise-t-on des souris en laboratoires, notamment pour les études sur les comportements humains ? On vous explique.

Si le terme « rat de laboratoire » désigne un cobaye ou le sujet d’une expérience, ce n’est pas pour rien. La souris ou le rat sont des animaux régulièrement utilisés pour diverses expériences scientifiques, notamment au sujet du comportement humain. Mais, concrètement, pourquoi nous utilisons ces animaux pour les études de science ? Pourquoi l’humain utilise des souris en laboratoire, surtout pour faire des études comportementales et sociologiques ?
À RETENIR :
- La souris et le rat deviennent les cobayes de prédilection des scientifiques au XXe siècle.
- Les souris présentent des similarités biologiques avec le corps humain et étaient initialement utilisées en science génétique.
- Ces animaux étaient plus faciles à stocker car petits, permettaient des résultats rapides grâce à leur cycle reproductif court et étaient moins chers que les cochons ou les singes pour des études similaires.
- Les souris et les rats sont également des animaux très proches de l’humain au niveau comportemental et du cerveau. Ce sont des animaux sociaux, dotés d’émotions, d’une logique, de capacités de mentalisation et de curiosité.
Dans cet article :
Les rats et les souris, des animaux particulièrement utilisés
En réalité, nous n’avons pas toujours utilisé la souris ou le rat dans les laboratoires. Ce n’est qu’au XXe siècle que ces rongeurs deviennent les animaux de prédilection des scientifiques pour leurs expériences.
Ces animaux ont d’ailleurs une place forte dans notre société actuelle. On se sert des souris et des rats pour nourrir certains animaux domestiques, on peut aussi avoir des souris ou des rats en animal de compagnie. Et, nous utilisons aussi les souris pour la dissection dans les cours de SVT au lycée.
Des animaux qui ont mauvaise presse
Il existe environ 500 espèces de souris et plus de 2500 espèces de rats. On estime que le nombre d’individus rats est équivalent au nombre d’individus humains (environ 8 milliards). Si nous pouvons croiser de nombreux spécimens dans les rues parisiennes, dans les campagnes ou dans les égouts, ces animaux ont souvent mauvaise presse.
Beaucoup de gens ont peur des rats ou des souris, par exemple. De nombreux individus sont tués chaque année alors que ces derniers étaient simplement entrés dans les maisons pour chercher de la nourriture. D’un autre côté, les rats sont également souvent vus comme sales et vecteurs de maladies.
Par exemple, la fameuse peste noire a grandement marqué les esprits. À une époque où les chats étaient tués car jugés maléfiques, les rats ont proliféré dans les rues et ont contribué à la propagation de la peste noire.
Mais, en réalité, ce ne sont pas vraiment les rats qui étaient responsables de la peste, mais des puces infectées. Les puces, elles, peuvent se développer sur tous les animaux à poils et à plumes, dont les rats, en l’absence de traitement.
En fait, il semblerait même que les rats soient des animaux relativement propres. Comme le chat, le rat fait sa toilette régulièrement. Mais, évidemment, cela n’enlève en rien le risque de contamination bactérienne associée à son environnement (parfois égouts, ordures ménagères, etc).

VOIR AUSSI : Souris qui rentre dans la maison : quelle signification ?
Des rongeurs particulièrement intelligents et proches de l’humain ?
Et, si ces animaux sont plus propres qu’on ne le pense, sachez qu’ils sont aussi bien plus intelligents qu’on ne le croirait. C’est d’ailleurs parce que c’est animaux sont intelligents et qu’ils sont relativement proches de l’humain qu’ils sont utilisés en laboratoires.
« La souris présente une forte homologie génétique avec l’homme (99 % de ses gènes présentent un gène homologue chez l’humain) », peut-on notamment lire auprès du IGFL. En premier lieu, la souris est utilisée en science pour les études génétiques, d’ailleurs, et non pas comportementales. Comme nous le lisons ici, la souris possède de nombreux points communs biologiques avec l’humain.
Les souris en laboratoire, un choix économique
Mais, en plus de cela, la souris a un cycle reproductif très court, ce qui permettait aux scientifiques d’obtenir des résultats extrêmement rapidement lors de leurs expériences. C’était donc un gain de temps, et c’était plus économique qu’utiliser un cochon ou un singe (assez similaires aux humains, mais avec un cycle plus lent et un coût plus élevé).
« La docilité des rongeurs, leur faible taille qui les rend faciles à stocker, ou encore le fait que, tous comme les humains, elles sont sensibles à des maladies qui affectent leurs organismes, comme le cancer et le diabète », explique aussi l’article de Radio France.

VOIR AUSSI : Des scientifiques veulent créer un humain à partir de 0
Des millions de souris tuées au nom de la science
Et, d’un autre côté, les scientifiques ont aussi commencé à utiliser les souris pour leurs expériences. En science, avant qu’on admette un fait, on doit faire des théories et des hypothèses. Puis, on peut vérifier ces hypothèses en faisant une série d’expériences.
Les rats et les souris servent actuellement à expérimenter de nombreuses hypothèses, notamment dans le secteur comportemental humain ou dans le secteur de l’addictologie.
Récemment, des scientifiques ont notamment drogué des souris avec de la drogue dure pour voir les effets comparés au sucre raffiné. Finalement, d’après cet article, « 110 millions de souris seraient sacrifiées pour la science chaque année aux États-Unis », et c’est donc bien davantage dans le monde.
Des comportements proches des humains
On sait aujourd’hui que les souris et les rats sont des animaux sociaux, comme les humains, et qu’ils sont également dotés d’intelligence et d’une sentience (capacité à ressentir la douleur, y compris émotionnelle). Par exemple, des études récentes ont montré que les rats étaient capables de rire, mais aussi de présenter des signes d’affection pour autrui, mais aussi de la rancœur.
Ce n’est pas pour rien que des scientifiques ont transplanté des neurones humaines sur des cerveaux de rats dans une expérience récente, notamment pour étudier les troubles mentaux humains. Le cerveau de la souris ou du rat présentent des similarités avec le nôtre.
D’ailleurs, des chercheurs de l’université de Louvain ont étudié minutieusement le cerveau des souris, mais surtout leur intelligence, et il semble que ces animaux soient totalement capables d’apprendre et de réagir à des stimuli extérieurs, comme pour les humains.
« Elle peut être schizophrène, hyperactive, alcoolique… La souris de laboratoire n’a plus grand-chose à voir avec la souris des champs », lisait-on dans cet article. Et c’est extrêmement vrai. Chaque année, des millions de spécimens sont étudiés et sont « torturés » par des scientifiques pour étudier leurs modifications comportementales et le transposer aux humains.

VOIR AUSSI : Vrai ou faux : l’éléphant a-t-il vraiment peur des souris ?
Des facultés de mémorisation, d’adaptation et de projection
Ce qui étonne toujours de nombreux scientifiques, c’est que la souris a, comme l’humain, sa propre façon de réagir en fonction de l’individu ou de son vécu passé. « Socialement, les souris sont aussi différentes les unes des autres que les humains », expliquait par exemple Camilla Bellone, professeure en médecine.
Et des études sur ces animaux révèlent qu’ils sont également capables de se projeter mentalement, notamment en mentalisant des lieux, des possibilités. « Les animaux ne se basent pas sur un seul sens, mais construisent une carte mentale complexe de la situation », disait un chercheur qui a travaillé sur une étude d’ampleur sur ces animaux.
« Les rats peuvent être considérés comme des animaux intelligents. En effet, avec un peu d’entraînement, un rat saura vite tirer sur un levier pour obtenir des jetons métalliques qu’il introduira dans un distributeur automatique de friandises », lit-on également ici.

« Ceci dénote une vice intelligence alliée à de bonnes facultés de mémorisation, ce qui se traduit par une grande faculté d’adaptation. Grâce à leur curiosité continuellement renouvelée, ils sont capables d’adopter rapidement de nouveaux comportements ou de mettre à profit des ressources nouvelles », lit-on encore.
Et qui d’autre est très curieux ? L’humain évidemment. Sans notre curiosité, notre espèce n’aurait jamais pu innover et construire ce qu’elle a construit ou découvrir ce qui permet aujourd’hui d’améliorer des vies et d’en sauver.
BuzzWebzine est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :






